Il existe en Afrique des traditions millénaires et des modèles démocratiques qui ne recourent pas aux élections.
Chez les Ashantis au Ghana, le souverain doit rendre des comptes et peut être congédié s’il est avéré qu’il a manqué à ses obligations.
Chez les Dogons au Mali et les Ibo du Nigeria le chef ne décide qu’après une consultation populaire. Ces modèles correspondent aux réalités sociologiques.
On ne peut renier aux Africains l’existence du contrôle du pouvoir et des prises des décisions collectives.
Une démocratie doit permettre une gouvernance inclusive qui améliore la vie quotidienne des habitants.
L’évolution voire la réussite politique qui induit la stabilité et la sécurité allant de pair avec l’indépendance réelle et le développement socio-économique.
Car la démocratie est une idéologie qui met l’être humain au centre de toutes les actions des gouvernants.
Elle exige le respect strict de la personne humaine, ses droits fondamentaux au premier rang desquels sa dignité et ses choix de vie appelés « liberté » !
Cette démocratie a été engendrée par l’idéologie des libertés dont les sources historiques et philosophiques sont clairement établies.
Déjà les Anglais adoptèrent le « Bill of Rights » en 1689.
Puis vinrent Locke, Grotius, Montesquieu, Rousseau, Kant et Hegel pour ne citer que ceux-là.
La démocratie impose le respect du peuple et de son expression qui lui garantissent la liberté qui donne un sens à son engagement.
Lequel peuple mandate la gestion de la cité à une personne ou un parti politique.
Quand on évoque la démocratie voire la politique en Afrique, on pense soudain aux caricatures propagées par la presse occidentale de la dictature et ses avatars de corruption, massacres, confiscation de l’espace de liberté.
Mais l’Afrique est terre de contrastes et comporte une mosaïque de situations politiques mouvantes avec une complexité déconcertante.
On feint d’oublier parfois le temps qu’ont mis les occidentaux et les embuches rencontrés sur le chemin de la démocratisation de la société. Que des guerres, des révolutions, des destructions pour en être là où ils sont actuellement.
Il est un fait, beaucoup d’Etats Africains traversent des crises profondes au détriment de leurs populations.
L’arbitraire, la répression à tout va, les intimidations en tout genre, les pillages des ressources.
Avec l’existence d’une élite qui fausse les règles du jeu pour protéger des positions et des intérêts.
Ils justifient leur orientations politiques par l’impératif de garantir nationale. Sauf que depuis les indépendances, nous avons la preuve de l’inefficacité de ces politiques.
Ce qui a conduit en 1990, aux assises appelés « conférence nationale souveraine » plus ou moins inachevés suite à des blocages.
De Kinshasa à Bamako en passant par Brazzaville, Libreville, Yaoundé, Cotonou, Lomé, Niamey.
Les élites, toute tendance confondue s’étaient réunies pour discuter de l’avenir du pays. Un déroulement chaotique et des résultats décevant.
La solution consensuelle à laquelle étaient parvenus les Béninois n’étaient pas transposable ailleurs. Le Benin avait son Robert Dossou, homme de dialogue.
Les Africains ont payé le prix fort pour obtenir l’indépendance porteur de grands espoirs. Très vite, ils ont déchanté.
Le mimétisme constitutionnel des années 1990 qui aura vidé le contenu pratique qui renvoie au respect de la légalité était porteur de déception.
Le multipartisme a réveillé le spectre de l’ethnisme, du régionalisme allumant des conflits intercommunautaires qui font rage sur le continent.
Et des leaders politiques sans perspectives à offrir à la jeunesse se jettent dans les bras des mouvements religieux.
Des raisons historiques, culturelles et politiques expliquent pourquoi l’Afrique a à ce jour du mal à s’inscrire dans l’alternance pacifique du pouvoir.
Et pourtant on note des progrès considérables dans le multipartisme, l’organisation des élections, le pluralisme de la presse sur le continent.
Ce à quoi d’autres rétorquent une autre réalité plus sombre de la corruption, du déficit de transparence dans les élections, de l’emprisonnement des opposants politiques du harcèlement de la presse indépendante et divers atteintes aux droits de l »homme.
Les défenseurs du statu quo soulignent à volonté les contraintes internes aux Etats et demandent de leur laisser le temps d’engager le processus démocratique selon leurs rythmes et temporalités.
Et pour ce faire, ils ont toute une rhétorique bien rodée.
Il faut reconnaitre que l’expérience démocratique doit être comprise de manière dynamique et prendre en considération la gamme des modèles existantes pour effectuer un travail d’adaptation.
Sauf que l’instauration de la démocratie a pour préalable l’intériorisation des valeurs démocratiques.
Ce qui fait défaut en Afrique.
https://fr.igihe.com/Afrique-et-Democratie-un-debat-ouvert.html