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L’Europe qui a joué un rôle majeur dans le monde depuis le XVIIIè siècle va-t-elle rester au premier plan au XXIè siècle ?

Depuis l’effondrement de l’union soviétique en 1989 et la chute du Mur de Berlin, le monde a connu des grands bouleversements qui rabattent les cartes géopolitiques.

L’affrontement idéologique a pris fin et avec lui une grille de lecture des relations internationales de plus de cinquante ans.

Et la fin d’un monde bipolaire (Est-Ouest) a donné naissance à un monde multipolaire paradoxalement plus complexe.

C’est aussi la décennie des violences inouïes : la vague des revendications sur le continent Africain et ses répressions, le génocide contre les tutsis au Rwanda, Srebrenica dans les Balkans aux portes de l’Europe.

Cette période a vu réapparaitre des nouvelles menaces que sont la prolifération des armes non conventionnelles, l’islamisme et le terrorisme qui sont autant des facteurs d’incertitude et de déstabilisation.

Car ces recompositions étaient porteuses d’éléments sérieux de conflits, des litiges interétatiques et des mésententes de tous ordres.

La mondialisation a fait émerger des nouveaux acteurs et la montée en puissance économique de la Chine illustre le déplacement du curseur de pouvoir de pays occidentaux vers le « géant Chinois ».

Attestant qu’un régime autoritaire est capable des performances économiques et sociales aussi importants qu’un régime libéral.

L’Europe semble avoir été surpris et a même sous-estimé ces bouleversements, d’où une série d’actions désordonnées, contradictoires et de brutalité parfois.

Mais l’Europe a fait preuve de beaucoup de naïveté vis-à-vis de la Russie.

Moscou alimente une propagande systématique visant à saper la confiance du citoyen à l’égard de l’union européenne et utilise pour ce faire les populistes et les catholiques conservateurs.

Bien plus, le gazoduc Nord Stream 2 qui sera bientôt opérationnel permettra d’accroitre son influence sur la politique étrangère de l’union européenne grâce à la menace (chantage) d’interruption d’approvisionnement.

En effet, ce gazoduc devra doubler les livraisons de gaz à l’Allemagne, Ukraine, Pologne et les pays Baltes.

Entrainant ainsi des conséquences politiques, économiques, sociales et environnementales ainsi qu’une perte d’influence et ses répercussions sur sa place dans le concert des nations.

Il faut dire que l’ordre international est depuis bouleversé de manière inédite et avec une magnitude historique sur le plan géopolitique et géostratégique.

L’Occident était habitué à un ordre international qui reposait sur son hégémonie.

L’exportation du modèle sui generis européen est obsolète.

En effet, les nouveaux acteurs importants de la scène mondiale constitués des pays comme la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud représentent presque la moitié de la population mondiale et le tiers du produit intérieur brut mondial comptent sur la scène internationale.

Ils sont des puissances économiques mais aussi politiques.

Et à ce titre, ils pèsent dans le nouvel ordre car ils repensent la nouvelle politique et son imaginaire avec beaucoup d’inspiration culturelle que l’occident.

Effectivement, quand ils peuvent l’exprimer, que ce soit les Africains ou les asiatiques ; ils pensent le monde avec une véritable philosophie doublée d’un imaginaire qui contraste avec l’occident.

Les cultures orientales, Chinoises et Africaines n’ont pas les mêmes références ni les mêmes valeurs que l’occident.

Leurs récits ne sont donc pas les mêmes.

Ces nations sont animées par le souci de reprendre le contrôle de leurs vies.

Elles exigent de ne plus avoir des relations asymétriques mais plutôt de partenariats.

Avec en prime cette révolution technologique qui va jusqu’à l’intelligence artificielle, la crise écologique et le principe fondamental du « pollueur payeur » qui engage la responsabilité de l’occident.

En effet les relations Europe-Afrique ont pendant longtemps été caractérisées par « une vision caritative et moralisante » avec le fameux « aide au développement ».

Avec son lot de corruption, de retro commissions, « des éléphants blancs » et finalement d’entretien d’une caste plutôt que les populations.

Mais l’Afrique n’est plus la chasse gardée de l’Occident.

Aujourd’hui, les nouveaux acteurs défendent leurs intérêts et assurent également la protection et la projection de leur prestige diplomatique sur la scène internationale.

Cet ordre sur lequel reposaient les convictions occidentales est en train de disparaitre. Et par-delà les dogmes et les habitudes.

Le changement de paradigme pourrait être fatal à l’Europe.

En plus des Accords « Afrique Caraïbes Pacifique et Union Européenne », l’Afrique est courtisé par la Russie, la Chine, la Turquie et les pays du Golfe Persique.

Les entreprises chinoises investissent massivement non seulement en Afrique mais aussi en Europe.

La Chine contrôle désormais près d’un dixième des capacités portuaires européennes. Ce qui met les nerfs des dirigeants européens à rude épreuve.

L’émergence chinoise influence, à n’en pas douter, l’économie, les marchés financiers, l’éducation, l’industrie, les nouvelles technologies au niveau mondial.

L’affrontement est aujourd’hui entre les Etats Unis et la Chine.

Et la Chine affiche sans complexe sa volonté de devenir la première puissance commerciale mondiale.

Tandis que les Etats Unis cherchent à tout prix à préserver leur leadership.

La difficulté à définir l’essence et la finalité du « projet européen » a laissée libre court aux errements et aux récupérations identitaires.

En effet, sous l’impulsion des partis politiques de droites et d’extrême droites, l’Europe vire vers une Europe identitaire : blanche et chrétienne contre les autres.

Ce fondamentalisme, cette foi sans pensée critique et incapable de doute.
Cette rhétorique et l’instrumentalisation des symboles religieux utilisées comme instrument de « guerre culturelle ».

Cette exploitation des symboles religieux contenant une charge émotionnelle insoupçonnée peut avoir des conséquences désastreuses.

Il va falloir acter que demain se prépare avec les pays émergents au détriment de l’Europe qui pour survivre doit d’abord « repenser sa propre civilisation ».


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