L’identité chrétienne est ce partage des mêmes croyances, des idéaux et lois à la fois terrestres et divines. C’est une identité collective car on appartient à un groupe, à un mouvement de rassemblement. Cette identité recouvre des rites et des rythmes particuliers.
Les chrétiens sont les disciples de Jésus. Avec cette règle d’or :
« tu aimeras ton prochain comme toi-même, et tout ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait, toi donc ne le fait pas à autrui ».
Mais voilà qu’au Rwanda, certains au sein des églises étaient devenus comme ces « scribes et pharisiens de la bible », avec une exécrable réputation d’hypocrites.
L’évangile présente ce contraste saisissant, ce culte de l’apparence et plier la foi à ses propres intérêts. Et offre à se méfier des faussetés du cœur et de l’hypocrisie qui est une maladie de l’âme.
Au Rwanda, pour mieux accomplir sa mission, l’Eglise a fait le choix de caresser le pouvoir en place. Ce dernier de son côté s’est appuyé sur l’autorité de l’Eglise pour asseoir sa politique.
L’ethnicité devenant un élément constitutif du pouvoir, utilisé dans une rhétorique de légitimation. Cet outil politique pervers faisant des Batutsi le bouc émissaire.
Cet engagement est une ligne de conduite tenue par les églises et le pouvoir.
Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles les églises tant catholiques que protestantes, réputées vivantes et fortes, n’ont pas été capables de résister au déferlement du génocide contre les Batutsi.
Au Rwanda, des églises portent une responsable dans le génocide perpétré contre les Batutsi. On connait l’allégeance et les collusions entre les régimes précédents et les églises locales.
L’archevêque de Kigali, Monseigneur Nsengiyumva Vincent était membre du comité central du parti au pouvoir sous Habyarimana.
Et durant le génocide contre les Batutsi, les églises et les couvents, traditionnellement « sanctuaires » se transformèrent en « abattoirs » avec la complicité des religieux et religieuses, pasteurs, devenant des auxiliaires zélés des tueurs. Les églises n’ont pas su protéger leurs fidèles et c’est un comble.
Le clergé du Rwanda et le Vatican sont restés silencieux pendant le génocide contre les Batutsi en raison de leur proximité, personnelles, politiques et idéologiques avec le pouvoir depuis l’indépendance du pays.
L’ambivalence de l’attitude des églises lors du génocide contre les tutsis poses encore et toujours la question de leurs responsabilités.
« L’Eglise catholique a été, au Rwanda, le vecteur historique, théologique et politique d’une pastorale racialiste » estime Christian Terras, rédacteur en chef de la revue catholique Golias.
Pour sa part, l’historien Léon Saur indiquait en 2014 que « certes, l’Eglise n’avait pas appelé à commettre le génocide, mais elle a soutenu pendant plus de trente ans un régime raciste et racialiste ».
Durant la période de planification du génocide contre les Btutsi et lors de son exécution, bon nombre de dirigeants des églises y ont pris une part active et ont même participé aux opérations.
Et pourtant, longtemps à l’avance, les inquiétudes étaient exprimées par certains prêtres et laïcs courageux. Ils avaient critiqué l’Eglise et dénoncé les signes avant-coureurs d’un génocide qui se profilait à l’horizon.
On se souvient de la mort mystérieuse de l’abbé Silvio Sindambiwe.
Le génocide contre les tutsis a ébranlé les fondements de toutes les églises et aucune d’entre elles n’a les mains propres.
Et ils se font les champions de la thèse du « double génocide », en atteste la lettre adressée au Pape par des prêtres refugiés à Goma.
Cette idéologie est diffusée et vulgarisée avec l’appui de l’internationale démocrate-chrétien « IDC » belge.
Coupable de dresser les Rwandais les uns contre les autres en vertu d’idéaux intransigeants. Ils ont délimité des frontières artificielles entre rwandais, créée des motifs d’adhésion à son idéologie raciste, reléguant au second plan l’identité rwandaise.
Aujourd’hui, derrière les FDRL à l’est de la RDC et Jambo asbl à Bruxelles résonne le discours de l’ethnisme ou se mêlent les amalgames, les manipulations t les contre-vérités.
Le Rwanda post génocide contre les Batutsi a dépassé ces clivages au grand dam des héritiers du parmehutu.
Et il est parvenu, grâce à la résilience collective, à briser le cercle vicieux de la haine et des ressentiments par le pardon.
A l’initiative de l’Etat, grâce à une politique volontariste et malgré les traumatismes, on a vu renaitre l’espoir et la réconciliation. Le rapatriement des milliers des Bahutu et leur réinsertion sociale, les juridictions gacaca, les programmes visant à rapprocher les familles, les voisins, les personnes isolées.
L’Eglise catholique par la voix de Sa Sainteté le Pape François Ier avait demandé pardon sans vraiment évoquer la responsabilité de l’institution.
Apres celui prononcé par l’archevêque de Kigali en 2000.
Aujourd’hui, des groupes de fidèles, unis par des convictions religieuses et des liens de voisinage, modifient volontairement leur régime communautaire pour créer un espace de parole, d’écoute et même de solidarité.
C’est aussi ça le Rwanda actuel.
Dans l’une des églises, lieu des massacres