l’Ambassadeur de France à Kigali, Antoine Anfré
L’Ambassade de France à Kigali a célébré ce soir la Fête Nationale du 14 Juillet sous le signe, avec faits à l’appui, d’une amitié dense et riche avec le Rwanda, et le Ministre rwandais des Finances Uzziel Ndagijimana s’est félicité d’une réconciliation fructueuse entre la France et le Rwanda, et qui se concrétise par les secteurs de l’investissement, la francophonie, la culture, l’éducation, la santé, le transport aérien. Pour comprendre la force de cette coopération, lire le discours de l’Ambassadeur de France à Kigali, Antoine Anfré :
Cette réception du 14 juillet est la deuxième à être organisée à la résidence de France à Kigali depuis la visite historique du Président Emmanuel Macron au Rwanda, qui a scellé la réconciliation entre nos deux pays. Elle est à l’image de la relation franco-rwandaise : dense, riche d’une grande diversité, et amicale.
Le premier acquis dans la relation bilatérale et le plus récent que je souhaite évoquer en ce 14 juillet 2023, c’est la mise en place d’un vol direct entre Kigali et Paris par Rwandair, avec trois allers-retours par semaine.
L’ouverture de cette ligne, le 27 juin, aura précédé de quelques semaines l’ouverture par la France d’un service des visas de plein exercice, c’est-à-dire d’un service des visas qui traitera aussi les demandes de visas de court séjour. Ce service répondra aux besoins des visiteurs ayant Paris comme point d’entrée dans l’espace Schengen, qu’ils empruntent le vol Rwandair au départ de Kigali ou qu’ils choisissent de transiter par un hub non situé dans Schengen, pourvu qu’ils arrivent dans un aéroport français. L’accord de représentation que nous avons avec la Belgique prendra ainsi fin le 18 septembre prochain.
Je saisis cette occasion pour remercier nos collègues belges pour le travail réalisé au profit de la France depuis plusieurs années. Un vol direct Kigali-Paris et, très bientôt donc, un service des visas au sein de l’ambassade de France, doté de moyens renforcés et à même de délivrer du Schengen court séjour, ce sont deux bonnes nouvelles que je voulais partager avec vous.
A la rubrique des bonnes nouvelles, il y a aussi la signature, le 22 juin dernier à Paris, de la convention fiscale franco-rwandaise par la Secrétaire d’Etat chargée des partenariats internationaux, Chrysoula Zacharopoulou, et par le Ministre Uzziel Ndagijimana, qui nous fait l’honneur d’être parmi nous aujourd’hui. Cet accord de non-double imposition contient des dispositions favorables aux intérêts économiques et au développement des investissements. Il contribuera à l’attractivité du Rwanda pour les entreprises françaises et au renforcement de nos relations économiques et commerciales.
Le récent séjour parisien du Ministre Uzziel a d’ailleurs été particulièrement fructueux puisqu’il a également signé, cette fois avec l’Agence Française de Développement, un accord de financement budgétaire sur la gestion des finances publiques vertes, à hauteur de 53 M€. Cet accord s’inscrit dans le droit fil du soutien de l’AFD à « Ireme Invest », le fonds créé par le Rwanda pour accompagner les investissements verts du secteur privé.
Le partenariat entre la France et le Rwanda se déploie aussi dans le cadre de la « Team Europe », avec deux projets emblématiques : le jumelage européen avec la Rwanda Food and Drugs Authority, et la réhabilitation de quartiers précaires à Kigali, un projet au long cours associant financements de l’Union européenne et financements de l’AFD.
Dans le cadre bilatéral, nous mettons l’accent sur la promotion des études supérieures en France et l’enseignement du français au Rwanda. L’Ecole francophone Antoine de Saint-Exupéry, qui vient de célébrer son 50ème anniversaire et qui compte près de 700 élèves, en est d’ailleurs l’un des plus beaux fleurons.
Autre priorité partagée, la santé avec la formation de médecins hospitaliers et de spécialistes rwandais en France, et dans un proche avenir, des formations à la chirurgie mini-invasive qui seront assurées au Rwanda par l’IRCAD-Africa.
Je ne vais pas rappeler ici toute la programmation du Centre culturel francophone du Rwanda au cours de l’année écoulée, ce serait trop long. J’évoquerai seulement la deuxième édition des Rencontres Internationales du Livre francophone, qui a eu lieu en février dernier, avec la participation de Dorcy Rugamba et d’écrivaines franco-rwandaises et belgo-rwandaises à succès, telles que Béata Umubyeyi Mairesse, Yolande Mukagasana ou Dominique Celis.
En remontant chronologiquement dans l’année, l’ambassade a été dotée, le 1er janvier 2023, d’un service de sécurité intérieure, avec à sa tête le colonel de gendarmerie Laurent Lesaffre, présent au Rwanda depuis septembre 2021 et qui a vu ainsi s’étendre son domaine de compétence. Le colonel Lesaffre joue un rôle clef dans l’accompagnement, depuis Kigali, des procès à Paris contre les présumés génocidaires. Mais j’y reviendrai ultérieurement.
Autre service de l’ambassade dont la création est la marque d’un changement de paradigme dans la relation franco-rwandaise, une mission de défense a été mise en place en septembre 2022. Commandée par le colonel Nicolas Dufour, elle met en œuvre une coopération militaire tournée vers l’avenir, sur la base d’un partenariat d’égal à égal.
J’en arrive à la deuxième partie de mon intervention, qui sera un peu plus courte mais non moins importante : qu’est-ce qui a rendu possible ce changement de paradigme que j’évoquais à l’instant. Pourquoi la France, qui pendant de trop longues années a occupé une place marginale au Rwanda, est-elle désormais de retour ?
La réponse à cette question tient en trois mots : histoire, mémoire et justice. C’est sur ce triptyque que nous avons pu et su reconstruire une relation de confiance, à l’initiative du Président Emmanuel Macron et du Président Paul Kagame.
L’histoire, c’est le rapport de la Commission Duclert sur « le Rwanda, la France et le génocide des Tutsi » qui a conclu à la responsabilité lourde et accablante de la France dans l’enchaînement des faits ayant rendu possible un génocide qui était prévisible.
Mais c’est aussi le colloque international sur le génocide de 1994, organisé en septembre dernier à Huye et à Kigali. Ce colloque aura une suite, en septembre prochain à Paris, avec une session de quatre jours dans des lieux prestigieux et hautement symboliques tels que la Sorbonne, le lycée Louis-Le-Grand et l’Ecole Normale Supérieure de la Rue d’Ulm.
La mémoire, c’est la décision des autorités françaises d’ériger sur les Quais de Seine, dans le 7ème arrondissement, un monument commémorant le génocide perpétré contre les Tutsis en 1994. Un appel international à projets a été lancé pour concevoir une œuvre d’art qui sera installée sur l’esplanade située entre le pont de l’Alma et le pont des Invalides.
La mémoire, c’est aussi le projet « Dusangire amateka » (en français, « Partageons l’histoire ») conçu par le service de coopération de l’ambassade et mis en œuvre par des opérateurs rwandais et français, tels que l’Université du Rwanda, Ibuka, Avega, et la Fondation pour le Mémorial de la Shoah.
La justice enfin, ce sont les deux procès qui se sont tenus dernièrement en France, celui de Laurent Bucyibaruta, condamné à 20 ans de prison par la Cour d’assises de Paris pour complicité de génocide et crimes contre l’humanité, et celui de Philippe Hategekimana, qui a été condamné à perpétuité. Un autre procès aura lieu devant la Cour d’assises de Paris, en novembre et décembre prochains, celui de Sosthène Munyemana. Et tout récemment, puisque cela s’est produit avant-hier, un Français d’origine rwandaise a été mis en examen et écroué à Paris. Il s’agit de Madjaliwa Safari pour des faits commis dans les ex-préfectures de Gitarama et de Butare, d’avril à juillet 1994. Vous le constatez, dans la poursuite des présumés génocidaires résidant sur son territoire, la France s’emploie désormais à lutter contre l’impunité et agit pour que justice soit rendue. A cet égard, il faut espérer que cette action aura valeur d’exemple et un effet d’entrainement sur la justice d’autres pays, que ce soit en Afrique ou ailleurs, bien plus près de nos frontières maritimes notamment.
L’histoire, la mémoire, la justice sont des impératifs, alors que les discours de haine sont, hélas, de retour dans la région des Grands Lacs et que les accusations en miroir ressurgissent à l’approche des 30èmes commémorations du génocide.
La célébration du 14 juillet permet de passer des messages mais c’est aussi l’occasion d’être ensemble pour un moment convivial et festif.
Avant de conclure, je voudrais donc finir sur une note plus légère, en citant l’ensemble de nos sponsors. Il s’agit de : TotalEnergies, Bralirwa, Bourbon Coffee, Vinci Energies, Tactis, Tractafric, Sher Artelia, Rubis Energie, Groupe Duval, Kigali Golf, Engie, Canal +, Imara Properties, Hydroneo, Groupe Vivendi Africa, Africa Global Logistics Airtel, Girinzu, Ircad Africa, EGIS, AGS, Olea Cuzo, Rincent BTP, Abusol, CMA CGM, Ascoma, Sogea Satom, 1000 Collines Winery, CFAO, Tiani’s, Onomo Hotels, Delta Architecture, ADEC innovations et Kigali Farms Qu’ils soient chaleureusement remerciés. Sans eux, sans leur concours financier ou leur assistance en nature, cette réception n’aurait pas été aussi belle. Toutes ces entreprises ne sont pas françaises mais toutes ont un lien avec la France.
En 2021, une vingtaine d’entreprises françaises étaient présentes au Rwanda. Ce chiffre a doublé en deux ans, grâce à l’environnement sûr et stable de Kigali et au dynamisme du club d’affaires franco- rwandais, dont je salue les membres et les dirigeants.
Avant de céder la parole au Ministre Uzziel Ndagijimana, je veux dire un grand merci à toute l’équipe de l’ambassade qui s’est fortement mobilisée pour organiser ce bel événement, et qui se mobilise toute l’année au service de l’amitié franco-rwandaise et au service de nos compatriotes.
Messieurs les Ministres, Votre Eminence, chers partenaires et chers amis, je vous remercie et je vous souhaite une excellente soirée. Mwakoze kwitabira ubutumire bwacu. (Fin)
L’Ambassade de France à Kigali célèbre le 14 Juillet sous le signe d’une amitié dense et riche avec le Rwanda