Tâaoun : Pourquoi souhaitez-vous mettre l’accent sur les médias ?
Mr Elong Mbassi :
Un des problèmes auquel l’Afrique doit faire face c’est la manière dont elle est présentée au niveau international. L’Afrique a un problème d’image. Dans les médias internationaux, on n’en présente le plus souvent que les côtés négatifs : c’est le continent du SIDA, c’est le continent de la famine, c’est le continent de la pauvreté, c’est le continent des régimes politiques corrompus, c’est le continent des atteintes aux droits humains, bref c’est le naufragé de la mondialisation voué à la compassion et à l’aide humanitaire. Cette présentation de l’Afrique a un impact sur le monde entier et sur les Africains eux-mêmes, qui perçoivent leur continent à travers ce qu’on en dit au niveau mondial et le considèrent en quelque sorte comme le continent perdu et où il n’y a pas d’espoir.
Dans cette présentation, il y a peu de place pour l’Afrique qui travaille et qui produit, pour l’Afrique qui invente et qui crée une manière originale de vivre le monde et de s’articuler au monde, pour l’Afrique qui trouve quotidiennement des solutions à ses problèmes, pour l’Afrique au sein de laquelle les valeurs de solidarité et d’empathie continuent d’être le ciment de la vie en communauté et en famille, cette Afrique locale qui est la force motrice du développement du continent. De cette Afrique là, on ne parle presque jamais. Les raisons avancées par les médias se résument au fait qu’il n’existe pas de modèles, d’exemples ou de figures qui incarnent cette Afrique-là et qui leur soient facilement accessibles.
En fait les médias ne connaissent pas l’Afrique locale et n’ont manifestement que peu d’intérêt pour le développement local, pourtant condition sine qua non du développement durable de l’Afrique. C’est la raison pour laquelle les journalistes et professionnels des médias présents au Sommet Africités de Marrakech ont souhaité que soit développée une plateforme Internet où pourraient être regroupés et postés des projets de développement local exemplaires avec des informations sur leurs porteurs desdits projets. De la sorte il serait mis à la disposition des médias une base de données facilement accessible, où trouver des éléments permettant de présenter une image plus positive de l’Afrique. Nous pensons qu’il s’agit là d’un programme très important si l’on veut vraiment « changer la rumeur sur l’Afrique » comme cela nous semble nécessaire et juste.
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