Coup dur pour la Cour pénale internationale, l’Afrique du Sud va se retirer de la CPI. Pretoria a envoyé une lettre en ce sens au secrétaire général de l’ONU. Par RFI
Ce retrait prendra effet dans un an, à compter de la date de réception selon la ministre sud-africaine des Affaires étrangères. Cette décision fait suite à la vive controverse provoquée par le refus de l’Afrique du Sud d’arrêter le président soudanais el-Béchir l’an dernier.
La CPI « entrave l’aptitude de l’Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l’immunité diplomatique », c’est ainsi que le ministre sud-africain de la Justice Michael Masutha a justifié ce vendredi matin la décision de se retirer du traité de Rome. Les relations sont à couteaux tirés entre le pouvoir sud-africain et la CPI depuis la rocambolesque visite à Johannesburg du président soudanais, inculpé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour. Alors qu’un tribunal avait interdit à Omar el-Béchir de quitter le territoire sud-africain le temps de statuer sur sa possible arrestation, le président Zuma avait laissé son homologue soudanais reprendre l’avion en catimini.
Le pouvoir s’était alors défendu en expliquant qu’il bénéficiait, de par sa fonction, d’une immunité et depuis l’affaire se joue devant la justice. En Afrique du Sud, celle-ci est bien sûr très politique : l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition, a déjà annoncé qu’elle allait faire appel de la décision de retrait prise sans consultation au Parlement. Elle la juge « inconstitutionnelle, irrationnelle et entachée d’irrégularités procédurales ».
Des précédents africains
En tous les cas, cette décision sud-africaine illustre le divorce croissant entre l’Afrique et la CPI. Et cette décision suit de quelques semaines une annonce similaire du Burundi. Mardi, le président burundais Pierre Nkurunziza a promulgué la loi prévoyant que son pays se retire de la CPI et il ne reste désormais à Bujumbura qu’à en notifier l’ONU pour lancer formellement la procédure.
Accusée de néocolonialisme et de s’acharner sur le continent africain, la CPI n’a pas la cote dans les opinions publiques et auprès de nombreux présidents. Il faut dire que neuf des dix enquêtes ouvertes depuis sa création ont été ou sont menées dans des pays africains.
Lors du 26e sommet de l’Union africaine en janvier dernier, les chefs d’Etat africains ont d’ailleurs adopté une proposition kényane d’élaborer « une feuille de route pour un retrait de la CPI » pour les 34 pays du continent faisant partie de la Cour. Cette position toutefois ne fait pas consensus. Le Sénégal, le Burkina Faso ou la Côte d’Ivoire ont fait part de leur réserve.
Du côté des défenseurs des droits de l’homme, c’est l’indignation générale. Pour Human Rights Watch, par exemple, la décision sud-africaine montre « un mépris surprenant pour la justice de la part d’un pays longtemps vu comme un leader en matière de justice pour les victimes de crimes graves ».
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Posté le 23/10/2016 par rwandaises.com