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Solon Goncalves ! En disant ce nom, mon adolescence me monte au nez comme la moutarde. Solon est mort dimanche. Un épisode de ma légende personnelle s’en va avec lui. Hommage à un nom pour moi synonyme de bonne, de très bonne musique…

 

C’est mon amie Yvette Galot qui nous apprend la nouvelle aujourd’hui même : Solon Goncalvez est décédé dimanche à Paris. Voici ce qu’en dit Yvette :

« Je vous informe depuis Paris du décès du trompettiste de jazz brésilien Solon Goncalvez aujourd’hui dimanche 15 novembre 2009 à l’hôpital Bichat à Paris à l’âge de 90 ans. Solon Goncalves a travaillé dans les années 70 en Martinique avec des musiciens comme Winston Berkeley, Henry Guedon, Alex Bernard (qui peut témoigner). En 2004, le Centre Culturel de Rencontre Fonds Saint-Jacques l’avait choisi comme invité d’honneur de la seconde édition du Festival Biguine Jazz organisé par Fonds Saint-Jacques à l’initiative de Christian Boutant de la SACEM.

J’avais tenu à lui rendre hommage à  pour avoir ensuite fait découvrir sur les scènes extérieures notre biguine qu’il avait associée à son tumbélé brésilien et qu’il reconnaissait comme étant un patrimoine de grande valeur qui n’avait rien à envier aux autres musiques du Monde.

« Poutchi » de Solon Goncalvez, par Joelle Viollet Trio… Mon dieu, que de souvenirs… Les anciens de la Résidence Universitaire d’Antony me comprendront !

Il est devenu l’un de mes très bons et fidèles amis avec sa femme Jocelyne. Je les visitais à chacune de mes présences à Paris. Il habitait à Place de Clichy, non loin du Moulin Rouge, non loin de l’appartement de son grand ami et compagnon de route Bernard Laviny qu’il visitait souvent et qui avait composé un titre sur le CD qu’il m’avait demandé de co-produire avec lui, pour le plaisir il y a trois ans.

Il a réalisé ce dernier disque « Com Voce » avec Mario Canonge et un quintet d’excellents musiciens. Il a voulu graver sa voix « avant de partir » m’avait-il dit. Il a fixé sur ce disque des titres en brésilien, sa langue maternelle mais surtout des biguines, des mazurkas, du tumbélé, et un titre composé par Bernard Laviny. Son grand rêve était de faire un concert en Martinique avec ses camarades musiciens martiniquais. Son âge avancé ne lui a pas permis de le réaliser.

Il a eu le temps de me transmettre tout son amour pour la Martinique dont il a toujours gardé d’excellents souvenirs. Il me parlait de ses amis martiniquais, notamment Mr Turiaf, décédé il y a quelques temps, du contexte qui l’a amené à créer la chanson « Nathalie » pour sa filleule martiniquaise, de l’histoire de la musique et du cabaret parisien où il a cotoyé les plus grands chanteurs français, de son amour pour le jazz et la biguine…

Il m’a donné aussi une formidable leçon de vie et d’amour. Il nourrissait en secret un autre rêve : que son fils Aristide, pianiste de jazz, soit un jour invité à se produire en Martinique avec son groupe. Nous espérons que ce rêve là sera entendu par notre pays si cher à son cœur…

Solon ira joindre son Tumbélé brésilien aux biguines de nos regrettés Barel Coppet et Bernard Laviny dans le grand orchestre de l’au-delà.

La Martinique transmet ses condoléances à sa femme Jocelyne, ses enfants Aristide et Lydia. »

L’hommage d’Yvette en dit long sur la personnalité très attachante de ce musicien discret et talentueux qui nous a offert un album devenu un très grand classique, où, pour la première fois, la biguine se mâtinait de jazz et de sonorités sud américaines. Quand j’avais 15 ans, je passais fréquemment dans la rue où il habitait et je m’arrêtais devant sa fenêtre pour l’écouter jouer au saxophone et à la trompette, sans jamais oser frapper à sa porte, comme mon cœur me disait de le faire.

Je suis restée ainsi durant des mois à l’écouter, sans jamais le voir. Plus tard, j’ai écouté en boucle son album enregistré avec Winston Berkeley et Henri Guédon. Des morceaux de cet album, qui a été d’un immense secours à toutes les générations d’étudiants martiniquais en France dans les années 70, ont traversé le temps, comme Nathalie, repris par les nouvelles générations.

Nathalie de Solon, interprétée par la regrettée Edith Lefel : un chef d’œuvre du patrimoine !

 

Je me suis toujours demandé ce qu’il était devenu. Et aujourd’hui, je le sais. Il a rejoint les étoiles… Mais sa musique reste pour nous donner, encore et encore, du baume au coeur et nous renvoyer à notre jeunesse, en ce bon vieux temps où on n’avait pas peur de sortir tard le soir dans les rues de la ville… Adieu mes 15 ans, adieu Solon…

 

 

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Posté par rwandaisescom

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