L’Abbé Rugirangoga Ubald est devenu fameux pour sa formule de ramener ensemble anciens bourreaux et victimes du génocide des tutsi de 1994, un projet de demande de pardon à la victime venant de la profonde conscience du bourreau par le biais de la reconsommation des sacrements religieux ; histoire de montrer que l’église catholique rwandaise est profondément enracinée dans la conscience sociale des Rwandais.
Ce dimanche 9 janvier 2017, l’abbé Ubald Rugirangoga officiant dans une paroisse du Diocèse de Cyangugu s’est transporté à Nyamata, à 30 minutes au sud-est de Kigali, pour y dire une messe au cours de laquelle 166 paroissiens condamnés pour commission de crimes de génocide commis contre les Tutsi en 1994 et relâchés pour être passés à l’aveu et à la demande de pardon, ont fait un acte public de contrition devant leurs anciennes victimes.
Il leur a été signifié après cet acte qu’ils pourront consommer leur sacrement de mariage et le baptême pour leurs enfants. La suite a été la conclusion d’un travail de reconscientisation religieuse fait en groupes restreints, un travail qui a démarré en ateliers depuis le 1er juillet 2016.
« Le Gacaca religieux n’est pas encore suffisamment sollicité par les anciens bourreaux. Ils sont encore peu nombreux à demander de participer à ces séances de réhumanisation psychoreligieuse au vu de l’ampleur des crimes de génocide qui se sont abattus sur les victimes du Bugesera », a dit dans son oraison du jour le Curé de la Paroisse Nyamata, Emmanuel Nsengiyumva.
Selon lui, ils étaient 252 paroissiens à avoir entrepris l’exercice mais que 82 d’entre eux ont abandonné parce qu’ils ne remplissaient pas les conditions pour accès à la jouissance des sacrements de l’église catholique.
Message récupéré par la CNUR
Le Patron de la Commission Nationale de l’Unité et Réconciliation (CNUR) a fait lui aussi le déplacement de Nyamata ce dimanche où il a participé à cette messe de l’Abbé Ubald tendant à la rémission de lourds péchés ou crimes sociaux afin que le pécheur ait la paix de l’âme.
« J’appelle à toutes les confessions religieuses officiant dans le pays d’initier une si importante entreprise morale de réhumanisation par le biais de l’unité et de la réconciliation. Faire éclater la vérité est très capital dans la reconstruction du pays », a dit Fidèle Ndayisaba appréciant ce style d’évangélisation partant des grands défis sociaux de l’heure de l’abbé Ubald Rugirangoga, oeuvre qu’il a commencée en 2008 dans sa paroisse de Mushaka du Diocèce de Cyangugu.
Le Patron de la CNUR n’a pas manqué de lancer des flèches à l’encontre des membres du clergé rwandais qui se sont exilés après la commission du génocide les appelant à rentrer au pays participer à la reconscientisation humaine de leurs paroissiens. « Ils n’auront pas de paix aussi longtemps qu’ils ne reviendront pas pour participer au ressoudage du tissu social rwandais », a-t-il dit.
Après les paroisses de Mushaka et de Ntendezi du Archi Diocèse de Cyangugu (Sud-Ouest du Pays), Nyamata du Diocèse de Kigali est la troisième qui connaît l’oeuvre salutaire de reconscientisation-réhumanisation de l’Abbé Ubald.
http://fr.igihe.com/societe/le-gacaca-religieux-de-l-abbe-ubald-fait-ses.html
Posté le 09/01/2017 par rwandaises.com