Le Colonel Eric Emeraux commandant l’Office chargé des crimes contre l’humanité en France (OCLCH)
Kigali: Le Colonel français Eric Emeraux (E.E) commandant l’Office chargé des crimes contre l’humanité en France (OCLCH) est au Rwanda avec cinq autres personnes pour investiguer sur des Rwandais vivant en France et qui sont suspectés d’avoir trempé dans le Génocide contre les [Ba]Tutsi en 1994. L’objectif est de réunir des preuves pour juger ces suspects en France. Lire l’interview du Col. Emeraux à l’Agence Rwandaise d’Information (ARI):
E.E: Je suis le Colonel Eric Emeraux. Et je commande l’Office chargé des crimes contre l’humanité en France (OCLCH). Donc, nous dépendons de la Gendarmerie nationale et du Ministère de l’Intérieur
ARI: Alors, votre présence ici au Rwanda ?
E.E: Nous sommes au Rwanda pour enquêter avec l’accord et l’autorisation des autorités rwandaises sur des génocidaires qui sont venus en France et qui se sont cachés en France pour poursuivre nos enquêtes de manière à ce qu’on puisse les juger en France.
ARI: Quels sont ces gens ?
E.E: Ce sont les gens qui, soit ont la nationalité rwandaise, soit ont acquis la nationalité française de manière indue, pour lesquelles nous avons eu des informations qu’ils ont été impliqués dans les génocides de multiples morts au Rwanda, et du coup pour pouvoir monter une enquête judicaire. Nous sommes actuellement au Rwanda, nous interrogeons les témoins avec l’aide de PVT (Protection Victimes et Témoins), du Gouvernement rwandais, du Ministère de la Justice, et surtout sous le contrôle des GTU (qui sont les procureurs en charge des affaires liées au Génocide.
ARI: Vous faites une enquête pour combien de personnes exactement ?
E.E: Nous sommes six enquêteurs répartis sur tout le territoire. Nous travaillons avec des juges d’instruction qui sont venus avec nous, avec des procureurs français.
ARI: Les suspects sont au nombre de combien ?
E.E: Actuellement, nous avons 102 dossiers, dont 18 % pour le Rwanda, parce nous enquêtons aussi sur d’autres pays.
ARI: On peut savoir les noms de personnes sur lesquelles vous enquêtez au Rwanda ?
E.E: Non, parce qu’en France, les enquêtes judicaires sont protégées par le secret d’instruction.
ARI: Est-ce que cette fois c’est sérieux, ces suspects seront poursuivis ? La France a toujours enquêté sans résultat concret.
E.E: Alors, bien sûr pour répondre à votre question. Premièrement, la procédure peut paraître très lourde, mais il y a aussi l’exercice des droit de la défense, le droit de recours parce qu’on est sur des infractions qui sont extrêmement importantes, donc on ne peut faire n’importe quoi.
Deuxièmement, regardez au mois de Mai de cette année, donc il y seulement quelques mois, deux Rwandais ont été condamnés lourdement par la justice française. Ensuite on a un autre individu qui a été condamné. Donc on a trois. Sachant que nous n’avons que cinq ans d’existence. Avant l’Office n’existait pas. Cette année j’ai participé à l’interpellation de deux rwandais supplémentaires.
ARI: Est-ce que vous vous occupez aussi du cas de l’Abbé Wenceslas Munyeshaka ?
E.E: Non. Nous n’avons pas ce nom dans notre dossier. Notre travail c’est la lutte contre l’impunité. On travaille en vertu de ce qu’on appelle la compétence universelle. On n’est là pour défendre l’humanité en quelque sorte. Soyez donc absolument sûr de notre conviction qu’à partir du moment où on arrive à amener les preuves, donc il faut amener les preuves, c’est une enquête judicaire, on ne peut pas condamner une personne sur du vent, ça n’existe pas. Soyez donc sûr qu’avec nous, on amène des preuves pour pouvoir traduire ces gens devant un procès équitable. Et bien les choses sont faites correctement.
ARI: Le dernier message que vous avez ?
E.E: Que ce soit au Rwanda, ou notre travail sur la Syrie, l’Irak, sur tous les pays du monde qui sont confrontés à des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre ou de génocide, j’ai tendance à considérer que mon unité a fait un travail particulièrement important pour l’humanité, et ce qu’on peut voir à travers le monde actuellement est assez très inquiétant, puisqu’il y a un certain nombre de choses qui se renouvellent en permanence, et qui font qu’il faut qu’on soit particulièrement très fort pour que ces gens soient condamnés s’ils ont commis des crimes graves. (Fin)
By André Gakwaya
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Posté le 12/11/2018 par rwandaises.com