Le 59è sommet ordinaire des Chefs d’Etats et de gouvernements de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest « CEDEAO » tenu à Accra au Ghana le 19 juin 2021avait adopté le pacte de convergence et de stabilité macro-économique.
Pour ce qui est de la monnaie commune « ECO », il avait décidé du lancement à l’horizon 2027.
D’ores et déjà, le changement de nom a une forte valeur symbolique.
Il faut admettre que cette monnaie tant décriée persiste et résiste depuis des décennies.
Elle porte et protège de puissants intérêts des entreprises françaises et une partie de la classe dirigeante dans les pays concernés.
Depuis sa création, le franc CFA était arrimé d’abord au franc français puis à l’euro depuis 1999.
Les quatorze pays membres ayant l’obligation de déposer cinquante pour cent de leurs réserves de change sur un compte d’opérations au trésor français.
Et c’est là que réside la controverse qui alimente les débats depuis de longues années.
On se souvient de la pilule amère de la dévaluation de 1994 portée par l’ancien ministre français de la coopération, Michel Roussin.
Ces deux dernières années, les économies des pays de la « zone franc » ont été durement frappées par la pandémie de la covid 19.
Ajouté à cela la présence et les exactions des groupes djihadistes, l’insécurité et la mauvaise gouvernance ; la fragilisation des économies et la paupérisation des populations sont patentes.
Il semble que la proposition portée par Macron et Ouatarra n’emporte pas l’adhésion de tous les pays.
Le goulot d’étranglement étant cet arrimage à l’euro et le cordon ombilical avec le trésor français dans la gestion des réserves des pays de la zone franc.
Ses défenseurs la présente comme un gage de stabilité économique tandis que ses détracteurs l’accusent d’être un instrument de servitude et un vestige du colonialisme. Sans plus !
Et les réseaux sociaux en deviennent de puissants relais et alimentent la polémique.
Ce sujet est tellement passionné et interroge sur sa pérennité dans sa forme actuelle. Elle ne saurait en rester là !
Certains Chefs d’Etats hésitent même à s’exprimer au prétexte de donner du grain à moudre à leurs opposants.
En voilà une mauvaise posture pour une mauvaise raison.
Pour mémoire, le ministre italien Luigi Di Mario en janvier 2019 avait enfoncé le clou en déclarant :
« A partir d’aujourd’hui, ceux qui veulent débarquer en Italie, on va les amener à Marseille. La France imprime le franc dans les colonies pour financer une partie de sa dette. Pour laisser les Africains en Afrique, il suffirait que les Français restent chez eux ».
Et ces pays restent confronter à la faible production des biens, la compétitivité et la transformation des structures de production.
Il est ainsi trop coûteux de produire et d’exporter depuis la « zone franc ».
La réforme du franc CFA nécessite au préalable une politique agricole, lever les obstacles à l’émergence de nouvelles entreprises et instaurer la concurrence.
Une restructuration de la dette pour obtenir des politiques sectorielles spécifiques.
Et pour ce faire, retoucher le taux de change aura une incidence sur la gouvernance.
Pour calmer la grogne et la colère grandissante dans la zone franc, la France s’est engagée à restituer cinq milliards d’euros de réserve du trésor français à la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest « BCEAO ».
Depuis deux à trois décennies, on assiste à une percée de nouveaux acteurs et non des moindres dans ce qu’il convenait d’appeler « le pré-carré français » en Afrique.
En effet, la présence Chinoise et Russe en Afrique francophone est mal perçue par Paris.
Ces nouveaux acteurs bousculent les habitudes, les intérêts et le rapport de force.
Au moment où beaucoup de voix s’élèvent pour affirmer que le franc CFA est un obstacle au développement des pays de la zone.
Et appellent à une souveraineté monétaire de chaque pays !