Note éditoriale : Ce qui est contenu dans l’article ci-après, est un message de Madame Jeannette Kagame, la première dame du Rwanda, dans le cadre de la campagne anti-alcool, #TunyweLess.
Cela fait un moment que je souhaitais m’entretenir avec vous, au sujet d’un problème qui me parait de plus en plus préoccupant.
Comment être sûre que c’est le bon moment d’en parler ? Sournoisement banalisée et glamourisée, la consommation excessive d’alcool ne peut hélas, plus être ignorée.
Boire modérément est, me semble-t-il, une évidence.
Ceci n’est pas un billet dédié aux personnes qui contrôlent leur consommation d’alcool, même si la vigilance demeure de rigueur, car l’alcool est une substance dangereuse, potentiellement addictive.
Mais si, de verre en verre, vous êtes tombé dans la dépendance, de grâce, battez-vous !
Des solutions durables existent. Il est possible de se libérer des affres de l’addiction. Vous en êtes capables. Ne l’oubliez jamais.
Des lendemains meilleurs sont à votre portée. Qui mieux que le peuple Rwandais sait qu’il est possible de façonner son destin ? Vous êtes, nous en sommes, la preuve vivante.
Des publicités télévisées magnifiquement réalisées nous présentent de charmants individus, en pleine forme et sûrs d’eux.
Un verre d’alcool à la main, ils passent un merveilleux moment, et leurs vies nous font presque rêver.
Sur les écrans , la consommation excessive d’alcool est banalisée, comme un passe-temps ordinaire, plutôt joyeux. On porte un toast à tous les moments importants de la vie. Pour marquer une belle occasion ou pour traverser un moment difficile, nous prêtons vertus à « la sacrée » bouteille. Elle mettrait du baume au cœur, elle désinhiberait les plus timorés. Si seulement la gaieté était le seul effet secondaire de l’ébriété avancée.
La dure réalité est toute autre, surtout lorsque l’on tombe dans l’excès.
Les conversations comme celles-ci sont hélas, souvent mal perçues. Elles passent comme moralisatrices, leur bienveillance est contestée. C’est bien dommage. Il n’est pas rare de reconnaître le caractère nuisible de certains actes, mais de les exécuter néanmoins.
Souvent, les mauvais choix ne manquent malheureusement pas d’attrait. Alors, si par bonheur, l’opportunité de vous épargner de pénibles regrets se présente, saisissez-la.
Certes, l’abus d’alcool est à la hausse, et ceci est un fléau mondial ; mais est-ce la seule option ?
Soyons bien clairs, l’addiction est une maladie, et ceux qui en souffrent doivent être soutenus et accompagnés comme il se doit.
Cependant, chacun doit assumer sa part de responsabilité ; d’abord en identifiant clairement le problème et ensuite, en mettant en place une solution.
La société Rwandaise a échappé à l’extinction, nous avons refusé de mourir. Peu importe les défis auxquels nous sommes confrontés, nous nous devons de ne jamais baisser les bras.
A toutes celles et tous ceux qui ont besoin d’une aide professionnelle, d’un soutien moral, d’une oreille attentive et d’un cœur ouvert, je vous prie de venir à nous.
Vous pouvez compter sur notre indéfectible soutien et notre affection sans faille. Des rechutes involontaires peuvent être probables, mais l’essentiel est d’essayer de tout cœur de se rétablir et de surmonter.
Pour tirer le meilleur parti de l’amour qui vous est offert, il faudra commencer par vous aimer vous-mêmes.
Sachez que l’estime de soi grandit avec la discipline.
Sachez que personne n’a jamais éprouvé quelconque remord d’avoir réussi à se contrôler.
Au réveil, personne n’a jamais regretté de ne pas avoir cette « gueule de bois », comme vous l’appelez, d’avoir résisté aux tentations d’une soirée trop arrosée.
Alors, je fais le vœu qu’elle soit là cette petite voix, celle qui résiste et qui dit « NON » à chaque fois que vous êtes tentés par le verre de trop. Que cette petite voix vous rappelle à l’ordre – que votre liberté si durement gagnée, ne soit pas concédée au prochain verre.
A ceux qui persistent dans le déni du danger réel que représentent l’alcoolisme et la consommation excessive d’alcool, qu’il me soit permis ici de vous poser la question : Ce verre d’alcool, le tenez-vous entre vos mains, ou vous tient-il ? Ce qui est consumé à petit feu est en fait votre propre personne, votre santé et votre amour-propre.
« Inzoga uyikura mu kibindi ikagukura mu bagabo. »
La joie passagère que peut procurer l’ivresse est une forme d’automutilation. La joie authentique quant à elle, ne peut que vous mener sur des chemins plus lumineux.
Quand le vide intérieur se fait sentir, l’alcool peut offrir illusion de le combler. Mais en réalité avec l’alcool, ce vide se creuse en un abyme sans fond.
La science a en effet prouvé qu’au fil du temps, l’alcool inhibe la production des hormones du bonheur, de l’énergie, du calme et du bien-être que sont la dopamine et la sérotonine.
La consommation excessive d’alcool tue tous les jours ; lorsque le corps humain est rendu inapte à lutter contre le poison qu’il a jusqu’ alors ingéré, ce poison devient fatal.
C’est un processus graduel au cours duquel l’individu se retrouve socialement dévalorisé.
En effet, l’alcool l’emporte souvent sur la dignité personnelle ; il entame vos finances, défait vos relations sociales, votre faculté de concentration, et détruit votre joie de vivre. Inévitablement le tissu social s’étiole, les proches et les amis d’hier prennent leurs distances.
L’abus de substance enchaîne et asservit. Elle vous entraine dans une sombre somnolence, dans laquelle vous entrevoyez la personne que vous étiez avant, et celle que vous auriez pu devenir….Et si vous sûtes, auriez-vous fait de meilleurs choix ?
La personne que vous étiez dans le passé serait-elle fière ou déçue ?
Il n’est jamais trop tard pour se ressaisir et pour changer.
De façon intentionnelle et en toute honnêteté, soumettez-vous à un exercice d’introspection.
Quand, comment, pourquoi, et à quel prix buvez-vous ? Si ces questions ou les réponses à ces questions vous mettent dans l’inconfort, appliquez-vous à leur trouver une solution saine.
Il y de la sagesse à puiser dans cet exercice.
Il y a de la force à puiser dans la modération.
Il y a du pouvoir à puiser dans l’abstinence.
Il y a du répit, et un soulagement certain à trouver dans la lucidité.
À ceux qui disent qu’un tel changement ne peut reposer uniquement sur les individus et qu’il nous faut une action collective ; votre message est entendu. Merci pour votre honnêteté.
Il ne devrait y avoir aucune raison pour que nos enfants manquent de loisirs autres que les excès en toutes sortes ; aucune raison pour que l’abus de substances s’infiltre dans notre quotidien et que cela devienne une part de notre culture.
C’est en effet notre volonté et notre mission de créer des lieux qui offrent à nos jeunes gens du divertissement de qualité, des loisirs sains et équilibrés, sans aucun risque de les mener à des comportements addictifs.
Notre pays, le Rwanda, a fait de grands progrès dans cette direction et je vous promets que nous ne ménagerons aucun effort. Néanmoins, rappelons-nous tous qu’en définitive la responsabilité première repose sur l’individu ; le choix ultime demeure le vôtre.
Je réitère ici ma promesse : nous sommes là pour vous soutenir ! Vous n’êtes pas seuls. Nous sommes à vos côtés.
Ensemble, engageons-nous dans les campagnes de lutte contre les menaces qui pèsent sur la santé mentale et physique de notre jeunesse. Continuons à partager nos réflexions et idées pour lutter contre ce mal social.
Nous y arriverons !
Aimez-vous, rêvez plus grand, travaillez plus, et consommez moins d’alcool.
Familles brisées, amitiés bancales,
Les griffes de l’alcool – une emprise fatale,
Mais dans cette nuit, une lueur palpable !
La force de se libérer de chaines impitoyables.
Alcool : curiosité, plaisir, désir, besoin, dépendance…nous n’arrêterons pas d’en parler.
https://fr.igihe.com/L-alcool-Curiosite-plaisir-desir-besoin-dependance-Parlons-en.html