11.11.08 | 20h57
n procureur a requis mardi devant un tribunal néerlandais à La Haye la prison à vie contre un Rwandais de 40 ans, accusé de crimes de guerre au cours du génocide de 1994, qui a coûté la vie à près de 800.000 Tutsis et Hutus modérés au Rwanda.
Joseph Mpambara "a gravement enfreint le droit humanitaire international. (…) une lourde peine est nécessaire", a déclaré le procureur Hester Van Bruggen, demandant aux juges de condamner l'accusé à "la prison à vie".
Cinq charges de crimes de guerre, commis en avril 1994, ont été retenues contre lui, parmi lesquelles le meurtre de femmes et d'enfants dans une ambulance et le viol de quatre femmes dont il aurait ensuite tué trois, en égorgeant deux d'entre elles, selon l'accusation.
Alors que le procureur évoquait les détails pénibles de ces crimes, M. Mpambara, en chemise à carreaux, est resté impassible. Lors des interruptions d'audience il donnait par contre avec véhémence des instructions à son avocat.
Joseph Mpambara est également accusé de l'agression et de l'assassinat de personnes qui avaient tenté de se réfugier dans l'enceinte d'une église protestante à Mugonero (ouest du Rwanda), de la prise en otage d'une famille et de l'enlèvement et le meurtre d'un groupe d'enfants.
Concluant la description de ces crimes, le procureur a qualifié l'attitude de l'accusé de "sadisme choquant".
Mme Van Bruggen, le procureur, a estimé que la peine maximale était nécessaire pour souligner "l'horreur de la manière dont les crimes ont été commis" et le "manque de regrets de l'accusé", et pour "prévenir les extrémistes qui cultivent encore la haine des Tutsis (…) que leurs crimes ne resteront pas impunis".
M. Mpambara est soupçonné d'être membre des Interahamwe, une milice hutue extrémiste, impliquée dans les massacres de 1994.
Il avait fait en 1998 une demande d'asile aux Pays-Bas, qui a été rejetée. Les autorités néerlandaises ont ouvert une enquête contre lui et il a été arrêté en 2006.
Le procureur avait demandé qu'il soit jugé également pour génocide mais la cour d'appel néerlandaise avait estimé ne pas disposer des éléments nécessaires pour soutenir une telle accusation.
Une loi néerlandaise de "compétence universelle" permet de poursuivre des individus soupçonnés de crimes de guerre s'ils résident aux Pays-Bas.
Les Pays-Bas font partie d'un groupe d'Etats européens qui ont accédé à la demande du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) de poursuivre des individus soupçonnés de génocide devant leur justice nationale.
La défense de M. Mpambara aura la parole la semaine prochaine. Le jugement devrait être prononcé cette année.
Son frère Obed Ruzindana a été condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité par le TPIR en 2001 à Arusha, en Tanzanie, où siège ce tribunal.
Quant à sa soeur Joséphine, elle a été condamnée par la justice rwandaise à la prison à vie pour sa participation au génocide, selon le parquet néerlandais.