Nicolas Sarkozy, Paul Kagame.
AFP/Reuters
Par RFI
Paris et Kigali ont décidé, dimanche, de rétablir leurs relations diplomatiques. Le Rwanda a annoncé également qu’il rejoint Commonwealth.Les autorités rwandaises affirment qu’il s’agit tout simplement d’une « coïncidence » et le ministre français des Affaires étrangères parle d’une « très bonne nouvelle ». Le rétablissement de relations entre les deux Etats pourrait également s’expliquer pour des raisons de politique interne au Rwanda.
Officiellement, le rétablissement des relations entre Paris et Kigali et l’adhésion du Rwanda au Commonwealth n’ont pas de lien entre eux. Mais, pour mémoire, il faut rappeler que le Rwanda avait rompu ses relations diplomatiques avec Paris, fin 2006, après l’émission de mandats d’arrêt par le juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière, qui visaient des proches du président rwandais Paul Kagame. Ils étaient soupçonnés d’avoir pris part à l’attentat en 1994 contre l’avion du président de l’époque, Juvénal Habyarimana. Cet attentat a été considéré comme l’élément déclencheur du génocide dans lequel ont péri selon l’ONU 800 000 personnes, essentiellement d’origine tutsi, entre avril et juillet 1994.
Le président Kagame et le président Sarkozy ont discuté dimanche au téléphone et ont décidé d’entamer immédiatement le processus de normalisation de leurs relations. Paris et Kigali qui se retrouvent et Kigali, donc, qui entre dans le Commonwealth. Pour Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise de l’Information, il s’agit tout simplement d’une « heureuse coïncidence ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner
Pour le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, le rétablissement de relations entre Paris et Kigali est une « très bonne nouvelle ». Depuis deux ans, la France a fait quelques gestes d’ouverture : ministres et émissaires se sont rendus à Kigali et le chef de l’Etat français a rencontré son homologue rwandais a deux reprises depuis 2007. Pourtant cela ne suffit pour expliquer ces retrouvailles qui ont surpris.
L’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy a, sans conteste, permis de réactiver les liens avec Kigali. Cependant, on peut se demander quel motif incite aujourd’hui Paul Kagame à renouer avec Paris. La raison pour laquelle le Rwanda a décidé de rompre les relations diplomatiques existe toujours. Les mandats d’arrêt lancés par la justice française contre neuf personnalités proches de Paul Kagame n’ont pas été levés. Le timing est également surprenant : le Rwanda a choisi d’annoncer le rétablissement de ces relations quelques heures après son admission officielle au Commonwealth.
Louise Mushikiwabo, ministre rwandais de l’Information
Quel objectif vise cette incroyable coup d’accélérateur diplomatique ? Peut-être qu’il est destiné a un usage interne. L’élection présidentielle se tiendra dans neuf mois au Rwanda. Paul Kagame, au pouvoir depuis 15 ans, subit quelques turbulences. En janvier dernier, la décision d’arrêter au Congo voisin le chef rebelle tutsi Laurent Nkunda a suscité beaucoup de remous dans l’armée et au sein même des piliers du Front patriotique rwandais (FPR), le parti au pouvoir. Des rumeurs de coup d’Etat ont même circulé à plusieurs reprises.
En obtenant son entrée dans le Commonwealth et en normalisant ses relations avec Paris, Paul Kagame renforce sa stature d’interlocuteur respectable et incontournable pour la communauté internationale. Ce qui pourrait, selon certains observateurs, lui permettre de mieux verrouiller le système pour échapper à toute nouvelle contestation.
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