Nicolas Sarkozy a, à de nombreuses reprises, précisé que la France était prête à «aider» le Rwanda, mais sans y faire de l’interventionnisme et a plébiscité une aide des autres pays européens et des Etats-Unis. «Le ‘pré carré de la France’, la ‘Françafrique’, cela n’existe plus».
Sur la question du génocide, le président français a parlé de «grave erreur d’appréciation aux conséquences absolument dramatiques», mais n’a pas présenté d’excuses. Il a rappelé que la justice était indépendante en France, et qu’il souhaitait que «les responsables du génocide rwandais soient punis».
Le chef de l’Etat a également annoncé avoir invité le président Kagamé à Nice, lors du prochain sommet France-Afrique à Nice les 31 mai et 1er juin, ce à quoi le président rwandais à répondu favorablement.
Paul Kagamé a conclu la conférence de presse en rappelant «nous devrions assumer la responsabilité de nos problèmes», et ensuite chercher le soutien d’autres pays pour les résoudre. Il encourage les autres pays africains à faire de même, et précise qu’il pense que les pays européens, dont la France, sont dans la même dynamique.
«Au nom du peuple français, je m’incline devant les victimes du génocide des Tutsis» en 1994. Nicolas Sarkozy a signé ce jeudi à Kigali dans le livre d’or du mémorial consacré aux victimes du génocide rwandais. Le chef de l’Etat est arrivé ce jeudi matin pour une visite historique de quelques heures destinée à tourner la page, seize ans après le génocide, du lourd contentieux qui empoisonne les relations entre la France et le Rwanda.
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Le président est arrivé à Kigali à 10h30 locales (9h30 heure française), venant de Bamako où il a fait un détour imprévu pour rencontrer l’ex-otage français Pierre Camatte et le président malien Amadou Toumani Touré.
Dépôt de gerbe
Le chef de l’Etat français doit entamer son bref séjour rwandais par un dépôt de gerbe au mémorial des victimes du génocide, avant de retrouver le président Paul Kagame pour un entretien, une conférence de presse conjointe puis un déjeuner.
La visite de Nicolas Sarkozy, la première d’un président français depuis le génocide de 1994, intervient trois mois après la reprise officielle des relations diplomatiques entre les deux pays. Kigali avait rompu ses relations diplomatiques avec Paris fin 2006, après l’émission de mandats d’arrêt contre 9 proches du président rwandais, soupçonnés d’avoir fomenté l’attentat qui a coûté la vie en 1994 à son prédécesseur, Juvenal Habyarimana, déclenchant un génocide qui a fait 800.000 morts, en grande majorité d’ethnie tutsi.
Accusations contre la France
Le Rwanda a riposté en publiant en août 2008 un rapport mettant en cause une trentaine de chefs politiques et militaires français de l’époque pour avoir «participé à l’exécution» du génocide. L’actuel régime de Kigali, issu de la rébellion à majorité tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), accuse depuis 1994 la France d’avoir été complice du génocide en soutenant le régime précédent hutu de Habyarimana face au FPR de Paul Kagame. Paris a toujours farouchement rejeté ces accusations.
Dès son élection en 2007, Nicolas Sarkozy avait annoncé son intention de renouer avec plusieurs pays africains en délicatesse avec la France, dont le Rwanda. Mais, malgré deux rencontres avec Paul Kagame et la volonté affichée des deux parties de «tourner la page», la réconciliation a buté sur le refus de Paris d’enterrer la procédure Bruguière. Jusqu’à ce que plusieurs décisions de la justice française rassurent Kigali, ouvrant la voie à une reprise des relations diplomatiques en novembre dernier.
Excuses?
Même si la réconciliation annoncée entre les deux pays a été largement saluée, son prix continue de nourrir les inquiétudes. Si officiellement, les autorités rwandaises se disent prêtes à tourner la page, nombreux sont ceux à Kigali qui attendent de Nicolas Sarkozy qu’il reconnaisse les torts de la France. A Paris en revanche, les personnalités politiques et les militaires en fonction en 1994 redoutent que le chef de l’Etat n’aille trop loin. Dans ce contexte, les gestes et surtout les paroles de Nicolas Sarkozy jeudi à Kigali seront observés à la loupe.