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La renaissance d’une presse extrémiste a vu le jour lorsque le président Habyarimana a accepté de mettre en place le pluralisme politique et la liberté de la presse au Rwanda  suite à la conférence de la Boule en France où le Président François Mitterrand a mis les pressions aux présidents africains afin de démocratiser l’ Afrique où régnait les systèmes dictatoriaux.

Lors du déclenchement de la guerre d’octobre 1990 par le FPR Inkotanyi, l’opinion publique fut manipulée par politiciens extrémistes Hutu qui se servaient de la presse publique  et surtout le journal Kangura d’Hassan Ngeze . Selon le dialogue no 188 « on connaît le rôle joué  par Kangura dans la dénonciation des personnes soupçonnées de complicité avec le FPR en octobre 1990. Ce journal dressait des listes de « complices ». La police judiciaire appréhendait aussitôt le journal sorti de l’imprimerie. Certains ministres perdaient leurs portefeuilles sur simple dénonciation du journal Kangura. » (Dialogue no 6).

Kangura ; premier médium  de thèses  extrémistes contre les Tutsi

L’histoire des médias de haine entre les composantes de la société au Rwanda date depuis la colonisation mais le Kangura fut le tout premier journal qui a révélé les thèses du génocide des batutsi.  Kangura est le premier journal qui diffusait les rumeurs et les thèses extrémistes  à l’encontre des Tutsi.

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Il allait même beaucoup plus loin dans son numéro du 6 décembre  1990 où il a publié un véritable bréviaire de la haine ethnique « les dix commandements des Hutu » Citons en quelques-uns :

Tout Hutu doit savoir que la femme Tutsi où qu’elle soit travaille à la solde de son ethnie. Par conséquent, est traître tout Hutu :

Qui épouse une femme Tutsi ;

Qui fait une femme Tutsi sa concubine

Qui fait une Tutsi sa protégée

Tout Hutu doit savoir qu’un Tutsi est malhonnête dans les affaires. Il ne vise que la suprématie de son ethnie. Par conséquent, est traître tout Hutu :

Qui fait alliance avec les Tutsi dans ses affaires ;

Qui prête ou empreinte de l’argent à une entreprise d’un Tutsi ;

Qui accorde aux Tutsi des faveurs dans leurs affaires.

C’est au cours de l’année 1992 que naissent une multitude de journaux extrémistes au Rwanda. C’était la même année que le parti extrémiste CDR (Coalition pour la Défense de la République vit le jour, mit sur pied par les membres influents du « réseau zéro », et lance le journal le Nouveau Magazine Zirikana. Le journaliste d’opposition de Radio Rwanda Straton Byabagamba est assassiné par les membres de la CDR.

L’année 1992 marque un progrès audiovisuel au RWANDA et Radio Muhabura (du nom du volcan) du FPR et la Télévision Rwandaise virent le jour. Radio Muhabura était mise sur pied par les membres d’ Inkotanyi. Elle aurait  commencé à émettre à partir de l’Ouganda. Pour capter cette radio, la population qui était à l’intérieur du Rwanda l’écoutait en cachette pour qu’elle ne soit pas considérée comme les « complices du FPR ».Quant à la télévision rwandaise, elle émet trois soirées par semaines, à part les week-ends. La télévision était suivie par une petite partie de la ville de Kigali et de grandes agglomérations.

mais il y avait certains dérapages ethniques. Cependant, à la mise en place du Gouvernement de Coalition, en avril 1992, qui permet à l’opposition de gérer la Ministère de l’Information, Nahimana Ferdinand perd son poste de Directeur de l’ORINFOR.

Comme les médias publics ne semblaient pas véhiculer  comme il faut l’idéologie de Habyalimana et ses membres de l’Akazu, les proches du président décidèrent de créer une radio manipulé par lui et ses amis. C’est ainsi que Radio Télévision des Milles Collines est née.

La naissance de la Radio Télévision Libre de Milles Collines

Elle commença à émettre en avril 1993. Les actionnaires de la RTLM sont des hommes politiques, des commerçants et des partisans de la CDR. Après deux mois seulement, la RTLM était capable de couvrir tout le territoire du Rwanda, juste à la signature de paix d’Arusha. Au début, elle émettait de la musique et les émissions d’animation. Grâce aux hauts commerçants du pays et les hommes politiques de l’époque, la RLTLM et les journaux extrémistes assurent une information quotidienne tandis que les titres d’opposition se heurtent à différentes difficultés financières ainsi qu’aux intimidations du régime. Au fur et à mesure, la RTLM commence à diffuser l’idéologie génocidaire, juste après l’assassinat du président Ndadaye du Burundi. La RTLM condamne le FPR et refuse les accords de paix d’Arusha. Dès lors cette radio incendiaire commence à accuser les Tutsi et les Hutus opposants du régime d’être complices de la situation que le pays traverse à l’époque.

Le rôle de la  presse pendant le génocide d’avril 1994

La RTLM annonce en premier la mort du président Habyalimana. Au lieu de d’appeler la population à la sauvegarde de la paix dans le pays, elle condamne les Tutsi et quelques Hutu de l’opposition  comme complice de l’attentat. Ainsi elle appelle, par les ondes de la RTLM, d’exterminer ce qu’elle a appelé les ennemis du pouvoir. J.P. Chrétien note à ce propos : « Cependant, la Radio opère très vite un changement de stratégie, appelant à liquider les Inyenzi du FPR, les complices (ibyitso), les traitres (Hutu démocrates) et tout ce qui leur donne refuge et assistance ».

Après la mise en place du Gouvernement sanguinaire de Sindikubwabo Théodord, la RTLM émet 24h/24 en vue d’accélérer le génocide. Marie Soleil Frère écrit que la RTLM a accompagné et encouragé les actes de barbaries contre les Tutsi « Elle accompagne, guide, encourage le travail des milices qui débutent l’exécution systématique des personnalités de l’opposition puis tous les Tutsi qualifiés d’ennemis de l’intérieur, tous de mèche avec les assassins du président. Elle pousse son auditoire à passer à l’acte, à rejoindre les rangs des Interahamwe brandissant l’argument de la légitime défense, faisant croire à son public qu’il n’y a qu’une alternative : c’est tuer ou être tué ».

Durant le génocide, la RTLM comme le journal Kangura avait incité la société rwandaise à l’extermination des Tutsi et les opposants du régime considérés comme « ennemis » de la République ce qui est contraire à d’autres génocide qui ont marqué ce siècle. A ce propos J.P. Chrétien note « Ni les autorités turques lors du massacre des arméniens ni le pouvoir des Nazis n’ont laissé se développer une propagande appelant ouvertement à l’extermination. Mais une des spécificités du génocide au Rwanda est son caractère massif et public, ses organisateurs cherchent à impliquer le plus grand nombre possible de Hutu dans la dénonciation et les massacres. Les animateurs de la RTLM, sur leur lancée extrémiste, n’hésitent pas davantage à briser le tabou du non-dit ».Quant à Radio Rwanda, elle a joué un rôle important pendant le génocide car elle a été occupée par les journalistes extrémistes après l’attentat de l’avion tandis que les journalistes modérés ont quitté la Radio et que d’autres ont été occasionnés. Comme son homologue RTLM, Radio Rwanda diffusait des communiqués exigeant à la population rwandaise de rester à la maison et elle demanda la population d’encourager les forces armées rwandaises.

Par M.François

Publié le 27/04/2016 par rwandaises.com