COMMUNIQUE DE PRESSE DU CPCR
(COLLECTIF DES PARTIES CIVILES POUR LE RWANDA)

 

 

Inquiétudes et Interrogations

Après la décision de la cour d’appel de Paris de remettre en liberté des accusés Wenceslas Munyeshyaka et Laurent Bucyibaruta

 

 

En date du 1er août 07, la cour d’appel de Paris a pris la décision de remettre en liberté M Laurent Bucyibaruta (voir photo ci-dessous) et M Wenceslas Munyeshyaka, interpellés et placés en détention le 20 juillet 07, à la demande du tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) qui désire les voir juger pour leur rôle présumé dans le génocide des Tutsi du Rwanda, d’avril à juillet 1994.

 

Le TPIR a inculpé Laurent Bucyibaruta, ancien préfet de Gikongoro, de génocide, incitation à commettre un génocide, extermination, meurtre et viol. Ancien curé de la paroisse Sainte Famille de Kigali, Wenceslas Munyeshyaka, déjà condamné au Rwanda par contumace à la prison à vie pour complicité de génocide et viol, le prêtre rwandais est, lui aussi, inculpé par le TPIR.

 

Interrogations, Inquiétudes…

Les deux accusés ont trouvé refuge en France depuis la fin du génocide et vivent dans une tranquillité qui tranche avec la gravité des crimes qui leur sont reprochés. Ils ont recouvré leur liberté. La décision de la cour d’appel de Paris tient de l’ordre de la procédure. En effet, le bucyibaruta.jpgprocureur du TPIR avait demandé et obtenu de la France, l’arrestation et la détention de M Bucyibaruta et M Munyeshyaka, en attendant de statuer sur les conditions de leurs procès : Allaient-ils être jugés en France ? Etre extradés vers le TPIR en Tanzanie ? Ou encore être remis aux autorités judiciaires rwandaises qui en avaient fait la demande ? Combien de temps cela allait-il prendre ? A toutes ces questions, aucune réponse précise ne pouvait encore être fournie. La défense n’a pas manqué d’exploiter cette faille et la cour d’appel de Paris ne pouvait que se rendre à l’évidence : Sans se prononcer sur le fond de l’accusation, elle a constaté la présence d’un vice de procédure !

 

Le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda exprime ici son interrogation et son inquiétude : après 13 ans d’existence, le tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) est en devoir d’expliquer un tel dysfonctionnement et d’y remédier dans les meilleurs délais. Autrement, comment imaginer que le procureur du TPIR, avec son équipe, n’aient pas décelé, par avance, l’impossibilité d’obtenir le maintien sine die en détention d’un juge français, soucieux d’appliquer la loi, dans le respect du droit ? Doit-on craindre une erreur due à l’incompétence ou doit-on s’interroger sur une démarche anormalement empreinte de précipitation voire d’amateurisme ? Le doute n’a-t-il place maintenant quant à la volonté du TPIR de voir aboutir la procédure ?

 

Que la justice française fasse son travail !

D’autres plaintes se trouvent sur les bureaux des juges français ! Nous, citoyens français et rwandais, rassemblés au sein du Collectif des parties civiles pour le Rwanda, prenons acte de cet épisode et regrettons publiquement cette légèreté dans la gestion d’un dossier grave et douloureux.

 

Assisté par Maîtres Laval, Sophie Duchaumet, d’une part et de Maître Foreman de l’autre, le CPCR a porté plainte contre l’abbé Wenceslas Munyeshyaka et contre Laurent Bucyibaruta, ancien préfet de Gikongoro. Nous demandons que la justice fasse son travail ! Nous parlons de génocide et des organisateurs de génocide… Le silence, l’indifférence ou la passivité font de nous des complices ! Nous réclamons, activement, la JUSTICE !

 

 

Août 2007

Pour le CPCR

Alain Gauthier, président.

 

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