L'Union Européenne envoie au Rwanda une mission de quelques 80 observateurs, le plus gros contingent d'observateurs internationaux pour les élections parlementaires prévues du 15 au 18 septembre de cette année, rapporte l'Agence Rwandaise d'Information (ARI).

« Nous n'avons pas d'allégeance politique ou de préférence, nous nous occupons de toutes les questions pertinentes en ce qui concerne le processus électoral dans son ensemble, y compris la campagne, les performances de l'administration électorale, le rôle du pouvoir judiciaire et l'environnement général dans lequel les élections ont lieu. Nous sommes ici pour observer les élections et non pour nous en mêler », a déclaré à la presse Michael Cashman, chef de la Mission des observateurs européens qui est par ailleurs membre britannique du parlement européen.

A propos de l'équité du processus électoral, des enjeux de ces élections boycottées par l'opposition en exil pour déficit démocratique; Michael Cashman préfère attendre l'issu du scrutin pour porter un jugement.

« Je dois être prudent dans les réponses que je donne à vos questions. Il ne faut pas que je dise plus tard l'inverse de ce que j'ai dit plutôt. La mission publiera une déclaration préliminaire dans les 48 heures de la clôture du scrutin. Ceci permet d'apporter au public notre évaluation du processus jusqu'à ce stade – d'où son caractère préliminaire», dit-il.

«Il est clair que des éléments importants du processus ont lieu après la clôture du scrutin, par exemple, la finalisation des résultats, et les plaintes qui pourraient surgir et les procédures de recours. Ainsi, un rapport final ne sera publié que dans l'intervalle de 1 à deux mois plus tard. Ce rapport fera état de l'appréciation globale de l'ensemble du processus électoral et comprendra, le cas échéant, une série de recommandations succinctes», a-t-il ajouté.

Il est à noter que ces observateurs de l'Union Européenne ne seront pas seuls sur le terrain car ces législatives devront être supervisées par 3000 observateurs étrangers. Un chiffre sensiblement élevé car dans les précédentes législatives il n'y avait que 2000 observateurs.

Au regard de la Constitution, tous les partis agréés au Rwanda doivent appartenir au Forum des Formations Politiques (FFP) dirigé depuis 1994 par le FPR (Front Patriotique Rwandais, parti au pouvoir). Les forces d'opposition en exil parlent d'un multipartisme de façade qui renforce la position du FPR. Le concepteur de cette mode de gestion évoque la nécessité de recherche permanente du consensus entre les formations politiques.

«Le parlement européen dont je suis membre travaille également sur le principe de recherche du consensus entre les parties en présence. Ce n'est pas nouveau, ça se passe aussi ailleurs. Je vais voir comment cette notion du consensus est utilisée pour faire avancer la démocratie au Rwanda», a réagi Michael Cashman.

A propos de l'engouement populaire pour ces élections, Michael Cashman dit qu'il appartient aux médias d'informer la population sur les tenants et aboutissants des élections. «Une des attributions des médias en période électorale, c'est la conscientisation et l'éducation civique des électeurs», a-t-il déclaré.

Au Rwanda, les députés sont élus au scrutin des listes bloquées présentées par leurs partis politiques. Une frange de l'opinion publique voudrait qu'ils soient élus directement par la population qui est supposée connaître ses représentants dans la chambre des députés. Cet aspect expliquerait également le peu d'enthousiasme pour les élections qui se profilent à l'horizon.

L'inscription aux listes d'électeurs et de demande de la nouvelle carte d'identité s'étant fait le même jour, beaucoup se sont inscrits à la première pour obtenir la carte d'identité. Des messages selon lesquels celui qui n'est pas inscrit sur la liste d'électeurs n'allait pas obtenir la carte d'identité ont été mis à contribution pour accroître le taux de participation de la population aux législatives de 2008.

L'Union Européenne a déjà envoyé au Rwanda une Mission d'Observation Electorale dans les élections générales de 2003 mais n'avait pas voulu les financer. Dans son Rapport final intitulé « l'ordre et le calme règne, la démocratie n'en est pas pour autant assurée », cette Mission avait constaté que le jeu politique était figé au profit du parti au pouvoir.

«Un certain nombre de recommandations avaient été faites. Nous allons analyser dans quelle mesure les recommandations précédentes ont été adoptées », a indiqué Michael Cashman.

Michael Cashman est assisté dans sa tâche par l'équipe cadre, constituée de huit experts électoraux. Ils seront ensuite rejoints par 20 observateurs long terme, qui seront déployés à partir du 1er août 2008. 50 observateurs court terme seront également déployés quelques temps avant les élections.

Les principaux objectifs de cette mission sont : Rehausser la confiance du public quant au processus électoral, empêcher la fraude électorale, renforcer le respect des libertés fondamentales et des droits politiques, et enfin mener une évaluation globale du processus électoral conformément aux normes internationales.

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