EDITORIAL – Kinshasa – Kigali : on progresse
(Le Potentiel 17/11/2008)

Trois rencontres ou visites de travail en l’espace de deux semaines. Du jamais vu entre Kinshasa et Kigali depuis plus d’une décennie. Et pourtant, c’est ce qui vient d’être constaté. Le ministre congolais des Affaires étrangères s’est rendu par deux fois à Kigali, porteur d’abord d’un message personnel du président Kabila à son homologue rwandais, ensuite s’entretenir avec la ministre rwandaise des Affaires étrangères. De son côté, la diplomate rwandaise avait séjourné du 31 octobre au 1er novembre à Kinshasa pour une réunion bilatérale.

Certes, il existe encore des divergences sur les approches à adopter dans le cadre du rapprochement entre la République démocratique du Congo et le Rwanda dans la recherche de la paix dans la région de Grands Lacs. Mais l’accord intervenu le week-end dernier à Kigali constitue un pas important qui vient d’être franchi dans la perspective de restaurer le climat de confiance entre le deux capitales. Bien sûr qu’il ne faut pas se montrer naïf, au regard du parcours tumultueux emprunté jusqu’ici. Toujours est-il qu’il a été convenu d’autoriser la présence des officiers de renseignements militaires rwandais à venir en RDCc pour constater les efforts déployés par la partie congolaise en vue de convaincre les rebelles rwandais à regagner leur pays.

Souffrez que l’on rappelle que la partie rwandaise a toujours accusé la partie congolaise de soutenir les ex-FAR/Interahamwe, allant jusqu’à affirmer qu’ils combattaient aux côtés des FARDC qui les utiliseraient comme des supplétifs. Pour démontrer sa bonne foi, Kinshasa, lors de la rencontre bilatérale d’octobre et novembre, avait proposé le principe de la participation des officiers de renseignements rwandais dans les opérations planifiées par les FARDC et la MONUC contre les ex-FAR/Interahamawe. C’est cette proposition qui vient d’être entérinée à Kigali.

Mais Kinshasa et Kigali ne doivent pas s’arrêter en si bon chemin. En fait, Kinshasa vient de faire là une concession de taille en tolérant la présence des officiers rwandais en RDC. En revanche, Kigali devra adopter la même attitude de compréhension, dans un élan de franchise et de sincérité pour arrêter son soutien au CNDP. Démobilisés rwandais ou pas qui combattent aux côtés du CNDP, ce sont avant tout des Rwandais, des militaires par surcroît, et Kinshasa n’a pas des éléments ou la capacité de faire la distinction entre militaires actifs et démobilisés rwandais. Il s’agit plutôt là d’un aveu de la part du Rwanda qu’il soutient bel et bien le CNDP. Le moment est venu d’y mettre un terme conformément à l’esprit de l’Accord de Nairobi.

Au demeurant, il revient aux deux parties de prouver leur volonté de restaurer ce climat de confiance essentiel et nécessaire au rétablissement des bonne relations entre les deux pays. La réponse à cette crise qui caractérise la région des Grands Lacs passe par cette voie. Le souhait est de voir Kinshasa et Kigali persévérer dans cette direction. On vient donc de noter là un premier progrès.

Par Le Potentiel