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By Administrator   
Tuesday, 25 November 2008

Kigali: L’association «Survie» qui se bat contre les méfaits de la françafrique redoute que la volonté de normalisation des relations entre Paris et Kigali n’éclipse le rôle de l’Etat français dans le génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda en 1994, rapporte l’Agence Rwandaise d’Information (ARI). 

« Il ne faut pas en effet que la question de l’attentat contre l’avion [de l’ex président rwandais Habyarimana], qui mérite d’être résolue par un travail d’enquête irréprochable, obnubile les esprits et efface, comme le veulent certains, celle, infiniment plus grave, de la complicité française dans l’exécution du génocide des Tutsi au Rwanda, qui n’avait rien d’improvisé », annonce un communiqué de l’association française « Survie ».

C’est suite à cet attentat que la veuve du mécanicien français navigant à bord de l’avion présidentiel porte plainte en 1997. Le parquet de Paris ouvre une information judiciaire en mars 1998, alors qu’au même moment une mission d’information parlementaire est menée de mars à décembre 1998 sur la politique et l’engagement militaire français au Rwanda de 1990 à 1994. L’instruction est confiée au juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière.

Survie dénonce cette instruction exposant seulement une conviction partisane, faite uniquement à charge et sur une seule hypothèse qui a abouti en novembre 2006 à une ordonnance du juge, suivie de la délivrance par le parquet de 9 mandats d’arrêt contre des membres de l’entourage du président rwandais Paul Kagame soupçonnés d’avoir participé au dit attentat.

La délivrance de ces mandats est à l’origine de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays par le Rwanda et de l’arrestation de Rose Kabuye le 9 novembre en Allemagne.  

Survie rappelle que la Mission d’information du parlement français sur le Rwanda a tenté d’apporter un éclairage sur la période du génocide, mais qu’elle a esquivé, dans les conclusions de son président Paul Quilès, les conséquences sévères des faits qui lui ont été exposés et qui exigeaient des enquêtes approfondies pour révéler les tenants et aboutissants d’une politique qui a conduit au pire.  

En s’adressant aux députés lundi le 24 novembre, la chef de la diplomatie rwandaise Rosemary Museminali a parlé des relations entre le Rwanda et la France et a réagi sur les récentes déclarations de Bernard Kouchner sur le procès de Kabuye en disant que le Rwanda se réjouirait du rétablissement des relations diplomatiques avec la France tout en soulignant que ce que les rwandais refusent « ce sont des relations basées sur le mépris ».

Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait souhaité que l'inculpation en France de Rose Kabuye, une proche du président Kagame, puisse faciliter une reprise des relations diplomatiques entre Paris et Kigali. Fin.