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Le porte-parole des rebelles hutu rwandais, le lieutenant-colonel Edmond Ngarambe, le 26 novembre 2008 à Lushebere (République démocratique du Congo)
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LUSHEBERE (AFP) – dimanche 30 novembre 2008 – 11h42 Depuis les collines de l'est de la République démocratique du Congo (RDC), le porte-parole des rebelles hutu rwandais, le lieutenant-colonel Edmond Ngarambe, exige la fin de la "dictature" au Rwanda et une "justice équitable" avant tout retour au pays de ses éléments.

La rébellion des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) opère dans l'est de la RDC depuis le génocide anti-tutsi de 1994 au Rwanda et est considérée comme un grand facteur d'insécurité dans la région.

Le lieutenant-colonel Ngarambe, un homme à la silhouette robuste, membre du mouvement depuis 1998, reçoit l'AFP pour un de ses rares entretiens, dans sa "résidence" sur les monts de Lusherebe, à environ 60 km de la frontière rwandaise.

Attitude affable et voix forte émaillée de rires retentissants, il arbore un pistolet à la ceinture, une tenue de camouflage et des bottes en plastique rompues aux interminables marches dans les forêts des provinces congolaises du Nord et du Sud-Kivu de sa rébellion, estimée à 6.000 combattants.

Le porte-parole, 40 ans et père de quatre enfants en exil, désigne une montagne à 7 km: la ligne de front avec le chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda, qui affirme se battre notamment pour chasser les FDLR.

Certains rebelles hutus ont participé au génocide, qui a fait 800.000 morts selon l'ONU, essentiellement parmi la minorité tutsi.

Depuis la reprise des combats fin août dans le Nord-Kivu, les FDLR se retrouvent dans un jeu d'alliances complexes. Selon l'ONU, elles collaborent avec l'armée congolaise contre M. Nkunda, que Kinshasa accuse d'être soutenu par le Rwanda.

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Le chef rebelle tutsi congolais Laurent Nkunda (D), le 29 novembre 2008 à Jomba (République démocratique du Congo)
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M. Ngarambe nie toute coopération, parlant simplement de "cohabitation" avec les forces congolaises. Par contre, lance-t-il, "Laurent Nkunda est la marionnette de Kigali. Il n'a d'autre but en nous combattant que d'effacer toute opposition au régime de Kigali".

"Si Kinshasa aidait les FDLR autant que Kigali aide Nkunda, nous serions très forts, et nous marcherions sur Kigali en deux jours!"

"75% des terres du Nord-Kivu appartiennent à des Rwandais. Nkunda se bat pour gérer ces terres", assure-t-il aussi.

Pour leur part, les FDLR ont toujours pour "objectif de rentrer" au Rwanda. "Mais il n'y a pas de sécurité pour nous au Rwanda, c'est une dictature", accuse-t-il.

"Celui qui ne veut pas s'agenouiller devant le régime est considéré comme un ennemi: nous appelons au départ (du président rwandais Paul) Kagame".

Autre condition à leur retour: l'instauration d'une justice "équitable" pour les auteurs du génocide. Le porte-parole fustige ainsi les tribunaux populaires gacaca où "seuls les Hutu sont désignés génocidaires".

Le lieutenant-colonel admet que les rangs des FDLR comptent des "présumés génocidaires". "Des éléments sont prêts à se rendre, mais ils n'ont pas confiance dans la justice de Kigali."

Il exige également que soient jugés les crimes présumés du Front patriotique rwandais (FPR), l'ex-rébellion tutsi ayant mis fin au génocide et aujourd'hui au pouvoir. "Le FPR n'a pas occupé (le pays) par la Bible, mais par les armes! On ne dit rien sur les représailles du FPR après le génocide", déplore-t-il.

Evoquant le plan de neutralisation des FDLR adopté fin 2007 par la RDC et le Rwanda, il juge "malheureux" que les FDLR "soient toujours les boucs émissaires de l'insécurité dans la région".

"Nous sommes pourchassés, on ne nous parle que de neutralisation forcée, alors qu'avec les rebelles ougandais ou burundais, on négocie", note-t-il, en réclamant "l'ouverture d'un dialogue".

En début de soirée, il s'enfonce dans la nuit, une radio plaquée sur l'oreille, absorbé par un programme consacré aux laborieuses négociations de paix entre rebelles et gouvernement au Burundi voisin.