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Au Rwanda, Barack Obama, candidat démocrate aux élections américaines du 4 novembre prochain, compte de nombreux supporters, en particulier chez les jeunes. Dans ce pays encore traumatisé par le génocide, c’est avant tout l’"homme de paix" qui est plébiscité.
"Les Républicains aiment les guerres. Les Démocrates se soucient des problèmes sociaux. Obama pense au Darfour, au Zimbabwe. Il n’hésitera pas à subvenir aux besoins des victimes du génocide rwandais", soutient Alexandrine, qui porte un T-shirt à l’effigie de son idole.
Dans la chambre de Dukurizimana J. Fichery, étudiant en communication, on trouve des posters d’Obama et des livres (I love Barack Obama). Sur son ordinateur portable, photos et vidéos du candidat défilent en boucle.
"Chaque jour, nous rassemblons des informations pour connaître son avancée dans la campagne", explique J. C. Hashakineza, un étudiant qui partage la même chambre et le même enthousiasme que Fichery. Informés, ces jeunes prêchent ensuite la bonne parole auprès de leurs amis qui n’ont pas Internet.
Certains sont même persuadés, bien que vivant à des milliers de kilomètres des USA, de pouvoir influencer les électeurs américains. C’est le cas de cet étudiant qui, en octobre dernier, a écrit un article ("Les Rwandais disent ’oui’ à la campagne d’Obama") pour un journal canadien.
Rêves et ferveur
Au Rwanda, le sénateur noir de 47 ans, de père kenyan et de mère américaine, suscite des réactions plus qu’enthousiastes… Certains le voient en effet comme une sorte de super héros qui a vécu hier la misère et demain la vaincra en Afrique, en agissant comme un enfant ou un frère, en faveur de son continent. Alors qu’il n’est que candidat, certains sont déjà persuadés que sa magie commence à opérer. Rien qu’avec sa campagne, le prix du pétrole commence à diminuer !", se félicite ainsi J. Bosco Munyaneza, un motard de Butare (Sud).
Pour les jeunes Rwandais, l’influence de la superpuissance économique américaine, a fortiori si elle dirigée par leur champion, sera dans les mois à venir déterminante. "Dans sa campagne, Obama dit qu’il veut nous trouver du travail", relève une autorité locale.
"Peut-être serons-nous demain un seul et même pays avec le Kenya ?", envisage un jeune, faisant référence à des plans de la communauté de l’Afrique de l’Est sur la création, un jour, d’une union monétaire, douanière et constitutionnelle entre ses membres (dont le Kenya et le Rwanda) qui deviendraient ainsi des États fédérés.
Si certains intellectuels (étudiants, professeurs, etc.) imaginent que le rêve de Martin Luther King d’un monde sans racisme va bientôt se réaliser, les villageois ont des attentes plus terre-à-terre. "Une fois élu, Barack Obama donnera de l’argent à notre président, qui, à son tour, nous donnera des vaches", pronostique Émérence, une quinquagénaire, en référence au programme "Une famille pauvre, une vache ", lancé il y a quelques mois par Paul Kagame.
Les espoirs sont grands, la ferveur aussi. "Si j’étais américaine, je voterais pour Obama non pas une, mais deux fois", résume Élisabeth Musonera. (Source : JADE CAMEROUN*)
FIN/IPG/LMP/2008
Par Jean de la Croix Tarbaro
