Comme on pouvait s’y attendre, et malgré les lourdes charges qui pèsent contre lui, Isaac KAMALI, recherché par la justice rwandaise pour participation au génocide perpétré au Rwanda en 1994, arrêté aux USA puis à son retour à Paris le 22 juin 2007, ne sera pas extradé vers le Rwanda. La justice française vient d’en décider ainsi. Cette décision ne surprendra personne quand on sait que l’extradition de Claver KAMANA, hébergé chez les Religieuses de Saint Joseph à Annecy, a été annulée par la Cour de Cassation, et que la Cour d’Appel de Toulouse a refusé de prononcer l’extradition à l’encontre de Marcel BIVUGABAGABO. Un dernier cas est venu tout récemment s’ajouter aux trois précédents puisque Pascal SIMBIKANGWA, arrêté à Mayotte le 28 octobre pour trafic de faux papiers, et faisant lui aussi l’objet d’un mandat d’arrêt international, a vu son extradition vers le Rwanda refusée par le Tribunal Supérieur d’Appel (TSA) de Mamoudzou le 14 novembre dernier.

 

         Puisque la justice française estime qu’on ne peut décemment renvoyer au Rwanda des personnes qui auraient participé au génocide pour la simple raison qu’on ne peut faire confiance à la justice rwandaise, on peut s’interroger sur le sort qui va être réservé à ces présumés génocidaires. Comme il serait normal, le Parquet pourrait décider de poursuivre, mais jusqu’à maintenant il ne nous a pas été possible de savoir si c’était son intention. S’il ne le fait pas, nous verrons des présumés génocidaires retourner auprès de leurs « bienfaiteurs » et continuer à mener une existence paisible. Cette situation serait extrêmement scandaleuse dans la mesure où elle laisserait croire que l’on peut commettre des crimes odieux en toute impunité. Ce n’est pas l’idée que nous nous faisons de la justice.

 

         Si tel était le cas, le Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda se verra dans l’obligation de se lancer à son tour dans l’arène et de déposer des plaintes au plus vite afin que justice soit rendue aux victimes et aux rescapés du génocide. Comme nous aimons à le rappeler en effet, seule la justice, en nommant le crime et le criminel, pourra rendre leur dignité à tous ceux qui ont été victimes de l’innommable barbarie.

 

A Reims le 10 décembre 2008.

 

                            Alain GAUTHIER, président du CPCR

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