Alors que les pourparlers de paix entre le gouvernement et les représentants de Laurent Nkunda doivent reprendre à Nairobi le 7 janvier, la crainte renaît à Goma. En effet, les forces gouvernementales et la rébellion s’accusent mutuellement d’opérer des mouvements de troupes à proximité du camp de réfugiés de Kibati, à 15 km au nord de Goma. Laurent Nkunda a écrit à la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) pour accuser l’armée d’envoyer des renforts sur cet axe dont son mouvement s’était retiré. Les observateurs onusiens n’ont pas confirmé cette information.
En revanche, l’inquiétude monte à propos du comportement du CNDP (congrès national pour la défense du peuple) qui, selon certaines sources, aurait l’intention, au cours des prochains jours, de forcer le départ des contingents de la Monuc installés sur le territoire passé sous son contrôle. Des informations (non confirmées) font état de renforts venus du Rwanda, qui s’élèveraient à 8500 hommes. La perspective d’une attaque des bases de la Monuc par la rébellion inquiète vivement les organisations humanitaires, des Italiens ayant déjà été pris sous le feu du CNDP, et l’accès aux déplacés devient de plus en plus difficile.
Par ailleurs, parallèlement à l’armée gouvernementale qui avait subi de cinglantes défaites en octobre et novembre et n’aurait plus bougé depuis lors, des groupes de combattants Mai Mai se réorganisent, ayant eux aussi reçu des renforts, (certaines sources font état de 2000 enfants…)et ils se prépareraient à passer à l’assaut de Kiwandja et Rutshuru, deux localités tombées aux mains du CNDP.
La Monuc est particulièrement inquiète par la proximité des zones de front : à Kibati, moins de 150 mètres séparent les belligérants avec, entre les deux camps, des déplacés terrorisés. Alors que le CNDP a refusé samedi dernier de signer une déclaration conjointe de cessation des hostilités avec des représentants du gouvernement et a même refusé de s’engager à respecter son propre cessez le feu décrété fin octobre, l’armée congolaise a mis en garde contre un « risque d’affrontement imminent ».
Ce regain de tension survient alors que le Conseil de Sécurité vient d’élargir le mandat de la Monuc et de l’autoriser à utiliser « tous les moyens nécessaires » pour s’acquitter de ses missions. Ce feu vert politique ne signifiant pas, dans l’immédiat en tous cas, un renforcement des capacités militaires de la Monuc, les belligérants risquent de vouloir profiter du fait que les renforts promis ne sont pas encore arrivés, d’autant plus qu’aucune force européenne n’a été consentie pour favoriser cette soudure…

 

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