Le président centrafricain, François Bozizé, vient de limoger son vice-ministre des Affaires étrangères en charge de la Coopération, Saifee Durbar, qui perd ainsi l’immunité diplomatique qui le protégeait de sa condamnation en France pour escroquerie. Sa nomination en janvier dernier avait attiré les foudres de Paris qui venait de condamner monsieur Durbar, et son limogeage intervient alors que Bozizé s’apprête à défendre son dossier de Pays pauvre très endetté (PPTE) auprès du Fonds monétaire international (FMI), pour lequel le soutien français ne serait pas superflu.

Les relations diplomatiques entre la France et la République Centrafricaine devraient se trouver allégées avec le limogeage du vice-ministre centrafricain des Affaires étrangères, Saifee Durbar, recherché par la justice française, même si cette décision semble intéressée.

Nommé à ce poste le 19 janvier dernier alors que la justice française avait émis un mandat d’arrêt à son encontre, Saifee Durbar bénéficiait jusqu’alors de l’immunité diplomatique qui lui conférait ses fonctions au ministère des Affaires étrangères.

Cet homme d’affaires indo-pakistanais a été condamné par le tribunal de grande instance de Paris en 2006 à trois ans de prison ferme et 375 000 euros d’amende pour tentative d’escroquerie, une condamnation confirmée en appel en 2007. Un mandat d’arrêt avait aussitôt été émis à son encontre.

Il aurait fait miroiter à des investisseurs des rendements mirifiques puis il a fait main basse sur les fonds, un dossier qui parle de sociétés fictives, de pierres précieuses et de banques à capitaux iraniens. L’affaire porte sur plusieurs millions de dollars, mais lui a toujours clamé son innocence.

A Bangui, le nom de Saifee Durbar revient également dans plusieurs affaires difficiles à cerner qui touchent au diamant, à l’or, au fer ou à l’uranium. Cet ancien conseiller du président Patassé aurait également entravé les activités et les perspectives du groupe français Areva en RCA, obtenant même selon des sources concordantes un permis d’exploration dans la même zone que la société française.

Sa nomination par Bozizé en janvier dernier à un tel poste dans le gouvernement avait attiré les foudres de Paris.

«Comment tolérer, qu’un escroc notoire, jugé et condamné comme tel par la justice française, se voit confier le département de la Coopération simplement pour bénéficier d’une immunité diplomatique, alors que la France dépense chaque année plusieurs dizaines de millions d’euros pour aider la République Centrafricaine !», s’insurgeait-on au Quai d’Orsay.

Si le limogeage de Durbar par le chef d’Etat centrafricain devrait assouplir les relations diplomatiques entre Paris et Bangui, cette décision ne semble pas moins intéressée de la partie centrafricaine.

Cette mise à l’écart intervient en effet à la veille du conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI), lors duquel le dossier centrafricain sur l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE) devra être débattu.

Mais «ce geste ne saurait faire oublier d’autres problèmes notamment la récente adoption d’un code minier qui ne va pas dans le sens de la bonne gouvernance et du rétablissement économique de la République Centrafricaine», estime cependant une source digne de foi.

Saifee Durbar réside aujourd’hui à Londres. En 2007, il y avait été brièvement arrêté avant d’être libéré sous caution. La justice britannique doit se prononcer début juillet quant à son éventuelle extradition vers la France.

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