Alors que Dominique Struye de Swielande, le nouvel ambassadeur de Belgique en République démocratique du Congo est déjà à Kinshasa depuis le 12 février, son homologue congolais, Henri Mova Sakanyi vient d’arriver à Bruxelles, à la veille de la commémoration du 49eme anniversaire de l’indépendance. Tant du côté belge que du côté congolais, la personnalité des deux diplomates illustre l’importance que ces deux pays attachent à la normalisation de leurs relations : l’ambassadeur de Belgique, venu de Washington, est un diplomate chevronné, considéré comme « de première catégorie » tandis que M. Mova Sakanyi, licencié en relations internationales de l’université de Lubumbashi est proche du président Kabila. En 1997 déjà, cet intellectuel katangais, écrivain et poète, avait quitté son poste universitaire pour s’engager aux côtés de Laurent Désiré Kabila alors que les troupes de l’AFDL (Alliance des forces pour la libération du Congo)n’avaient pas encore atteint Kinshasa et contraint Mobutu à la fuite. Malgré son jeune âge (il est né en 1962 à Lubumbashi) il est un vétéran du « kabilisme », car il fut Ministre des Transports et communication, ambassadeur à Moscou, Ministre des affaires foncières et, durant la période de transition qui précéda les élections, il fut porte parole du gouvernement puis Ministre de l’Information. A Bruxelles, il succède à un autre proche du chef de l’ Etat, Jean-Pierre Mutamba Tshampanga. Ce dernier, malgré ses efforts, n’avait pas réussi à désamorcer la crise diplomatique entre les deux pays et il finit par être rappelé au Congo en mai 2008. A l’instar de son prédécesseur, qui avait tout fait pour encourager la Belgique à s’investir davantage au Congo, à demeurer un « pays leader » tant en matière politique qu’économique, M. Mova s’emploiera non seulement à normaliser les relations entre les deux pays mais aussi à convaincre les Belges de continuer à s’impliquer dans leur ancienne colonie.
A Bruxelles, qui apparaît quelquefois comme la « banlieue de Kinshasa » avec sa communauté congolaise remuante et nombreuse, et les innombrables Belges ayant gardé des liens avec le Congo, le nouvel ambassadeur s’attaquera à plusieurs tâches.
xxOutre la normalisation des relations, qui devrait se traduire en août prochain par la réouverture du consulat de Belgique à Lumbumbashi, l’ambassadeur souhaiterait stimuler les milieux d’affaires afin qu’ils réinvestissent au Congo ou que, d’une manière ou d’une autre, ils soient associés aux joint ventures mises en œuvre par les Chinois. L’ambassadeur relève que des sociétés belges, Georges Forrest, Safricas et bien d’autres sont restés fidèles au Congo dans les pires moments et qu’il ne serait pas normal que ces amis de longue date soient évincés aujourd’hui que d’autres partenaires se présentent. Il estime aussi que «non seulement les Congolais demeurent très attachés à la Belgique, mais en plus chacun est convaincu du fait que lorsque les relations se brouillent avec Bruxelles, les ennuis commencent pour Kinshasa… »
xxL’ambassadeur confirmera aussi, à la probable satisfaction des Belges, la nouvelle orientation de la politique extérieure du Congo à l’égard du Rwanda : « il faut qu’un ambassadeur soit envoyé à Kigali, que la coopération entre les deux pays s’intensifie. S’il y a eu des rancunes, des résistances, elles sont aujourd’hui vaincues et les deux pays, qui ont coopéré militairement lors de l’opération Umoja Wetu au Nord Kivu, comptent aussi développer des projets économiques communs. » En signe de bonne volonté, le président Kabila, qui célèbrera les fêtes de l’indépendance à Goma le 30 juin prochain, y a invité son homologue rwandais Paul Kagame.
xxxL’ambassadeur devra aussi rehausser l’image du Congo en Belgique et, plus largement, en Europe : «les souffrances des femmes dans l’Est sont bien réelles et nous devons y apporter une solution. Mais d’autres sujets doivent être mis en évidence, il faut aussi parler du Congo qui se relève, qui marche… »
xxxIntellectuel, ayant publié plusieurs livres aux éditions L’Harmattan, l’ambassadeur est bien placé pour connaître les difficultés que rencontrent les artistes, les écrivains congolais qui souhaitent se faire connaître en Europe. Bruxelles étant à cet égard la plate forme idéale, il compte y ouvrir une « Maison de la Culture congolaise », sorte de vitrine de la culture foisonnante et variée de son pays.
Xxx Qu’il le veuille ou non, l’ambassadeur sera aussi confronté aux problèmes sociaux des membres de l’ambassade, impayés depuis des années et qui n’ont même pas les moyens de financer leur déménagement et leur retour au Congo…

 

 http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/06/26/congo-un-nouvel-ambassadeur-pour-le-30-juin/

Posté par rwandaises.com