C’est au cours d’une tentative de vol de voiture que le chanteur de reggae sud-africain, Lucky Dube, a été tué par balles jeudi soir. Le capitaine Cheryl Engelbrecht, porte-parole de la police, a déclaré que « le chanteur était en train de déposer ses deux enfants vers 20H ( 18H GMT) à Rossettenville, banlieue sud de Johannesburg, quand les malfaiteurs se sont approchés pour tenter de voler son véhicule ( une Chrysler gris métallisé). Touché par balles, il serait mort sur le coup ».
Un témoin cité par le quotidien The Star avance une autre version des faits : Lucky Dube, qui avait perdu le contrôle de sa voiture, aurait heurté une autre automobile et un arbre en essayant de s’enfuir. La police a assuré qu’elle allait « retourner chaque pierre » pour retrouver les coupables. Pour l’heure, trois hommes sont suspectés dans cette affaire. Ces derniers auraient été vus sur les lieux du crime à bord d’une Volkswagen Polo bleue.
Lucky Dube : Rasta never die
Doo Bay, alias Lucky Dube, 43 ans, star internationale de reggae, lauréat de plusieurs prix, avait enregistré au cours de sa carrière 21 albums dont l’incontournable « Prisoner » en 1989. Cet homme atypique avait débuté en chantant du « mbaqanga », musique zouloue traditionnelle.
Inspiré par Peter Tosch, figure emblématique à l’instar de Bob Marley, il avait commencé à s’intéresser au reggae en 1985 afin de délivrer un message anti-apartheid. Son premier album « Rasta never die » avait d’ailleurs été censuré à la radio sud-africaine. Aujourd’hui, les messages sur les sites dédiés à l’artiste étaient empreints de colère et de tristesse, colère devant la brutalité de l’acte et tristesse devant la mort d’un grand artiste, emblème de la nouvelle génération.
Lors de la sortie, en avril dernier, de son album « Respect », Lucky Dube avait déclaré être « fier des progrès effectués par l’Afrique du Sud » depuis la chute de l’apartheid en 1994. Evoquant la violence, il avait néanmoins déclaré : « Nous avons essayé l’amour, l’unité, la camaraderie, mais ça ne semble pas beaucoup marcher pour nous. Il faut du respect, parce-que c’est ce dont le monde a besoin ». Ce défenseur de la paix qui s’interrogeait sur les crimes perpétrés en Afrique du Sud, a été victime de cette violence malheureusement ordinaire, dans un pays où l’on compte plus d’une cinquantaine d’homicides par jour.