]La bataille juridique fait rage autour de Jean-Pierre Bemba, l’ancien vice président de la République démocratique du Congo et rival malheureux du président Kabila aux dernières élections, détenu par la Cour pénale internationale depuis mai 2008. A Kinshasa, la perspective de sa mise en liberté provisoire échauffe ses partisans et donne déjà des cauchemars à ses adversaires politiques.
Répondant à une requête présentée par la défense, la Chambre préliminaire de la Cour pénale internationale a en effet considéré qu’il n’était plus nécessaire de maintenir M. Bemba en détention, ce qui s’apparenterait à une mesure punitive et, compte tenu des garanties données par le détenu, a estimé qu’il n’y aurait pas de risque de fuite ni d’obstruction à la procédure. Par contre le Procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo a interjeté appel contre cette décision, estimant que M. Bemba devait rester en prison. C’est le 24 août que la Chambre d’appel se prononcera sur l’éventuelle libération de M. Bemba. Dans l’affirmative, se posera alors le problème du pays d’accueil des six Etats ayant été sollicités, l’Italie et l’Afrique du Sud ont communiqué une réponse (vraisemblablement négative) sous pli fermé tandis que la Belgique, la France, l’Allemagne et le Portugal ont déjà explicitement refusé de collaborer avec la CPI et d’accueillir le détenu.
Alors que l’épouse de l’accusé, (de nationalité portugaise) et ses enfants vivent près de Bruxelles et que le regroupement familial pourrait être invoqué, , la Belgique a fait savoir qu’elle ne serait pas en mesure de couvrir les frais que représenterait la sécurité de l’ancien vice-président, dont la présence immobiliserait des gardes du corps 24 heures sur 24. Mai surtout, compte tenu de l’importante diaspora congolaise vivant dans le pays, la Belgique redouterait des problèmes de sécurité publique.
Alors que la Belgique, comme d’autres Etats occidentaux, se prépare à acceptersur son sol des détenus venus de Guantanamo, les réticences que suscite Jean-Pierre Bemba peuvent paraître surprenantes. En réalité, il semble que les pays européens craindraient aussi les troubles que pourraient provoquer les partisans de M.Bemba, à l’instar de ce qui vient de se passer à Londres. Le week end dernier, des opposants congolais y ont rossé d’importance M. Yves Kisombe. Après avoir été tabassé, ce député du MLC, en délicatesse avec son parti et qualifié de traître a été dépouillé de ses vêtements et abandonné nu en pleine rue. Les opposants congolais, parmi lesquels des membres du MLC, ont ensuite présenté cette brutalité comme un acte de résistance. Au détriment des droits éventuels de M. Bemba de tels agissements ne peuvent qu’effrayer les gouvernements européens, peu soucieux de voir la violence politique congolaise s’exporter sur leur territoire.
Au delà de la polémique que suscite l’éventualité d’une libération provisoire, c’est, sur le fond, que le cas de Jean-Pierre Bemba représente un réel casse tête pour la CPI. Rappelons que l’ex-rebelle avait été arrêté à Bruxelles pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis en octobre 2002 et mars 2003 par des militaires que son parti, le Mouvement pour la libération du Congo, avait alors prêtés au président de Centrafrique Ange Félix Patassé. Ce dernier était alors attaqué par des rebelles dirigés par le général Bozizé, (qui deviendra président par la suite) A Bangui, les sbires de Bemba, répandant la terreur, commirent de nombreuses exactions, des viols, des violences qui furent amplement documentées. Mais les avocats de l’ancien vice président mettent en cause la chaîne de commandement, assurant que ces militaires de Bemba avaient été placés sous les ordres des autorités militaires de Centrafrique (qui n’ont jamais été inquiétées). Au moment des faits, Bemba, lui, se trouvait en Afrique du Sud, participant aux négociations de paix de Sun City. Aux yeux de la CPI, l’affaire Bemba est devenue emblématique mais l’équipe du Procureur est affaiblie par le manque d’enquêteurs de terrain et l’obligation de recourir à des témoignages de deuxième main.
http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/08/17/bataille-juridique-autour-de-jean-pierre-bemba/
Posté par rwandaises.com