C’est à son voisin angolais que le nouveau président sud africain Jacob Zuma a réservé sa première visite d’Etat, accompagné de onze ministres et d’une centaine d’hommes d’affaires. A l’issue de cette rencontre, le président Zuma comme son homologue angolais dos Santos se sont montrés exceptionnellement élogieux à propos des relations bilatérales entre les deux pays : « cette visite marque le début d’un renouveau » a dit Zuma, tandis que son homologue assurait que » cette visite signifie le début d’une nouvelle ère dans les relations bilatérales, que le gouvernement angolais est prêt à intensifier dans tous les domaines. »
Dans la foulée, de nombreux contrats et accords commerciaux ont été signés, marquant la complémentarité des deux économies. En effet, l’Afrique du Sud dispose d’un appareil industriel performant, d’une bonne capacité de management et son économie est de loin la plus développée du continent. Mais le pays manque désespérément d’énergie et de ressources hydroélectriques et l’Etat peine toujours à répondre aux aspirations de la majorité noire. De son côté, l’Angola, à la fois très riche et sous peuplé, souffre toujours des conséquences humaines et matérielles de la guerre civile qui l’a dévasté de 1996 jusqu’en 2002, lorsque le Mouvement populaire pour la libération de l’Angola, toujours au pouvoir, combattait l’Unita de Jonas Savimbi, qui fut longtemps soutenu par les Américains.
Durant ce conflit dévastateur, les infrastructures furent détruites, des millions de civils déplacés et le pays détient toujours le triste record du plus grand nombre de mutilés de guerre. Mais depuis la fin de la guerre, l’économie s’est redressée de manière spectaculaire et la croissance dépasse les 14% par an. L’Angola en effet est devenu le premier producteur de pétrole d’Afrique et le 8eme fournisseur des Etats Unis, mais il ne dispose toujours pas des capacités suffisantes pour raffiner toutes sa production potentielle tandis que sur le plan social, les inégalités demeurent criantes. Déçu par les révélations portant sur les commissions versées lors des achats d’armes en France (affaire dite de l’Angolagate…) et soucieux de diversifier ses relations économiques, Luanda a chargé les Chinois de reconstruire les infrastructures et ouvre ses portes à son voisin sud africain. C’est ainsi que l’entreprise publique sud africaine PetroSA coopérera avec son homogogue angolaise Sonangol pour l’exploration, le raffinage et la distribution de pétrole.
D’autres accords ont été conclus dans le domaine du sport et des télécommunications. A terme, les deux pays devraient aussi se retrouver associés dans un projet impliquant leur allié commun, la République démocratique du Congo : la réhabilitation et l’extension du barrage hydro électrique d’Inga, dans le Bas Congo, qui pourrait produire toute l’électricité nécessaire aux pays membres de la SADC (Conférence pour la coopération des pays d’Afrique australe). La République démocratique du Congo en effet est également membre de la SADC et tant l’Angola que l’Afrique du Sud ont joué un rôle important durant la guerre : après avoir initialement fourni des armes au Rwanda, l’Afrique du Sud a mis en œuvre toutes les ressources de sa diplomatie pour héberger les négociations de Sun City qui réunissaient le gouvernement et les groupes rebelles et le président Thabo Mbeki s’impliqua personnellement pour faire aboutir l’accord de paix. Quant à l’Angola, à plusieurs reprises l’intervention de son armée, la meilleure de la région, s’avéra décisive pour Kinshasa. L’an dernier encore, alors que les forces congolaises vacillaient face à Laurent Nkunda, la perspective d’une intervention militaire angolaise à Goma fit basculer la donne.
Un rapprochement entre Luanda et Pretoria ne peut que renforcer la stabilité du Congo et éloigner plus encore les risques de balkanisation.
Le partenariat entre l’Afrique du Sud et l’Angola se fonde sur la complémentarité des économies (savoir faire et capital d’un côté, ressources naturelles de l’autre) mais aussi, dans le cas des présidents Zuma et dos Santos, sur le souvenir d’une lutte commune contre l’apartheid. En effet, si au lendemain de l’indépendance, l’Angola s’est retrouvé plongé dans la guerre, c’est parce que le MPLA, avec l’aide de Cuba et de l’Union soviétique, soutenait activement les combattants de l’ANC (le Congrès national africain) qui disposaient de camps d’entraînement dans le sud du pays. Symboliquement M. Zuma a tenu a visiter un de ces camps et il a déposé une gerbe sur la tombe du premier président angolais Agostinho Neto.
M. Zuma s’est également souvenu du fait qu’en 1988, le corps expéditionnaire sud africain avait subi à Cuito Canavale, dans le Sud de l’Angola, une défaite cuisante face à l’armée angolaise soutenue par les Cubains. Ce tournant dans la guerre mena à l’indépendance de la Namibie et, in fine, à la libération de Mandela et à la fin de l’apartheid.
Alors que de nombreuses divergences avaient séparé le président Mbeki de son voisin angolais, (à propos du Zimbabwe ou de la Commission Vérité et réconciliatiopn que Mbeki voulait exporter en Angola) les retrouvailles des présidents Zuma et dos Santos représentent une avancée importante dans le domaine de la coopération politique et économique entre des pays africains voisins et alliés de la République démocratique du Congo.
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Posté par rwandaises.com