Marguerite Barankitse (née en 1957) , est une Burundaise au grand coeur et  une femme d’exception.

Véritable « Mandela » au féminin, celle que l’on nomme Maggy se donne corps et âme pour que son pays ait un avenir. Elle est originaire du Burundi. Un petit pays du centre de l’Afrique, où vivent essentiellement deux ethnies, les Hutus et les Tutsis, comme au Rwanda voisin.

C’est là, en 1957, que naît Marguerite Barankitse. Elle est Tutsie. Son père meurt quand elle a 6 ans. Sa maman l’élève avec son frère dans la joie et la tolérance.

Devenue professeur, Maggy s’insurge contre la discrimination qui règne dans l’enseignement au Burundi entre les Hutus et les Tutsis, les deux ethnies principales du pays.

Un jour, une jeune fille violée est répudiée par sa famille et exclue de l’école. Maggy la recueille avec son bébé et lui fait retrouver le chemin de l’école. Cette enseignante rebelle est alors renvoyée de son poste.

En 1993, le Burundi est en proie à une terrible guerre civile. Après l’assassinat du président de la République Melchior N’Dadaye (le premier élu démocratiquement), Hutus et Tutsis s’entretuent, on dénombrera alors 300 000 morts.

Maggy a 36 ans quand la guerre civile éclate et vit près de Ruyigi, dans le sud-est du pays, non loin de la frontière tanzanienne, là où les rebelles vont se réfugier. Elle a déjà « adopté » sept enfants hutus et tutsis.

Lors de cette abominable journée du 24 octobre 1993, les civils fuient. Avec ses sept enfants, elle se réfugie à l’évêché de Ruyigi, mais les rebelles y pénètrent. Maggy a tout juste le temps de cacher les enfants dans les placards de la sacristie, leur intimant le silence absolu, quoiqu’ils puissent voir et entendre.

Soixante-douze personnes sont massacrées. Les assaillants, Tutsis, voudraient tuer Maggy, car elle a sauvé des enfants de l’ethnie ennemie, mais n’osent le faire car elle est leur « soeur ».

Pour la tuer, ils envoient de jeunes Hutus qui ne sont pas de la région et donc ne la connaissent pas. Ils ont pour mission de tuer « soeur Maggy » (ils croient alors que c’est une religieuse). Mais elle a la présence d’esprit de leur dire que « soeur  Maggy » est partie.

Les brutes vont la mettre nue, l’attacher à un poteau et la frapper pour savoir où sont les enfants. « Plutôt mourir », leur répond Maggy.

Dans le pays saccagé, les vivres manquent et les bourreaux de Maggy ont faim. Elle va leur indiquer où sont cachées les réserves de lait et de sucre. Les hommes repartent. L’un d’entre eux détache ses liens, un autre lui donne son tee-shirt.

Maggy et vingt-cinq enfants partent se réfugier chez un ami coopérant allemand qui habite à quelques kilomètres. Les enfants qu’elle recueille sont de plus en plus nombreux.

Elle fonde alors, avec quelques autres, une petite Organisation Non Gouvernementale (ONG) burundaise : la maison Shalom. Les enfants entendaient tout le temps à la radio : shalom, la paix. Voilà pourquoi le nom de maison Shalom.

Depuis les terribles événements de 1993, Maggy et son équipe ont sauvé, élevé et éduqué plus de 20 000 enfants. Maintenant, s’ajoutent à la guerre civile les ravages du sida. Mais la petite ONG continue vaillamment sa tâche.

Sous l’impulsion de Maggy, ils construisent la Cité des anges, pour accueillir les enfants de toutes ethnies. Elle met en place un système éducatif qui apprend l’autonomie aux jeunes qu’elle recueille, afin qu’ils puissent prendre leur vie en main et ne pas devenir des assistés.

En 2003, elle crée, avec le soutient d’un ami réalisateur français, Thierry Nutchey, le Cinéma des anges, pour que « ses enfants » découvrent ce qui se passe ailleurs dans le monde.

Aujourd’hui, la maison Shalom fait partie de la Maison des anges (anges en hommage aux enfants morts dont les âmes viennent soutenir les vivants).

Elle a créé, en association avec les jeunes de l’IUT de Marne-la-Vallée, un Atelier des anges, pour équiper en informatique les jeunes de Ruyigi.

Maggy continue à oeuvrer pour que la haine interethnique ne détruise plus son pays. 130 Maison des Anges ont vu le jour dans les différentes régions du Burundi. Certains des enfants qu’elle a sauvés prennent le relais et, une fois repartis dans leur région d’origine, construisent une Maison des Anges.

Rien n’arrête l’infatigable Marguerite Barankitse. Elle a reçu diverses distinctions : prix des Droits de l’homme, prix Nobel des enfants, Prix de la solidarité, Prix de la défense des personnes déplacées, prix européen Nord-Sud, Four Freedoms Award et est docteur honoris causa de l’université de Louvain-la-Neuve.

Les honneurs et la reconnaissance internationale lui servent de carburant pour faire entrer dignement son pays dans le XXIe siècle. Sa fierté est que ces Burundais hutus et tutsis élevés ensemble s’aiment et s’apprécient !

Posté par rwandases.com