Des femmes rwandaises travaillent le 19 février 2004 au Mémorial du génocide à Ghisozi près de Kigali Gian Luigi Guercia – (AFP/Archives) |
MONTRÉAL (AFP) – Un procureur canadien a requis mardi à Montréal la prison à vie contre le Rwandais Désiré Munyaneza, reconnu coupable en mai dernier de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité pour sa participation aux massacres de 1994 dans son pays.
« Il faut souligner le nombre très important d’homicides auquel l’accusé a participé activement, la préméditation, le propos délibéré et son rôle de dirigeant », a indiqué la représentante du ministère public, Me Pascale Ledoux.
Elle a demandé que Munyaneza ne puisse obtenir une libération conditionnelle qu’après 25 ans de détention.
La défense a pour sa part demandé que cette période soit fixée à 20 ans.
« Vingt-cinq ans n’est pas plus dissuasif que vingt ans », a plaidé l’avocat de l’accusé, Me Richard Perras.
La sentence doit être prononcée le 29 octobre, a annoncé le juge André Denis.
Tout au long de l’audience Munyaneza est resté impassible, fixant le plafond de la salle.
Arrivé au Canada en 1997, il a été arrêté à Toronto en 2005. Il est détenu depuis cette date.
L’accusation a aussi fait valoir que « les victimes étaient toutes des civils » et leur « vulnérabilité, extrême ».
La magistrate a demandé une autre peine de prison à vie, avec un minimum de sept ans de réclusion, pour les agressions sexuelles commises par l’accusé.
« On parle de dizaines de viols, à caractère collectif pour plusieurs d’entre eux », a rappelé Me Ledoux.
Une troisième peine, de deux ans, a été également requise pour les pillages dont il s’est rendu coupable. Toutes ces peines devraient être concurrentes, autrement dit purgées parallèlement, et non consécutives.
Il n’existe aucun précédent dans le droit canadien en matière de crime contre l’humanité ou de génocide. Le ministère public s’est donc inspiré des jugements du Tribunal pénal international pour le Rwanda ainsi que du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie.
« Vingt-cinq ans, ce n’est pas assez », a affirmé un porte-parole de l’Association des parents et amis des victimes du génocide au Rwanda, César Gashabizi, à l’issue de l’audience.
« Le génocide est le crime des crimes, il devrait donc avoir une sentence en conséquence », a-t-il ajouté.
Le procès de Munyaneza s’était ouvert en mars 2007 et s’était déplacé au Rwanda, en Tanzanie et en France où ont été entendus plusieurs des 66 témoins présentés par la défense et l’accusation.
Munyaneza était accusé d’avoir participé au génocide, perpétré des viols et tué des civils dans la préfecture de Butare entre avril et juillet 1994, ainsi que d’avoir dirigé une des principales milices qui établissaient des barrages de la mort dans cette région du sud du Rwanda.
Le génocide de 1994 au Rwanda a fait quelque 800.000 morts, selon l’ONU, principalement parmi la minorité tutsie.
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