L’armée congolaise progresse au Sud-Kivu contre les rebelles FDLR. Cette fois, Kinshasa semble résolu à régler la question de ses ex-alliés dans la région.

L’armée congolaise en opérations au Kivu contre les FDLR (rebelles hutus rwandais issus des génocidaires) a multiplié, au cours de l’été, les communiqués victorieux. Ce n’est pas exceptionnel mais, pour une fois, de l’avis de plusieurs sources extérieures aux forces déployées au Kivu, un réel progrès militaire a effectivement été enregistré.

Selon les sources que nous avons interrogées, l’armée congolaise, qui a lancé son opération anti-FDLR « Kimia 2 » le 12 juillet dernier, piétine un peu au Nord-Kivu. Cette province fut le théâtre, début 2009, d’une opération conjointe rwando-congolaise contre les FDLR, qui avait abouti au désarmement avec retour au Rwanda ou à la neutralisation de quelques centaines de combattants (qui seraient en tout 5000 à 6 000 aujourd’hui); elle avait toutefois provoqué l’éparpillement des FDLR, qui contrôlaient des régions entières avec la complicité ou la soumission d’autorités locales.

Les officiers congolais expliquent que la situation est maintenant plus difficile, les FDLR, dispersés, opérant en petits groupes de 5 à 10 personnes (« plus souvent 5 que 10 », nuance une de nos sources), ce qui rend une offensive massive difficile.

En revanche, l’armée congolaise avance assez bien au Sud-Kivu. Plusieurs informateurs soulignent cependant la stratégie des FDLR, qui est de fuir les combats; cette tactique facilite l’avancée des soldats congolais mais en diminue évidemment le mérite.

« C’est une tendance qui ralentit », note cependant une de nos sources, « parce que les FDLR, qui exploitent des ressources naturelles congolaises (NdlR: mines, arbres du parc national des Virunga, dont ils font du charbon de bois, ce qui rapporte 360000 dollars par an selon l’Onu…), ont ainsi perdu l’accès à une partie importante de leurs ressources et ce manque commence à les gêner. C’est ce qui explique leur tentative de récupérer Bisié. » Il s’agit d’une ancienne base FDLR montée près d’une mine de cassitérite; une attaque FDLR pour tenter de reprendre celle-ci a fait 16 morts le 12 août dernier.

En général, les observateurs estiment que « cette fois », Kinshasa a clairement pris l’option de se débarrasser de ses anciens alliés. Il faut sans doute attribuer cette résolution au rapprochement entre le Rwanda et le Congo, après que Kinshasa eut utilisé pendant des années les FDLR comme alliés contre Kigali. Début août, un sommet a réuni à Goma (Nord-Kivu) les Présidents des deux pays, Joseph Kabila et Paul Kagame, signe éclatant du dégel considéré par le Président congolais comme « un pas de géant en avant ».

« Pour la première fois, cela va donc sérieusement mal pour les FDLR », commente une de nos sources.

Une autre souligne qu’il ne faut pas crier victoire trop tôt même si les événements en cours constituent « provisoirement une surprise agréable ». « Si les FDLR, dans leur fuite, se regroupent plus loin, il faut voir quelles alliances locales ils vont conclure. Et la logistique étant la faiblesse de l’armée congolaise, il faut voir combien de temps celle-ci va tenir. »

 Si la Monuc (Mission de l’Onu au Congo) assure le transport de l’armée congolaise, le reste des besoins de l’armée est en effet très mal satisfait. Des soldats de la 33e Brigade déployés à Walungu (Sud-Kivu) se sont ainsi mutinés le 26 août dernier en raison du non-paiement de leurs salaires depuis 4 mois.

Plus généralement, l’armée congolaise n’assure pas le ravitaillement en nourriture de ses soldats, ce qui ne laisse à ceux-ci d’autre choix que de voler la population; le problème est aggravé par le fait que les militaires en opérations sont accompagnés de leurs femmes et enfants – qu’il faut aussi nourrir -, l’Etat n’assurant plus le casernement de ses soldats. Début août, la société civile de Bukavu, chef-lieu du Sud-Kivu, avait recommandé l’allocation par Kinshasa des moyens financiers, matériels et logistiques nécessaires à l’armée afin d’améliorer la sécurité de la province.

Marie-France Cros

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Posté par rwandaises.com