Le Conseil d’Etat se penche ce mercredi sur le cas de la veuve du président rwandais Habyarimana qui réclame l’asile politique. Recherchée par la justice de son pays, elle devrait néanmoins continuer de couler des jours heureux en France.

La veuve de l’ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, tué le 6 avril 1994 dans un attentat contre son avion, ne lâche pas le morceau. Sans-papiers de luxe en région parisienne depuis 1994, Agathe Habyarimana réclame le droit d’asile à la France qui l’a exfiltrée du Rwanda le 9 avril 1994 alors que débutait le génocide qui a fait environ 800 000 morts, essentiellement de l’ethnie Tutsie.

En 2006, soit deux ans après avoir déposé une demande d’asile devant l’OFPRA, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides, la veuve Habyarimana s’est vue signifier une fin de non recevoir. Si elle aime se présenter comme une brave femme de président confinée aux bonnes œuvres, l’OFPRA a estimé qu’en vertu de témoignages et documents, Agathe Habyarimana était susceptible d’avoir participé comme « investigatrice » ou « complice » au « crime de génocide ». Du très lourd.

Les aller-retours en Afrique d’Agathe Habyarimana
Entre deux allers-retours en Afrique la veuve — qui parle de « simple guerre civile interethnique » et non de génocide — se pointe entourée d’une vingtaine de gardes du corps devant la Commission des recours des réfugiés (CRR) en janvier 2007. Et se fait retoquer de nouveau.

Fait exceptionnel en matière de demande d’asile, la CRR active la clause d’exclusion de la convention de Genève relative au statut des réfugiés. En clair : les personnes dont on peut sérieusement penser qu’elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité ne peuvent bénéficier de la convention. Et selon la CRR qui s’en est expliquée dans une décision particulièrement touffue et argumentée qui ne manquera pas de donner du grain à moudre aux avocats de la veuve, Agathe Habyarimana entre dans cette catégorie.

A-t-elle participé à la préparation du génocide ?
C’est donc sur la dénaturation ou non des faits énoncés par la CRR que le Conseil d’Etat aura à se prononcer ce mercredi 23 septembre. Avec une question clé en arrière-plan : si la veuve Habyarimana a effectivement quitté le Rwanda dans les premiers jours d’un génocide commis en trois mois à peine, a-t-elle participé à sa préparation ? Inutile de préciser qu’on devrait entendre les mouches voler pendant les conclusions du rapporteur public du Conseil d’Etat, en l’occurrence Julie Burguburu pour cette séance qui est publique…

Mais, et c’est comme cela que ça fonctionne, la décision du Conseil d’Etat n’aura aucune valeur pénale. Et ne devrait guère mettre en danger Agathe Habyarimana si son droit d’asile en France lui était définitivement refusé. La pratique administrative veut en effet qu’une personne menacée dans son pays d’origine soit maintenue en France dans une situation de non-reconnaissance… Et voilà comment Agathe Habyarimana, recherchée par la justice rwandaise, soupçonnée d’avoir participé à un génocide, a toutes les chances de continuer de couler des jours heureux en France. Le temps de trouver un autre pays qui daigne accueillir ce cadeau empoisonné…

Rwanda / mercredi 23 septembre par Lara Mace

 

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Posté par rwandaises.com