Les rescapés butent encore sur de multiples problèmes |
30 avril 2007–LDGL
Pour la 13e fois consécutive, les Rwandais ont commémoré, le 7 avril 2007, l’anniversaire du génocide. La cérémonie s’est déroulée, au niveau national, à Murambi en Province du Sud. Une province qui bat le triste record de compter parmi sa population 48% de ceux qui sont poursuivis, dans tout le pays, pour avoir commis le génocide. La dite cérémonie s’est caractérisée par deux temps forts. D’abord l’inhumation en toute dignité des restes de 278 personnes tuées dans les environs de Murambi (district Nyamagabe) en 1994. En tout, plus de 50 000 corps viennent ainsi d’être inhumés dans le site mémorial de Murambi durant ces 13 ans.
Ensuite, le discours du Président de la République, accusant officiellement la communauté internationale d’avoir trempé dans le génocide. S’exprimant en effet pour l’événement, le chef de l’Etat a dressé la liste de ceux qui auraient succombé au péché du génocide. Il a incriminé des Rwandais en tant que peuple, des responsables de l’Etat rwandais, des responsables religieux. Mais il a aussi mis en cause des Etrangers.
Dans un des passages de son discours, le président Kagame a déclaré : » Ici à Murambi, l’échec de la communauté internationale face au génocide éclate au grand jour. La communauté internationale a été impliquée dans le génocide rwandais. Les étrangers n’ont pas uniquement trempé dans les causes lointaines du génocide, il y en a parmi eux qui ont commis le génocide au même titre que nous les Rwandais. Non seulement ils ont été à l’origine du génocide mais ils l’ont aussi commis. A ceux-là aussi, je donnerais le même conseil que celui que je donnais aux Rwandais il y a quelques instants. Reconnaître d’abord son péché pour nous permettre d’avancer dans le changement de telle sorte que nous ne puissions retomber dans les erreurs du passé, que ce soit au Rwanda ou ailleurs… Ces Etrangers devraient reconnaître leurs défaillances, les regretter et demander pardon au peuple rwandais… «
Le chef de l’Etat rwandais a, sans mâcher les mots, accusé des Français d’être venus tuer les Rwandais dans le cadre de l’opération turquoise. On rappellera que les relations entre la France et le Rwanda n’ont pas été au beau fixe depuis la fin du génocide. Elles se sont encore détériorées fin novembre 2006 quand Kigali a rompu ses relations diplomatiques avec Paris après que le juge français Jean-Louis Bruguière avait réclamé des poursuites contre le Président Kagame et lancé des mandats d’arrêts contre neuf de ses proches pour leur » participation présumée » dans l’attentat contre l’avion de l’ex-Président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994.
Sur ce point, Kagame s’est révolté en disant : » Comment ces Français qui ont planifié, inculqué dans des Rwandais et qui ont sans aucun doute financé le génocide osent lancer des poursuites contre ceux qui s’activent en ce moment-là à mettre fin à leurs actes immoraux, atroces et inhumains ? «
Confrontés à diverses difficultés
En dépit des efforts fournis par le gouvernement dans la recherche de solutions aux problèmes auxquels font face les rescapés du génocide, ceux-ci butent encore sur maints problèmes. Beaucoup d’entre eux, orphelins et veuves, n’ont pas de logements. » L’Etat s’y penche « , a dit le ministre de la jeunesse, sport et culture. Il a promis : » Dans deux ans, tout rescapé du génocide aura un logement « … Quelques articles du code foncier de 2005 posent aussi problèmes. Certains rescapés ont peur que leurs terres ne leur soient ravies sous prétexte qu’ils ne sont pas à mesure de les exploiter.
Quant à d’autres difficultés, il y a lieu d’espérer, surtout avec la publication prochaine de la » Politique de la mémoire » dont la rédaction est pour le moment terminée. Le document sera, selon les promesses, bientôt acheminé au conseil des ministres.
Venant Nshimyumurwa
http://www.ldgl.org/spip.php?article1683