Arusha, 28 août 2009 (FH) – Le massacre de l’église de Nyange, pour lequel l’abbé Athanase Seromba a été condamné à la prison à vie, sera au centre du procès de l’homme d’affaires Gaspard Kanyarukiga qui s’ouvre lundi devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

Plus d’un millier de Tutsis qui y avaient cherché refuge périrent en avril 1994, ensevelis par des briques, lorsque cet édifice religieux de l’ouest du Rwanda fut démoli par un bulldozer.

Homme d’affaires au moment des faits, Kanyarukiga, deuxième à répondre de cette hécatombe devant le TPIR, menait ses activités commerciales à Kigali et dans sa commune natale, Kivumu, qui abrite la paroisse catholique de Nyange.

Pour son rôle présumé dans ce massacre et d’autres crimes perpétrés dans cette commune, Kanyarukiga est poursuivi pour entente en vue de commettre le génocide, génocide et extermination, selon l’acte d’accusation signé le 5 décembre 2001 par l’ancienne procureure du TPIR, Carla Del Ponte.

Il est allégué qu’il a agi de concert, non seulement avec l’abbé Seromba, alors vicaire de la paroisse, mais aussi avec le maire de Kivumu à l’époque, Grégoire Ndahimana, et l’inspecteur de police judiciaire Fulgence Kayishema.

Arrêté il y a plus de deux semaines dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), Ndahimana est attendu au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie, alors que Kayishema est toujours en fuite.

« Gaspard Kanyarukiga, Athanase Seromba, Grégoire Ndahimana, Fulgence Kayishema et d’autres personnes inconnues du procureur, ont mis au point et ont exécuté un plan d’extermination des Tutsis de la commune Kivumu », allègue l’acte d’accusation.

C’est ainsi qu’ils auraient décidé la mi-avril 1994 de démolir l’église à l’aide d’un bulldozer. Selon le procureur, le conducteur de l’engin a d’abord refusé d’exécuter la besogne mais a fini par obtempérer lorsqu’ils lui ont expliqué que les Hutus étaient assez forts pour en construire une autre.

« L’œuvre de démolition a alors commencé et le toit de l’église s’est effondré, tuant plus de 2.000 réfugiés tutsis qui s’y étaient rassemblés. Les rares survivants ont été attaqués par les (miliciens) Interahamwe qui tenaient à les achever », poursuit le procureur.

« Après la destruction totale de l’église, Gaspard Kanyarukiga et le père Athanase Seromba ont retrouvé Fulgence Kayishema, Grégoire Ndahimana et les conducteurs du bulldozer pour prendre ensemble une bière », ajoute le texte.

Arrêté en Afrique du Sud le 16 juillet 2004 et transféré à Arusha 3 jours après, Kanyarukiga fait partie des 5 détenus du TPIR en attente de procès.

ER/GF

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