Un prêtre catholique acquitté pour la quatrième fois

Kigali: L’abbé Josaphat Hitimana a encore été acquitté après avoir vu son procès déplacé d’une province à une autre. Ayant été acquitté plusieurs fois, les témoins à charge ont toujours fait recours contre le jugement en affirmant que Hitimana a trempé dans le genocide.   

Ce nouveau jugement a été prononcée ce mercredi le 9 septembre 2009 par la juridiction gacaca de Kinyinya dans la ville de Kigali qui s’est déplacée à Kabgayi, district de Muhanga au Sud du Rwanda, apprend-on de la Ligue des Droits de la personne dans la région des Grands Lacs (LDGL).

Il s’agit de son quatrième acquittement car il a été acquitté par la juridiction de Syogwe, puis celle de Gahogo au Sud, la troisième fois la juridiction de Kimironko et enfin celui de Kinyinya, les deux dernières en provenance de Kigali à l’issue d’un procès musclé.

La juridiction d’appel du secteur Kinyinya a indiqué qu’il est acquitté de toutes les charges formulées contre lui. Le président de la juridiction a fait savoir que l’infraction à charge du prêtre n’est pas de la compétence des juridictions gacaca. Au cours des audiences, l’Abbé a été accusé de ne pas avoir cherché de l’argent pour délivrer, dans les mains des génocidaires, son ancien secrétaire Ruhikana Thomas tué pendant le génocide des tutsi en 1994.

Les victimes avaient considéré cet acte comme une complicité dans le génocide et accusaient l’Abbé d’être complice dans la mort de Ruhakana Thomas. C’était la partie civile qui avait demandé la révision du procès. Selon les motifs de demande de révision, il y avait entre autre le fait que l’accusé avait été acquitté alors qu’il était en fuite. Aussi, ces dernières se plaignaient que la juridiction gacaca, au premier degré, n’avait pas entendu le principal témoin à charge.

Le siège a pu montrer que les motifs d’appel ne sont pas fondés car l’accusé n’était pas en fuite. En effet, comme l’a prouvé son passeport, il était plus précisément dans une retraite dans le district de Kabare en Uganda, pays voisin. Aussi le principal témoin à charge dans le dossier a affirmé qu’il n’avait rien à témoigner sur ce prêtre catholique.

Dans sa défense l’Abbé avait affirmé qu’en date du 29 mai 1994, date à laquelle les génocidaires ont enlevé la victime, il n’était pas dans la ville de Gitarama. Il avait montré que depuis le 26 avril 1994, il avait pris fuite et se cachait dans la paroisse de Cyeza à une trentaine de kilomètres de la Ville de Gitarama.

Les témoins ont nié la responsabilité de l’abbé dans les assassinats et meurtres pendant le génocide. Ils ont dénoncé des coups montés par certains juges « inyangamugayo » (sages) de Gahogo dont un certain Musonera, venant Nzigamasabo et un certain Jean de Dieu. Ils ont indiqué que pendant le génocide des tutsi, l’Abbé était lui-même menacé car il avait organisé, quelques jours avant le génocide, une rencontre des jeunes de Kabgayi avec les jeunes qui étaient basés à Mulindi au Nord du Rwanda dans une des bases militaires du Front Patriotique Rwandais.

L’Abbé Hitimana Josaphat était Aumônier et conseiller des jeunes au niveau national avant le génocide des tutsi de 1994. Après, il a été longtemps curé à la paroisse Saint André de Gitarama avant d’être recteur de l’Université Catholique de Kabgayi. L’abbé Hitimana avait eu pas des malentendus avec son nouvel Evêque Smaragde Mbonyintege qui l’accusait d’insubordination.

Peu après, il a été placé en garde à vue pendant quelques heures, à la station de police de Muhanga, pour d’autres affaires non rendues publiques, selon ses anciens paroissiens, puis suspendu parmi les prêtres catholiques pendant deux ans.

L’Abbé Josaphat est considéré à Gitarama comme fondateur d’un bureau social qui s’occupait des enfants de la rue. A l’issue de son procès, deux coaccusés Kalimwabo Fidèle et Murekatete Hyacinthe ont été reconnus coupables de complicité de génocide notamment dans la mort des nommés Elisabeth, Longin et Thomas Ruhikana et ont été condamnés respectivement à 19 et 15 ans de prison ferme.