Depuis plusieurs années, Madame Victoire Ingabire, Néerlandaise d’origine rwandaise, a oublié de faire valoir ses droits civiques rwandais. Elle a quitté le Rwanda, dit-elle, en 1993. Elle n’y a plus jamais remis les pieds. Et pour cause, dans l’une de ses nombreuses interviews de pré-campagne pour les Présidentielles 2010, elle se prétend « éxilée ».

     Plusieurs interrogations s’imposent à propos de la candidature annoncée de Madame Ingabire Victoire:

1. Que sait-elle du Rwanda, elle qui en a été absente depuis plus de 16 ans?

    Un enquêteur, qu’il soit journaliste, policier ou juge, n’est pas crédible, s’il prétend que le « où? »,- le lieu-objet de son « étude » -,  n’a aucune importance. Il n’aurait aucune crédibilité auprès de ses confrères.

    Deux exemples de personnages illustres pour commenter ce genre de faute professionnelle : le journaliste Péan et le juge Bruguière.

    Monsieur Péan a écrit sur le Rwanda, sans y avoir jamais posé un pied. Il a pondu un manuel d’inepties sur les Rwandais uniquement  depuis Paris,… et depuis son ordinateur. Il dit qu’il connaît le Rwanda et l’Afrique parce qu’il est allé au Burkina-Faso, il y a longtemps! Il écrit que tous les Rwandais sont menteurs, surtout les Batutsi, qui ont fini par contaminer leurs congénères, les Bahutu.

    Quand Péan parle du Rwanda, sans avoir jamais eu besoin d’entendre les Rwandais, qui, rappelons-le, tous, parlent  le kinyarwanda,- même si parmi eux, 10% pratiquent aussi des langues internationales comme le kiswahili, le français, l’anglais, etc…-, ce monsieur Péan a du talent. Le talent d’ un raciste mu par son « imbecilitate animi ». Traduction littérale de la sentence romaine : « faiblesse de l’âme ». Il mérite bien de l' »honnêteté-du-journaliste-qui-a-l’oreille-du-pouvoir ». Comment peut-on entendre des mensonges proférés dans une langue qu’on ne comprend pas?

    Un autre prototype, le juge Bruguière. Cet enquêteur français dit  « juge d’instruction, spécialisé dans le terrorisme » n’a jamais voulu se rendre sur Masaka, d’où des missiles ont abattu l’avion de Habyarimana. Une longue enquête depuis son bureau lui a fait commettre des bêtises. Cela s’appelle une « enquête à la Bruguière ». Bonjour Madame Kabuye!

    Ce juge original n’a jamais eu besoin:  ni d’ enquête, ni de témoin fiable, ni rien du comportement prescrit par la procédure. Il n’ a eu besoin que de conviction politique. Cela s’appelle la foi. Madame Colette Braeckman, vrai journaliste d’un quotidien belge, « Le Soir » de Bruxelles, a des preuves que des militaires français sont les auteurs du crime. Monsieur Bruguière n’en a cure; il lui faut des coupables rwandais, patriotisme oblige, c’est-à-dire tout le personnel politique et militaire rwandais. Sans vergogne. (Lire une excellente page du 22.08.09  » Un fugitif rwandais et un juge français au Congo » sur le blog Kagatama:  http://kagatama.blogspot.com/‏ )

     Quel rapport avec Madame Victoire Ingabire ?
 
     Rappelons que Madame Ingabire n’a pas « vu » le Rwanda depuis 1993, d’après ses dires; et nous la croyons. Et pourtant, malgré une profonde différence sur le fond, elle pratique formellement la même « imbecilitas »(faiblesse) que les deux compères français.

     Profonde différence parce que  les connaissances de Madame Ingabire sur le Rwanda ne sont en rien comparables à celles de nos spécialistes de Paris. Celles-ci étant objectivement nulles et intellectuellement indéfendables. Madame Ingabire est née au Rwanda, y a grandi, et parle la langue des Banyarwanda. Elle connaît réellement son pays.

     Une autre différence notable entre Madame Ingabire et nos deux « fautes professionnelles » françaises: aucun des deux Parisiens n’a vu le génocide des Batutsi; aucun des deux ne peut nous expliquer la différence entre un « Muhutu » et un « Mututsi ».

     Madame Ingabire, comme tous ses compatriotes, a souffert de l’absolu malheur qui a frappé son pays.

     Nos deux « télé-visionnaires » sont méprisants et ne sont pas crédibles, alors que Victoire Ingabire a de la matière et aime « iwabo » (traduction : « son pays », « sa maison », « chez elle »).

     Mais, le temps faisant son oeuvre, malgré ces incommensurables différences avec le magistrat et le journaliste, après plus de 16 ans d' »exil », madame Ingabire « voit » le Rwanda, depuis la Hollande, comme Péan a « vu » le Rwanda depuis Paris et Wagadugu, comme le magistrat du terrorisme français a, depuis Paris, « vu » et inculpé des officiers de Kigali.

     Aucun des trois, en effet, Madame Ingabire comprise, n’a « vu » l’avancée extraordinaire des institutions en matière de citoyenneté, de paix et de sécurité. Aucun des trois n’ a « vu » le développement économique et la fulgurante croissance du Rwanda. Aucun des trois n’a « vu » le visage du Rwanda nouveau. Aucun des trois n’a pu « voir » les immenses et positifs résultats des choix politiques des dirigeants actuels pour le pays et la sous-région est-africaine.

     En fait, pour Péan, le Juge et Ingabire, refuser de « voir » de ses propres yeux, c’est à dire constater, est une preuve de perspicacité.

     Quand Ingabire parle du Rwanda politique qu’elle n’ a pas « visité » depuis plus de seize ans, elle court le même risque que les prétendus « juge » et « journaliste » cités plus-haut: tomber infailliblement dans « l’erreur objective ».

     Est-il raisonnable, quel que soit le candidat, qu’une campagne politique, comme la Présidentielle Rwanda2010, se passe uniquement, et pendant de longues années, en Europe et en Amérique du Nord ?

     Madame Ingabire fait sa campagne électorale comme le juge Bruguière a émis des mandats contre des officiers rwandais, comme le journaliste Péan a pondu des « mensonges » sur le Rwanda. Tous les trois traitent d’un sujet, le Rwanda, en se privant d’un instrument capital, indispensable : aller au Rwanda, regarder, voir, se renseigner sur place, écouter, entendre, sentir, comprendre.

     Le risque d’une telle « non-méthode »: être hors sujet, comme un mauvais lycéen. Ou encore, comme disent les connaisseurs, pratiquer la « méthode Bruguière » ou le « mensonge Péan ».

     Chère Madame Ingabire, qu’avez-vous à proposer aux Rwandais quand vous ne savez pas ce qu’ils ont vécu depuis 1993, date de votre départ volontaire, pardon! de votre exil? Que savez-vous de leurs conditions de vie après 16 ans d’absence? Comment se fait-il que les « félicitations internationales » et les « prix »en tous domaines ne vous soient jamais parvenus? Vous est-il jamais venu à l’idée qu’un régime politique d’union nationale est meilleure que les régimes meurtriers de Kayibanda et de Habyarimana? Que savez-vous, qu’avez-vous VU du Rwanda depuis si longtemps?

 2. Madame Victoire Ingabire, connaît-elle la Loi Rwandaise?

    Où vivez-vous, Madame Ingabire,  pour ne pas savoir que la loi rwandaise punit ceux qui prônent la division ethnique; que ceux qui, comme à Amsterdam en 2007, se demandent « comment 85% ont été vaincus par 15% », sont poursuivis pour divisionnisme ethnique ?

3. Madame Ingabire n’a jamais mentionné la politique anti-Batutsi de Kayibanda et Habyarimana !

    Madame Ingabire reconnaît-elle que les politiques des régimes Kayibanda (1961-1973) et Habyarimana(1973-1994) ont été, pour l’essentiel, conduites dans un but de destruction d’une grande partie de la population rwandaise? que les notions de « citoyen rwandais » et « unité nationale » n’ont jamais eu cours pendant leurs dictatures respectives ? que ces politiques ont mené au génocide perpétré contre les Batutsi entre 1959 et 1994 ?

4. « Gusebya uRwanda uli hanze »:

    Dire du mal, du latin, male et dicere : maudire, -depuis l’étranger et depuis si longtemps- du Rwanda, c’est-à-dire des Banyarwanda, de l’Etat Rwandais, de la Nation Rwandaise, de ses Institutions, de ses Représentants, est ce bien raisonnable? Est-ce innocent ?

    Ne pourrait-on pas penser qu’une rwandaise, dont les partisans ne cachent pas leur ethnisme, soit, administrativement et légalement, traitée comme le prévoit les lois rwandaises?

    N’oublions pas que toutes les nations – USA, France, Chine, Royaume Uni, et d’autres -, pratiquent ce qu’on appelle  » le pouvoir discrétionnaire » en matière de délivrance de papiers officiels, y compris la délivrance de visas et les passeports? Un exemple, parmi mille, un parlementaire néerlandais a été interdit d’entrer au Royaume-Uni, parce qu’il était raciste. L’ordre public, ça se protège!

Conclusions

Madame Ingabire, quelques souhaits, quelques conseils:

  a.  Si vous acceptez d’aller « voir », observer ce qu’est devenu votre pays depuis le génocide, vous serez émue et vous serez fière du Rwanda;

  b.  Si vous condamnez les divisions ethniques et si vous reconnaissez que pendant 35 ans, les régimes Kayibanda et Habyarimana, n’ont eu d’autre souci, ni d’autre politique que d’éliminer les Batutsi et les opposants;

  c.  Si vous vous abstenez de dire du mal de votre pays;

Alors, Madame Ingabire, vous êtes digne et prête pour la campagne Présidentielle Rwanda 2010.

 
Par Serama Gabriel
Posté par rwandaises.com

Nota :Les deux précédentes éditions de cet article sont le fruit d’une erreur de manipulation: l’ordinateur, que je manie comme un débutant, a envoyé par erreur, mes brouillons et non le présent article. La présente page est la seule authentique. Veuillez m’en excuser. SG