MONTRÉAL — Un tribunal canadien a condamné jeudi à la prison à vie le Rwandais Désiré Munyaneza, reconnu coupable en mai dernier de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité pour sa participation aux massacres de 1994 dans son pays.

Le condamné ne pourra solliciter la liberté conditionnelle qu’après avoir purgé 25 ans de réclusion, a indiqué le juge canadien André Denis.

« On l’a vu, l’accusé ne soulève aucun facteur atténuant et ses témoins ont souvent nié qu’il y ait eu génocide. Nous savons pourtant que nier un génocide c’est tuer une seconde fois les victimes », souligne-t-il dans son jugement.

« La peine que j’impose est sévère parce que la loi considère que les crimes commis par l’accusé sont les plus graves qui puissent exister », ajoute le magistrat.

Le tribunal a reconnu que les crimes en question avaient été commis avec préméditation, précise-t-il.

« C’est une sentence qui reflète l’esprit de la loi et la gravité des crimes commis », a affirmé la représentante de l’accusation, Me Pascale Ledoux.

« Ce jugement sera accueilli chaleureusement au Rwanda », a indiqué un représentant de l’Association des parents et amis des victimes du génocide au Rwanda, Jean-Paul Nyilinkwaya.

« Nous espérons qu’il y aura d’autres poursuites. Nous savons qu’il y a d’autres personnes au Canada soupçonnées d’avoir participé au génocide » a-t-il ajouté.

A Kigali, le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama s’est félicité du jugement, estimant que « les juges canadiens avaient envoyé un message clair à tous ces présumés génocidaires recherchées par la justice internationale ».

« Cette condamnation donne espoir que tôt ou tard, la justice canadienne va poursuivre la même voie en jugeant d’autres présumes génocidaires en quête d?asile dans ce pays », a commenté M. Karugarama, interrogé par l’AFP.

Arrivé au Canada en 1997, M. Munyaneza a été arrêté à Toronto en 2005. Détenu depuis cette date, il a été jugé par un tribunal de Montréal.

Celui-ci l’a condamné également à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant dix ans pour violences sexuelles et à huit ans de prison pour pillage.

Les défenseurs de Munyaneza ont annoncé qu’ils feraient appel de ces condamnations.

Son procès s’était ouvert en mars 2007 et s’était déplacé au Rwanda, en Tanzanie et en France où ont été entendus plusieurs des 66 témoins présentés par la défense et l’accusation.

Munyaneza était accusé d’avoir participé au génocide, perpétré des viols et tué des civils dans la préfecture de Butare entre avril et juillet 1994, ainsi que d’avoir dirigé une des principales milices qui établissaient des barrages de la mort dans cette région du sud du Rwanda.

Le génocide de 1994 au Rwanda a fait quelque 800.000 morts, selon l’ONU, principalement parmi la minorité tutsi.

 

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Posté par rwandaises.com