Sarkozy (ou Guaino)  a dit :  « Pourquoi l’Afrique va mal ? Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire…. Jamais il ne s’élance vers l’avenir, jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ». Ou comment se prendre les pieds dans le tapis et se mettre à dos d’un seul coup tout un continent…

D’autres préfèrent dépasser ce genre de lourdingue certitude : des étudiants sont allés sur le terrain au Rwanda pour essayer de comprendre. A l’initiative de Benjamin Abtan ils ont organisé deux voyages, en 2006 et 2007, pour un « dialogue des mémoires » entre victimes, présentes et passées, de génocides. Leur vie en a été changée. Ils en ont ramené des témoignages émouvants, indispensables et fondateurs, réunis dans un ouvrage collectif : « Rwanda, pour un dialogue des mémoires » (Albin Michel).

 

« S’il n’y a pas à chercher de causes à un génocide, car on entre dans la logique de l’assassin, il y a à chercher des mécanismes, des responsabilités, des alertes, et -le rêve est nécessaire- des préventions »

Leur douleur fut de constater que l’éducation et la morale n’avaient pas pu servir de remparts : des prêtres et des enseignants ont participé physiquement à l’innommable, dernier avatar de manipulations politiques, économiques et historiques dont les initiateurs n’étaient pas africains…

Quelques « plumes » reconnues, qui ont fait l’effort de les accompagner, apportent leur voix à ce recueil (notamment Christiane Taubira, Dominique Sopo et quelques autres…)

Maintenant, Péan qui n’y a pas mis les pieds (il le dit lui-même « ce régime est trop sanguinaire »), aligne ses argumentaires sur ceux du patron : les Tutsi sont menteurs, et ne parlons pas des femmes… D’où recours en justice.
Et la camarilla qui fait bloc autour de lui convoque à la barre des témoins dont certains « choisis » parmi les ayants-droits des génocidaires. Ainsi va le monde qui  somme toujours les victimes de faire la preuve de leur douleur tandis que les bourreaux bénéficient de l’oubli et de la mansuétude de ceux qui ont regardé ailleurs au moment des faits… On n’est pas obligé de gober leurs bobards d’Etat et la lecture de ces témoignages est plus que salutaire pour se faire une opinion : la méthode du renvoi dos à dos a ses limites et l’Histoire est têtue.