Les prochaines élections présidentielles auront lieu au Rwanda en août 2010 et d’ores et déjà, les opposants au régime accusent les services de sécurité de redoubler de vigilance, de mettre à l’écart ou d’intimider toutes les forces politiques qui pourraient tenter de rivaliser avec le Front patriotique rwandais.
Estimant qu’au Rwanda, où existe cependant un « Forum des partis politiques » toutes les conditions de l’exercice démocratique ne sont pas réunies, un parti d’opposition a été créé en Belgique, les Forces démocratiques unifiées (FDU-Ikingi). Cette formation a l’intention de se faire enregistrer au Rwanda même et de présenter sa candidate, Mme Victoire Umuhoza Ingabire au suffrage des électeurs.
Avant même de mener campagne dans le pays, ce parti dénonce déjà le fait que l’ambassade du Rwanda à Bruxelles ait refusé d’accorder un passeport à son premier vice-président, Eugène Ndahayo, qui souhaitait établir à Kigali la plate forme opérationnelle du parti.
Depuis plusieurs semaines, des partisans des FDU-Ikingi assurent qu’ils sont, en Belgique, l’objet d’intimidations et d’actes de violence.
C’est ainsi que Mme Claudine Mazimpaka, épouse de Jean-Baptiste Mberabahizi, et membre active des FDU a été victime de plusieurs agressions, qu’elle impute à des individus s’exprimant en kinyarwanda. Depuis février dernier, des SMS menaçants se multiplient sur son portable, et début août, trois individus se sont introduits dans son appartement, et, après l’avoir assommée et baîllonnée, ont fouillé ses papiers, et emporté le disque dur de son ordinateur. Une nouvelle agression à son domicile a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 août et surtout, le week end dernier, Mme Mazimpaka a été retrouvée gisant le long d’un muret à côté de la chaussée de Haecht, à hauteur du Boulevard Lambermont. Elle portait un bandeau sur les yeux et ses poignets étaient ligotés derrière son dos comme lors de l’agression précédente. Tout indique qu’elle aurait été larguée depuis une voiture, mais, souffrant de contusions à la tête et d’amnésie, elle ne se souvient de rien.
L’époux de la victime a reçu plusieurs textos, revendiquant (de manière anonyme) les agressions et menaçant de s’en prendre aux enfants du couple ou à la famille qui se trouve toujours au Rwanda.
Certains des textos accusaient aussi M. Mberabahizi de « comploter contre les FDU » ce que ce dernier interprète comme une volonté de « semer la zizanie » au sein du mouvement d’opposition.
Désormais, dans les communautés rwandaises à l’étranger comme dans le pays, tout se juge à l’aune politique, dans la perspective des élections. C’est ainsi que les proches de M. Alfred Kalisa Gakuba interprètent sa détention à Kigali comme une tentative d’empêcher ce Tutsi francophone de se présenter aux élections, car, selon eux, « il symboliserait la réconciliation entre Hutus et Tutsis ». Jusqu’à sa condamnation, le 10 juin 2008, à deux ans et trois mois de prison, M. Kalisa était une personnalité en vue : il était président de la Banque du commerce, du développement et de l’Industrie, l’un des établissements les plus importants du Rwanda, dans lequel de nombreuses personnalités avaient des participations. M. Kalisa a souvent été présenté comme ayant financé le FPR à ses débuts et ayant appuyé la campagne militaire au Congo. Il a été accusé de fraude et de violation de la réglementation bancaire et, le 10 juin 2008, il a été condamné pour ne pas avoir répondu à une lettre de la Banque centrale du Rwanda. Son arrestation a permis la confiscation de sa banque, des intérêts qu’il possédait dans le secteur du tourisme et de sa propriété privée. La banque BCDI fut par la suite revendue à la Banque africaine Ecobank.

 

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Posté par rwandaises.com