Le ton monte de plus en plus à l’encontre des opérations menées au Nord et au Sud Kivu par l’armée congolaise, avec l’appui de la Mission des Nations unies au Congo (Monuc) contre les bastions des rebelles hutus : dans un nouveau communiqué, l’organisation Human Rights Watch accuse des soldats des FARDC (Forces armées congolaises d’avoir « tué délibérément » plus de 500 civils dans l’Est du pays depuis le début de l’offensive en mars dernier et elle presse la Monuc de « suspendre » tout soutien à cette armée, sous peine de voir ses Casques bleus être eux-mêmes impliqués dans les exactions…
Alors que jusqu’à présent la Monuc avait catégoriquement refusé de remettre en cause son soutien, logistique et militaire, apporté à l’opération Kymia 2, cette fois une brèche semble s’être ouverte : Alain Le Roy, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé du maintien de la paix a déclaré que la Monuc avait décidé de suspendre immédiatement son appui logistique aux unités congolaises impliquées dans les tueries de civils, en attendant les résultats d’une enquête qui devrait être menée conjointement par l’ONU et les FARDC.
Depuis Bukavu, Alain Le Roy a cependant assuré qu’ «en aucun cas, le soutien global à Kymia 2 ne serait remis en cause » et que « cette opération était très importante pour neutraliser les FDLR. » D’après lui, des tueries de civils qui ont eu lieu à une soixantaine de kilomètres de Goma peuvent être imputées à la 213eme Brigade.
Le communiqué de HRW a été établi sur base de 21 missions d’enquête de terrain menées dans le Nord et le Sud Kivu entre janvier et octobre 2009. Il apparaît, entre autres, qu’en août dernier, dans les villages de Mashango et Ndoruma au Sud Kivu, au moins 270 civils, femmes, enfants et personnes agées, ont été abattus, décapités, battus à mort ou découpés à la machette…Selon HRW les soldats congolais auteurs des attaques n’ont fait aucune distinction entre combattants et civils, tirant souvent à bout portant ou massacrant leurs victimes à coups de machettes.
S’en prenant avec virulence à l’armée gouvernementale, HRW ne détaille cependant pas la composition des unités qui sont mis en cause. On sait cependant que l’armée congolaise, en voie de restructuration, est tout sauf homogène. C’est ainsi qu’au Kivu, des unités qui naguère étaient fidèles à l’officier rebelle Laurent Nkunda (toujours en résidence surveilllée au Rwanda) ont été incorporées dans les unités combattantes de l’armée congolaise tandis que leur mouvement, le CNDP (Congrès national pour le développement) était censé se transformer en parti politique. Leur chef, Bosco Ntaganda ancien bras droit de Laurent Nkunda, participe aux opérations. En dépit des pressions internationales, européennes entre autres, Kinshasa refuse pour le moment de transférer Ntaganda à la Cour pénale internationale. Les soldats (tutsis) du CNDP ne sont pas seuls en cause : d’anciens miliciens congolais Mai Mai, souvent proches des Hutus, incorporés au sein de l’armée, sont fréquemment accusés d’exactions et de cruautés.
Pour Anneke Van Woudenberg, auteur du rapport de HRW, “l’opération Kymia 2 ne peut plus continuer de la même façon car les conséquences sur les civils sont inacceptables. Elle devrait céder la place à une autre opération, Kyma 3 par exemple, qui ne serait plus uniquement militaire mais comprendrait d’autres volets, prévoyant entre autres l’installation de Hutus dans d’autres régions du Congo, des pressions accrues sur les chefs FDLR qui se trouvent en Europe,” Pour HRW, quelle que soit la composition des unités des FARDC impliquées dans les exactions, la responsabilité légale de l’armée demeure identique et le soutien logistique de la MONUc à ces opérations pourrait avoir des conséquences légales graves. Anneke Van Woudenberg reconnaît cependant qu’une suspension du soutien logistique, militaire (l’appui aérien) et autre de la MONUc condamnerait Kymia II à l’impuissance. rappelons que pouer Alan Doss, le patron de la MONUC, une suspension ou une annulation des opérations représenterait un très mauvais signal pour les FDLR qui pourraient alors se réorganiser.
Notre conclusion personnelle: si Kymia 2 devait être suspendue, cela signifierait que la prise en otage des populations civiles du Kivu a réussi…

 

 http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/2009/11/03/hrw-accable-larmee-congolaise-et-influence-la-monuc/

Posté par rwandaises.com