Le Rwanda a été officiellement admis au sein du Commonwealth, aux termes d’une décision prise lors d’un sommet de cette organisation à Trinidad et Tobago, a annoncé dimanche la porte-parole du gouvernement rwandais Louise Mushikiwabo.
 

KIGALI — Le Rwanda a annoncé dimanche le succès de sa candidature au Commonwealth, qui réunit les Etats issus de l’ancien empire colonial britannique, renforçant son ancrage au sein du monde anglophone au détriment de ses relations avec la francophonie.

Ancienne colonie allemande (1885-1916) puis surtout belge, jusqu’à l’indépendance en 1962, le Rwanda est le premier pays de tradition francophone à rejoindre le Commonwealth, ce bloc qui comptera désormais 54 pays, et dont l’anglais est la langue commune.

Ce petit pays d’Afrique centrale peuplé d’un peu moins de 9 millions d’habitants sera seulement le deuxième, après le Mozambique, à rejoindre l’organisation placée sous l’autorité de la reine d’Angleterre Elizabeth II, sans avoir jamais été colonie britannique ni entretenir de lien constitutionnel avec la couronne.

« Mon gouvernement voit cette accession comme une reconnaissance des progrès remarquables accomplis par notre pays au cours des quinze dernières années », a déclaré à l’AFP la porte-parole et ministre de l’Information Louise Mushikiwabo.

« Les Rwandais sont prêts à mettre à profit les perspectives économiques, politiques, culturelles et autres offertes par le réseau du Commonwealth », a ajouté Mme Mushikiwabo, qui a annoncé l’admission de son pays décidée lors d’un sommet des chefs de gouvernement du Commonwealth à Trinidad et Tobago.

L’accession au Commonwealth, sollicitée en 2008, s’inscrit dans une politique résolue du président rwandais Paul Kagame et de son gouvernement de larguer les amarres avec le monde francophone pour rejoindre le giron anglophone.

Le Rwanda a ainsi adhéré en 2007, en même temps que son voisin le Burundi, lui aussi francophone, à l’East African Community, le bloc économique jusqu’alors limité aux trois pays anglophones d’Afrique de l’Est, le Kenyan, l’Ouganda et la Tanzanie. C’est d’ailleurs sous la présidence de M. Kagame que l’EAC a accéléré son intégration, avec la signature le 20 novembre d’un protocole prévoyant la création d’un Marché commun en juillet.

A l’intérieur du pays, l’anglais a déjà rejoint le kinyarwanda et le français comme langue officielle, et il a même supplanté le français l’an dernier comme langue d’enseignement public.

Ce rapprochement accéléré avec le monde anglophone est allé de pair avec la dégradation des relations avec la France. Kigali a suspendu ses relations diplomatiques avec Paris en 2006, après l’émission par un juge français, Jean-Louis Bruguière, de mandats d’arrêt contre des proches du président Kagame, soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat de l’ex président rwandais Juvénal Habyarimana, dont la mort le 6 avril 1994 est considérée comme l’élément déclencheur du génocide au Rwanda.

Les relations entre les deux pays étaient très tendues depuis 1994, les autorités de Kigali issues de la rébellion FPR à majorité tutsie accusant Paris d’avoir aidé les génocidaires hutus alors au pouvoir, ce que la France a toujours démenti.

800.000 personnes, en majorité tutsi, ont été tuées dans ce génocide.

L’organisation non gouvernementale Commonwealth Human Rights Initiative avait appelé au rejet de la candidature de Kigali, estimant que « l’état de la gouvernance et des droits de l’homme au Rwanda ne répondaient pas aux critères du Commonwealth ». Cette organisation évoquait des restrictions à la liberté de parole qui « créaient un climat de peur dans la société civile » du Rwanda, un pays qui tiendra sa prochaine élection présidentielle le 9 août prochain.

 

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Posté par rwandaises.com