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Le Rwanda accuse la Monuc de couvrir le chef des FDLR retranché dans un maquis de Walikale jusqu’à veiller à le soigner en secret par des médecins onusiens envoyés auprès de lui, accusation que rejette évidemment la mission onusienne mais qui ne manque pas de susciter des interrogations

Il n’y a à Kigali qu’un seul quotidien. Il est officiel. Dans sa livraison de lundi 9 novembre 2009, le quotidien rwandais a passé la mission des Nations Unies en Rdc (Monuc) au pilori. « New Times », c’est le nom du quotidien, accuse la Monuc de soutenir les Fdlr.

Le confrère rwandais, « New Times » s’appuyant sur des sources anonymes pour des raisons évidentes, affirme que la Monuc a acheminé dans la jungle congolaise deux médecins pour secourir un officier des Fdlr en proie à une maladie. Le journal rwandais cite même les noms de ces médecins envoyés à la rescousse du Général Major Sylvestre Mudacumura, l’officier Fdlr dont il est question.

Selon le confrère, il s’agirait des docteurs Jérôme Gasana et François Goujon. Les deux seraient arrivés récemment à Kisangani. Le quotidien rwandais précise que les deux médecins seraient soit en route pour Lubutu dans le territoire de Walikale, considéré comme fief des Fdlr, soit les deux toubibs seraient déjà arrivés à destination grâce au concours de la Mission des Nations Unies en Rdc (Monuc). Le confrère rwandais, le seul quotidien apparaissant dans la capitale rwandaise, poursuit en disant que les deux médecins auraient reçu mission de rester au chevet du général Major Sylvestre Mudacumura, officier Fdlr. Au cas où il s’avérerait nécessaire, les deux médecins devront évacuer le malade vers un pays voisin afin qu’il bénéficie des soins appropriés.

Pour plus d’informations, selon toujours « New Times » le général Major Sylvestre Mudacumura serait atteint de diabète. Pour se faire soigner, renseigne le confrère de Kigali, il aurait approché les dirigeants de la Monuc au mois d’octobre dernier. Il avait sollicité, précise le journal, d’être évacué par avion en République du Congo Brazzaville.

La gravité des faits

Cette démarche aurait paru difficile. Et « New Times » de révéler qu’après débats et délibération, l’option de faire venir des médecins sur place dans la jungle congolaise s’était imposée. Le confrère insiste avoir recueillis ces confidences auprès d’une source sérieuse qu’il garde anonyme. Pour le confrère, il n’y aurait aucun doute sur la véracité et la crédibilité de ses sources.

Si cette information s’avérait fondée, elle serait d’une gravité insoupçonnée. Hier, lorsque la Monuc jouait à la neutralité, mettant les Congolais sur le même pied d’égalité que leurs agresseurs, on pouvait comprendre que tel geste s’habille du manteau de l’humanitaire et donc se justifie.

Aujourd’hui, la donne a changé. L’Est de la Rdc n’est plus en guerre contre des groupes armés congolais. Toute la préoccupation du monde entier est tournée aujourd’hui sur le phénomène Fdlr. Ces Rwandais fuyant la guerre dans leur pays, étaient pénétrés sur le territoire congolais avec armes munitions, à la demande de la communauté internationale. Ils sont depuis des années, réfugiés dans les hauteurs du Kivu.

Un certain moment, ils avaient bénéficié de l’hospitalité des Congolais avant de devenir plus un problème pour les populations congolaises. Fonds de commerce pour le régime rwandais, les Fdlr sont devenues l’enjeu des relations entre Kigali et Kinshasa et un vrai problème de sécurité pour toute l’Afrique des Grands Lacs. Le fait que beaucoup d’entre ces Rwandais avaient participé au génocide de 1994, a fait de ces groupes un vrai problème pour la communauté internationale.

La Rdc a beaucoup souffert des Fdlr

dossC’est pour cette raison que la Rdc, accusée d’entretenir ces tueurs, a été indexée dans certains forums. Beaucoup lui refusaient le statut d’un Etat au même titre que le Rwanda et l’Ouganda pour ne citer que ces deux exemples. L’une des missions, sinon la plus importante de la Monuc, c’est de désarmer les groupes armés qui sèment l’insécurité dans cette partie orientale de la Rdc. Particulièrement, la Monuc a mission de rapatrier les Fdlr, sinon de les combattre.
Comme on le voit, en ce qui concerne la lutte contre les Fdlr, la mission de la Monuc ne souffre d’aucune ambiguïté comme c’était le cas avec le Cndp.

 La Monuc disait à qui voulait l’entendre qu’il revenait aux Fardc de combattre le Cndp, la mission de la Monuc étant de sécuriser la population. Lorsque ces populations sont attaquées par les Fdlr, la Monuc renvoie également la balle au gouvernement congolais qui a mission de protéger sa population. Il y a donc une confusion bien entretenue dont la Rdc est victime. Une chose est vraie, quelle que soit la manière, la Monuc est impliquée dans la traque des Fdlr.

On s’attendait à ce que dans sa mission de désarmer les groupes armés, la Monuc se trouve en avant plan de la traque des Fdlr. Que non. La mission de l’Onu n’apporte que son appui aux Fardc, un appui hypothétique qu’elle peut retirer dès le moindre soupçon. C’est ce qui arrive avec la 213ème brigade des Fardc accusée des massacres des civils. L’arroseur arrosé.

On sait que beaucoup de choses sont dites au sujet de la Monuc. Les révélations sur l’officier pakistanais qui avait confessé sa sympathie pour le Cndp au point de devenir chancelier et de décerner à Nkundabatware une médaille de mérite, sont encore fraîches dans les mémoires. Qu’est-ce qui étonnerait qu’un autre groupe des responsables de la Monuc ait de la sympathie pour les Fdlr et le démontre en s’occupant de la santé du général Major Sylvestre Mudacumura des Fdlr ?

A première vue, les informations que livre le confrère rwandais ne surprennent nullement, compte tenu de l’expérience du passé. Est-ce une raison pour croire que la Monuc aurait effectivement et officiellement déclenché le processus de protection du chef des Fdlr ? Que dire sinon qu’il ne suffit pas d’être accusé pour être coupable. Cela apprendrait à la Monuc de ne pas condamner avant qu’une enquête sérieuse détermine les responsabilités. La Monuc se trouve donc dans la situation de l’arroseur arrosé. Il faut une enquête pour tirer au clair l’information du confrère rwandais.

La Monuc dément formellement

En attendant, dans un article publié par l’Agence de presse rwandaise, la Monuc s’inscrit en faux contre ce qu’elle considère comme des allégations mensongères de « New Times » rwandais. La Monuc accuse le confrère de manque de professionnalisme dans le traitement de cette information.

« La MONUC dément catégoriquement les allégations irresponsables et sans fondement contenues dans un article publié dans le New Times de Kigali », peut-on lire dans le communiqué de la Monuc publié par l’agence rwandaise, qui poursuit : « L’article qui allège de la coopération entre la MONUC et les FDLR, n’a absolument aucun fondement et viole à tous égards les normes éthiques et professionnelles du journalisme », se contente de faire remarquer la Monuc.

Joachim Diana G./L’Avenir

 

 

 http://www.digitalcongo.net/article/62416

Posté par rwandaises.com