Un pôle « génocides et crimes contre l’humanité » au TGI de Paris ? Qui vivra verra !

 « Quel plus grand scandale que l’impunité des criminels contre l’humanité ? Quel plus grand outrage pour les victimes et, au-delà, pour l’humanité tout entière ? […] Les victimes de la barbarie humaine ont le droit de voir leurs bourreaux poursuivis et condamnés. […]Patrie des droits de l’homme, la France ne sera jamais un sanctuaire pour les auteurs de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. »

Ces propos, que l’on croirait sortis tout droit d’une revue des défenseurs des droits de l’homme, sont en fait ceux de Madame Alliot-Marie et de Monsieur Kouchner, deux ministres en vue du gouvernement français. Est-ce à penser que la justice française serait enfin décidée à juger les présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français ? Nous ne demandons qu’à le croire et nous ne manquerons pas, si les choses traînent en longueur, de rappeler à nos responsables politiques les engagements qu’ils viennent de prendre. En effet, il s’agit bien de créer, en France, « un pôle génocides et crimes contre l’humanité au Tribunal de Grande Instance de Paris ».

En tant qu’association dont l’objet est de poursuivre en justice les présumés génocidaires rwandais présents sur le sol français, nous ne pouvons que soutenir cette initiative. On peut cependant s’étonner : depuis plus de quinze ans, la France n’est-elle pas un « sanctuaire pour les auteurs de génocide » ? Depuis plus de quinze  ans, la justice française ne traîne-t-elle pas les pieds, ne fait-elle pas preuve d’une réelle inertie dans la poursuite des génocidaires rwandais ?

« Les personnes suspectes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité doivent être jugées. Elles le seront » poursuivent nos ministres. « Chiches », serait-on tenté de dire ! Mais comme les juges d’instruction en charge des seize dossiers qui sommeillent sur leurs bureaux parisiens, on peut s’interroger. Quels moyens seront mis à la disposition des juges et des enquêteurs ? Ces mêmes juges avaient demandé, et c’était légitime, de ne plus avoir à gérer d’autres dossiers. Cette demande leur a été refusée ! Une première contradiction, déjà !

« La France s’inscrit résolument dans la lutte contre l’impunité. Seules la justice permettra à tous de tourner la page en faisant émerger la vérité. Fidèle à ses principes, fière de sa justice rendue au nom du peuple français, la France saura se montrer à la hauteur de son histoire, de ses valeurs et de son idéal. » A nous d’être vigilants afin que ces promesses soient tenues. Nous ne pouvons plus nous contenter de propos lénifiants. Les familles de victimes réclament que justice leur soit rendue : elles ne pourront attendre plus longtemps ! Nous n’accepterons pas que ces déclarations soient un écran de fumée pour favoriser la « réconciliation «  du Rwanda et de la France ! La justice est première et ne peut dépendre de la qualité des relations entre nos deux pays. La justice est première, elle est la seule justification de notre combat.

 

 

Alain GAUTHIER, président du CPCR

Courriel : collectifrwanda@aol.com

Tél. 06 76 56 97 61/000336 76 56 97 61

 http://www.collectifpartiescivilesrwanda.fr/communique cpcr janvier 2010 pole enqueteur.html

 Posté par rwandaises.com