Quelle mouche a donc piqué Karel De Gucht ? Malgré les succès enregistrés à l’Europe, est il frustré par ses échecs africains au point de ne pouvoir accepter les avancées de Vanackere, encore bien modestes ? Est-il agacé par le retour aux affaires de l’ancien CVP qui revient sur la scène internationale avec un homme qui, fort de la visibilité que confèrent les Affaires étrangères, pourrait bientôt faire de l’ombre aux anciens caciques ? Est-il à ce point aveuglé par sa querelle personnelle avec le président Kabila, qu’il a lui-même provoquée, qu’il a juré sinon de torpiller le dirigeant congolais, en tous cas de l’empêcher d’accueillir le roi Albert II ? Ou, plus prosaïquement, le bourgmestre de Beerlare cultive-t-il son quarteron d’électeurs toujours séduits par le dénigrement de l’Afrique, se fait il les muscles sur un adversaire faible encore, à défaut d’infliger son franc parler à des dirigeants plus coriaces ou mieux protégés par les Etats Unis (en Afghanistan par exemple…)
Les tentatives d’explications, dont certaines relèvent de la psychologie comportementale plus que de la politique, n’ont finalement que peu d’importance. Ce qui compte, c’est de savoir si le Congo va mieux ou moins bien, si les critiques de De Gucht font ou non avancer les choses, au bénéfice des populations. A la première question, il faut répondre que, dans ce pays qui oscillait entre le Haïti des Tonton Macoute et la Somalie, les avancées sont réelles : des routes se construisent, 300 magistrats douteux ont été limogés et remplacés, des militaires sont sanctionnés pour vols et viols, le budget 2010, après avoir été refusé par la présidence, vient de passer et tient plus compte du « social ». Certes, avant d’atteindre la « bonne gouvernance » la voie est encore longue et le président n’a pas encore nettoyé les écuries d’Augias c’est-à-dire son entourage.
Mais ce qui est certain, c’est que le Congo qui s’est engagé sur une voie démocratique que nul n’aurait cru possible voici dix ans mérite d’être encouragé, accompagné, écouté et aussi délivré de la hantise de l’échec et de la dépendance. Quant à la visite du Roi, si elle a lieu, elle représentera moins la légitimation d’un régime déjà issu des urnes qu’un témoignage de solidarité entre deux peuples. Elle sera aussi la consécration d’un Etat créé naguère par les Belges et dont les Congolais, au cours du demi-siècle écoulé, ont réussi malgré tout à garantir l’intégrité territoriale et les chances d’avenir…

 

http://blogs.lesoir.be/colette-braeckman/

Poqté par rwandanews.be