(Syfia Grands Lacs/Rwanda) De plus en plus souvent, les jeunes qui quittent les campagnes rwandaises pour chercher du travail dans les villes n’ont pas envie de s’y éterniser. Ils préfèrent épargner le peu qu’ils gagnent pour investir chez eux où ils trouvent mieux leur compte.

Travailler durablement à Kigali ou dans une grande ville n’est plus aussi recherché par les jeunes Rwandais qui quittent les collines. Les jeunes ruraux savent à présent que la capitale n’est pas le paradis rêvé où les gens gagnent facilement leur vie. « La ville attire des jeunes des campagnes, car elle présente beaucoup d’opportunités. Les jeunes actifs peuvent y trouver des petits jobs mieux rémunérés que les emplois des régions rurales. Mais nous conseillons aux jeunes d’épargner pour retourner investir chez eux », déclare un des responsables de l’association des travailleurs domestiques, basée à Gikondo, Kigali. « Aujourd’hui, ils sont nombreux à penser retourner au bercail pour y monter des petits projets qui servent d’exemples aux villageois », estime-t-il.
Mfitumukiza Valens, 32 ans, travaille à Kigali depuis deux ans comme veilleur de nuit. Il gagne 25 000 Frw (45 $) par mois qu’il épargne en totalité. Pour vivre, il se contente des revenus des petits travaux qu’il fait dans la journée. « Avec ce petit capital, je suis parvenu à acheter une vache à 100 000 Frw (180 $). Je suis en train de me construire une maison chez moi dans la province de l’Ouest », se félicite-t-il. Bon nombre de travailleurs domestiques demandent même à leurs patrons de garder leurs salaires pour pouvoir disposer d’une somme plus importante quand ils en ont besoin. Rose, de Kigali raconte comment sa bonne, issue d’une famille pauvre, a pu payer ainsi les frais de scolarité de sa petite sœur : « Elle retirait son salaire chaque trimestre pour aider ses parents à payer le minerval ».

Cultiver des légumes plutôt que végéter en ville
Ces jeunes constatent aussi qu’il est de plus en plus difficile de se loger à Kigali lorsqu’on n’a que peu de moyens. Depuis 2005, les occupants des quartiers anciens sont nombreux à être expropriés pour permettre, comme le prévoit le plan directeur de la ville, la construction de logements modernes, destinés aux plus aisés,: « Toutes les habitations qui ne remplissent pas les conditions exigées par le plan seront détruites », affirme un des responsables de la mairie.
À cela s’ajoutent la traque des commerçants ambulants et la destruction des kiosques jugés « anarchiques ». Le petit commerce est devenu presque impossible « Retourner à la campagne pour y monter un projet ou y construire un logis est plus rassurant », remarque K. G., de la province du Sud. Après s’être fait, à maintes reprises, confisquer ses marchandises par les forces de l’ordre, il a finalement décidé de démarrer une boutique dans son village. Nombre de ses camarades qui se sont échinés en vain pour s’intégrer en ville font de même comme cette ancienne boyesse, Mukantaganzwa Emeritha, 28 ans, qui s’est acheté une parcelle de terre, après avoir travaillé quelques années comme domestique. « J’exploite ma parcelle en y cultivant des légumes qui me font gagner plus qu’on me payait à Kigali », témoigne-t-elle.
D’autres jeunes investissent ce qu’ils gagnent dans la formation. « Avec le peu que je gagne grâce à mon emploi, confie un jeune aide-maçon de Gasabo, Kigali, je parviens à m’instruire et à apprendre l’anglais et le swahili, pour mieux me préparer à l’avenir. »
Les jeunes des campagnes continuent à affluer vers les villes pour y apprendre un métier et gagner un peu d’argent, mais ils sont désormais nombreux à souhaiter ne pas y rester et à retourner vite chez eux.

 
 

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Posté par rwandaises.com