ABIDJAN, 12 fév 2010 – Le président ivoirien Laurent Gbagbo a annoncé vendredi soir la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI), à la suite de la crise ouverte par la polémique sur une « fraude » présumée du chef de la CEI Robert Beugré Mambé. Il a aussitôt reconduit le leader de l’ex-rébellion Guillaume Soro au poste de Premier ministre, que celui-ci occupe à la suite de l’accord de paix signé en 2007. Il l’a chargé de lui proposer un nouveau gouvernement lundi prochain ainsi que le « format » d’une nouvelle CEI. « Le processus de paix est de nouveau en panne », a lancé M. Gbagbo dans une allocution télévisée, en référence à la polémique ouverte en janvier et aux récentes violences liées au contentieux judiciaire sur la liste électorale. Evoquant l’enquête du parquet ouverte sur instruction d’un de ses proches, le ministre de l’Intérieur Désiré Tagro, le chef de l’Etat a accusé M. Mambé, qui appartient à l’opposition, d’avoir « mené une opération illégale visant à obtenir l’inscription frauduleuse de 429.030 personnes sur la liste électorale ». « Au moment où nous pensions être au bout de nos efforts pour avoir des élections propres, nous constatons qu’en réalité le processus de paix (…) est pris en otage par des partis politiques », a-t-il dénoncé. « Nous ne sommes pas face à une simple crise dans la crise », a jugé M. Gbagbo. « C’est l’Accord politique de Ouagadougou (de 2007) dans son ensemble que l’on veut saboter » alors que « nous n’avons aucune raison de l’abandonner », a-t-il estimé. « Afin de lever toute hypothèque sur le processus de paix et permettre à la Côte d’Ivoire d’aller en toute confiance à des élections propres », il a annoncé, invoquant l’article 48 de la Constitution qui lui permet de prendre « des mesures exceptionnelles », que « le gouvernement est dissous ». M. Soro est « reconduit dans ses fonctions », a-t-il souligné. « Il est chargé de me proposer dès le lundi 15 février 2010 un nouveau gouvernement », qui aura pour « mission » de conduire « les dernières actions nécessaires pour sortir la Côte d’Ivoire définitivement de la crise », a dit le président Gbagbo. La CEI est également « dissoute », a poursuivi le chef de l’Etat. « Je demande au Premier ministre de me proposer dans un délai de sept jours à compter d’aujourd’hui (vendredi) le format d’une nouvelle commission électorale crédible qui pourra organiser les élections justes et transparentes », a-t-il indiqué. Le processus électoral est quasi-paralysé depuis l’éclatement de la polémique autour de la commission. Le camp présidentiel réclamait le départ du chef de la CEI. M. Mambé, soutenu par l’opposition, a récusé toute fraude et avait refusé de démissionner. Sans cesse reporté depuis la fin du mandat de M. Gbagbo en 2005, le scrutin présidentiel est destiné à clore la grave crise née du coup d’Etat manqué de 2002.


Côte d’Ivoire: L’opération de contentieux judiciaire sur la liste électorale ivoirienne, qui a suscité des violences autour de procès en radiation de présumés étrangers, est « suspendue jusqu’à nouvel ordre »

ABIDJAN, 10 fév 2010 – L’opération de contentieux judiciaire sur la liste électorale ivoirienne, qui a suscité des violences autour de procès en radiation de présumés étrangers, est « suspendue jusqu’à nouvel ordre », a annoncé mercredi soir le gouvernement. Le Premier ministre Guillaume Soro « informe toutes les structures et tous les services de l’Etat impliqués dans cette opération, ainsi que les populations ivoiriennes, que le contentieux judiciaire en cours devant les tribunaux de première instance est suspendu jusqu’à nouvel ordre sur l’ensemble du territoire national » à compter de ce mercredi, selon un communiqué lu à la télévision publique. Cette décision fait suite à une « concertation » mardi entre M. Soro, chef de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), et le président Laurent Gbagbo sur « la situation de tension créée depuis quelques jours autour du processus de validation de la liste électorale provisoire », a-t-on précisé. Plusieurs incidents sérieux ont éclaté depuis la semaine dernière autour de procès en radiation de présumés étrangers de la liste, notamment mardi à Vavoua (ouest) où la sous-préfecture a été incendiée lors d’une manifestation d’opposants protestant contre un tel procès. L’opposition accuse le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) de saisir les tribunaux pour « opérer des radiations arbitraires, partisanes et illégales ». La formation de M. Gbagbo dit viser une liste « propre » dont auront été sortis les étrangers. Le climat politique s’est fortement dégradé depuis un mois, à la suite d’une virulente polémique sur une présumée « fraude » du président de la Commission électorale indépendante (CEI), Robert Beugré Mambé. A l’issue d’une enquête ouverte sur instruction du ministre de l’Intérieur Désiré Tagro, proche de M. Gbagbo, le parquet a estimé que M. Mambé, qui appartient à l’opposition, s’est rendu « coupable » de « fraudes sur la liste électorale ». Le camp présidentiel a exigé la démission de M. Mambé, tandis que l’opposition a réclamé le départ de M. Tagro pour « intrusion » dans le processus électoral. Les principaux acteurs de la crise actuelle doivent rencontrer jeudi à Ouagadougou le « facilitateur » du processus de paix, le président burkinabè Blaise Compaoré. La question de la nationalité est l’une des origines de la crise née en 2002 du coup d’Etat manqué de la rébellion. Reporté depuis 2005, le scrutin présidentiel censé clore cette crise est attendu avant juin par l’ONU.

Côte d’Ivoire: Un programme financé par le secteur privé à hauteur de 16 millions USD a été lancé mercredi à Abidjan afin d’améliorer la qualité du cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial

ABIDJAN, 3 fév 2010 – Un programme financé par le secteur privé à hauteur de 16 millions USD (environ 11,5 millions EUR) a été lancé mercredi à Abidjan afin d’améliorer la qualité du cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial. Financé par la Fondation Bill et Melinda Gates et 14 compagnies chocolatières, le Programme d’amélioration de l’économie cacaoyère, prévu sur cinq ans pour quelque 75.000 planteurs, vise à renforcer la qualité de la fève ivoirienne, qui se dégrade depuis quelques années, et les revenus des paysans. Ce programme doit ainsi « faciliter l’accès au crédit (des planteurs) pour l’acquisition d’intrants agricoles », a déclaré le chocolatier Andrew Brooks lors de la cérémonie. Le ministre ivoirien de l’Agriculture, Amadou Gon Coulibaly, a salué ce partenariat dans un secteur « vital » mais menacé par « la faiblesse du système de production, la dégradation de la qualité et des conditions de vie et de travail des producteurs ». Ce plan est le volet ivoirien d’un programme de 40 millions USD (environ 29 M EUR), qui concerne aussi le Liberia, le Ghana, le Nigeria et le Cameroun et vise au total 200.000 producteurs. La campagne cacaoyère ivoirienne précédente (2008-2009) s’est soldée par une baisse de 16% de la production, à 1,16 million de tonnes contre 1,38 million de tonnes en 2007-2008. Pour la campagne cacaoyère 2009-2010, une nouvelle baisse est attendue en raison du vieillissement des vergers. Le cacao et le café représentent 40% des recettes d’exportation du pays et environ 20% de son PIB.

Côte d’Ivoire: Le Trésor public ivoirien a décidé d’apurer une dette de 3,2 milliards de francs CFA due à la Poste du Burkina Faso depuis plusieurs années

OUAGADOUGOU, 4 jan 2010 – Le Trésor public ivoirien a décidé d’apurer une dette de 3,2 milliards de francs CFA (près de 4,9 millions d’euros) due à la Poste du Burkina Faso depuis plusieurs années, a annoncé lundi la radio nationale burkinabè. La décision d’apurer la dette contractée par la Poste ivoirienne vis-à-vis de la Société nationale de postes (Sonapost, publique) a été communiquée la semaine dernière à Ouagadougou par le ministre ivoirien de l’Economie Charles Diby Koffi après une rencontre avec le Premier ministre burkinabè Tertius Zongo, a précisé la radio. Le ministre burkinabè des Postes Noël Kaboré s’est réjoui de cette annonce, envisageant la reprise des échanges entre les postes des deux pays dans un « futur proche », a-t-on souligné. « Dès que l’apurement est constaté et après une séance de travail technique entre les deux administrations, les opérations peuvent reprendre », a-t-il indiqué à la radio. Selon le quotidien d’Etat Sidwaya, la Côte d’Ivoire a déjà payé 500 millions de FCFA (quelque 760.000 euros), la dette devant être soldée au plus tard le 15 février 2010. Début 2000, la Poste burkinabè avait suspendu ses opérations avec la Côte d’Ivoire, faute de paiement. Cette situation a affecté les transferts de près de 3 millions de Burkinabè vivant en Côte d’Ivoire, dont une grande majorité travaille dans des plantations de cacao, dont le pays est le premier producteur mondial.