génocide Rwanda
L’histoire du Rwanda est marqué par le conflit entre Hutus et Tutsis. Une guerre qui a pris racine bien avant le génocide, en 1994, apogée de le haine entre les deux ethnies.

Avant le génocide : la construction d’une unité fébrile
XIVème siècle : premier roi tutsi historique. Début de la dynastie des Niyginya qui régnera jusqu’en 1961.

XVème siècle : début de l’unification du Rwanda par la monarchie tutsi.

1897 : début de la présence allemande.

Mai 1916 : conquête du Rwanda par les troupes belges. La puissance coloniale, militaires et missionnaires en tête, contribuera à aiguiser les antagonismes traditionnels entre Hutus et Tutsis. D’abord en misant sur l’élite tutsi, puis en travaillant, notamment sous l’influence du clergé flamand, à la promotion des Hutus.

1946 : l’ONU confirme la tutelle de la Belgique sur le Rwanda, donnée par la Société des Nations en 1922.

1959 : révolte des paysans hutus contre la tutelle tutsi. Plusieurs milliers de Tutsis sont massacrés. D’autres, par dizaines de milliers fuient le pays.

1962 : indépendance du Rwanda. Les Hutus proclament la République.

1963 : répression contre les Tutsis : près de 20 000 tués. Nouvel exode de ces derniers vers l’Ouganda, le Zaïre, le Burundi et la Tanzanie. La moitié de la population tutsi est ainsi réfugiée à l’étranger.

Février 1973 : nouveaux massacres de Tutsis par les Hutus.

Juillet 1973 : Juvénal Habyarimana, Hutu, prend le pouvoir à l’issue d’un coup d’état militaire.

1975 : fondation du parti unique, le Mouvement républicain national pour le développement (MRND).

Juillet 1975 : accord particulier d’assistance militaire entre la France et le Rwanda, conclu au début du septennat de Valéry Giscard d’Estaing.

1979 : création, au Kenya, de la Rwandese National Union (Ranu) -dominée par les Tutsis. Elle se transformera plus tard en Front patriotique rwandais (FPR), basé en Ouganda.

1982 : le Rwanda ferme sa frontière avec l’Ouganda afin de mettre un terme au retour de réfugiés tutsis expulsés par le gouvernement ougandais.

La guerre civile

1990

1er octobre : le Front Patriotique Rwandais (FPR) de Paul Kagamé tente de s’emparer de Kigali. Il est arrêté par les Forces Armées Rwandaises (FAR), aidées par l’armée zaïroise. La France et la Belgique déploient des troupes (opération Noroît), offrant au président Juvénal Habyarimana un soutien politique et matériel. Les Français restent sur place après l’évacuation des expatriés.
5-13 octobre : premier spectre génocidaire avec les premiers massacres de 1 400 Tutsis par des Hutus.
30 octobre : repli des insurgés en Ouganda. La guérilla du FPR contre les forces de sécurité rwandaises s’installe dans le nord.

1991

Janvier-février : 2 000 Tutsis sont massacrés par des extrémistes hutus.
Reconnaissance du multipartisme.

1992

Avril : formation d’un gouvernement de compromis ouvert à l’opposition, FPR excepté.

Mars : création de la Coalition pour la Défense de la République (CDR), qui rassemble les ultras Hutus et organise les milices interahamwe, ce qui signifie «ceux qui combattent ensemble». Massacre de Tutsis dans le Bugesera.

Juillet : cessez-le-feu. Des négociations de paix s’ouvrent à Arusha (Tanzanie) entre le pouvoir hutu, l’opposition démocratique et le FPR.

Juillet-août : massacre de Tutsis dans la région de Kibuye.

Août-décembre : massacres organisés de Tutsis et d’opposants hutus au génocide, notamment à l’instigation des milices pro-gouvernementales interahamwe.

1993

20-22 février : création de la mouvance « Hutu Power » et nouveaux massacres de Tutsis. Le FPR invoque la poursuite des tueries et le non respect des Accords d’Arusha pour déclencher une nouvelle offensive, stoppée au nord de Kigali grâce à l’appui français. De 750 000 à un million de paysans quittent le Nord et fuient en direction de Kigali.
Juin : mise en place d’un gouvernement de transition mené par Agathe Uwilingiyimana, Premier ministre modérée.
4 août : signature des accords d’Arusha prévoyant un Etat de droit, un gouvernement de transition, une armée nationale unifiée et le retour des réfugiés. Début d’une campagne haineuse sur les ondes prônant implicitement ou explicitement l’élimination physique des Tutsis.

Décembre : après plus de trois ans de présence, les troupes françaises de l’opération «Noroît» (600 militaires) quittent le Rwanda et cèdent la place à la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), dirigée par le brigadier-général Roméo Dallaire.

1994 : l’année sanglante du génocide

Janvier : blocage des accords d’Arusha, notamment en raison du refus par les faucons de l’entourage présidentiel, partisans du «Hutu power» de mettre en place un gouvernement de transition élargi au FPR.
21 janvier : une cargaison d’armes venant de France et destinée aux FAR est interceptée.

6 avril : un sommet régional se réunit à Dar es-Salaam (Tanzanie). Le président rwandais Habyarimana, en compagnie de son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira , est tué dans un attentat contre son avion, au-dessus de Kigali. Dans la nuit, des massacres de Tutsis commencent à Kigali.
7 avril : Assassinat du Premier Ministre, Agathe Uwilingiyimana, et de dix Casques bleus belges chargés de sa protection. Dans la soirée, un détachement du FPR sort de son cantonnement de Kigali et des unités font mouvement dans le Nord. Extension des massacres à l’extérieur de Kigali.
9 avril : des parachutistes français et belges évacuent les Européens de Kigali, tandis que les extrémistes hutus forment un gouvernement provisoire.
11 avril : « Si le processus de paix échoue, il en résultera un bain de sang massif », écrit le Pentagone, qui estime que « l’ONU retirera probablement ses forces » et que les Etats-Unis « ne s’impliqueront pas avant que la paix ne soit restaurée ».
9-17 avril : intervention militaire de la France et de la Belgique pour l’évacuation de leurs ressortissants (opération «Amaryllis»). La famille et les fidèles du président Habyarimana sont emmenés, par des avions français, à Bangui (République Centrafricaine), puis à Paris.
16 avril : le Gouvernement belge décide de retirer ses troupes de la MINUAR (780 militaires).
21 avril : le Conseil de sécurité des Nations unies vote le retrait des 2 500 membres de la MINUAR, dont l’effectif passe à 270 soldats.
Avril-mai : les massacres prennent une ampleur considérable. L’élimination des Tutsis et des opposants hutus est systématiquement pratiquée par les miliciens interahamwe, avec le concours des Forces armées rwandaises (FAR).

11-12 mai : mission à Kigali du Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l’homme. Il prononce le mot de «génocide» (on estimera plus tard à 800 000 le nombre de victimes du génocide).
17 mai : le Conseil de sécurité étend la mission de la MINUAR à la protection des populations et autorise pour cela le déploiement de 5 500 Casques bleus au Rwanda (MINUAR II).
22 mai : le Front patriotique rwandais s’empare de Kigali.
25 mai : la commission des Droits de l’homme de l’ONU qualifie les massacres au Rwanda de « génocide ».

22 juin : sur proposition de la France, la résolution 929 du Conseil de sécurité autorise une intervention armée humanitaire au Rwanda pour une durée de deux mois afin de protéger les civils et d’assurer la distribution de l’aide humanitaire. Début de l’opération «Turquoise».
28 juin : le rapport de l’ONU sur le génocide des Tutsis et les massacres de Hutus est publié.

4 juillet : Butare et Kigali tombent aux mains du FPR. La France crée une «zone humanitaire sûre» dans le sud-ouest, autour de Kibuye, Gikongoro et Cyangugu, où se réfugient les Hutus qui fuient l’avancée du FPR.
13 juillet : début de l’exode massif vers Goma, au Zaïre, de Rwandais fuyant l’avancée des forces du FPR. On comptera jusqu’à 2 millions de réfugiés à l’étranger – dont 1,7 million au Zaïre, et 300 000 en Tanzanie – ainsi que trois millions de déplacés à l’intérieur du pays.
17 juillet : le FPR atteint Ruhengeri et Gisenyi et déclare la fin de la guerre.
19 juillet : un gouvernement d’union nationale est formé à Kigali.

10 août : début du déploiement de la MINUAR II dans la zone de sécurité.
21 août : fin de l’opération «Turquoise», menée pendant deux mois par les soldats français, remplacés par les Casques bleus de la MINUAR Jusqu’à la fin de septembre, environ 500 militaires français restent présents au Zaïre, en appui logistique au bataillon interafricain.

8 novembre : création du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).

La fin de la guerre : la vie d’après génocide

1995

Avril : l’attaque par l’Armée patriotique du Rwanda (APR, bras armé du FPR) des camps de réfugiés hutus situés au sud du pays dans la zone de l’opération «Turquoise» fait des centaines de victimes. Les extrémistes hutus utilisaient ces camps comme bases pour mener des opérations de déstabilisation contre le nouveau régime.

Juin : les autorités de Kigali imposent au Conseil de Sécurité de l’ONU une réduction drastique du mandat et des effectifs de la MINUAR.

Août : éviction des opposants hutus nommés au gouvernement en vertu des accords d’Arusha, dont le Premier ministre Faustin Twagiramungu. Ils contestaient le régime de parti unique imposé par le FPR et les exactions commises à l’encontre des Hutus. Plus tard, d’autres ministres hutus proches du FPR seront à leur tour écartés. Parmi eux, le ministre de la Justice Alphonse-Marie Nkubito et son homologue à l’Intérieur, Seth Sendashonga.

1996

8 mars : retrait des derniers contingents de la MINUAR.
Octobre : début du démantèlement par la force des camps de réfugiés rwandais du Kivu (Zaïre) par l’APR, assistée par l’Ouganda et le Burundi. 500 000 réfugiés hutus rentrent au Rwanda. Plus de 200 000 Hutus fuyant vers l’intérieur du Zaïre seront massacrés par les troupes de la rébellion de Laurent Désiré Kabila, assisté dans sa conquête du pouvoir par Kigali. La Tanzanie expulse près de 300 000 réfugiés hutus, et le Burundi en renvoie 90 000.

1997

Mai : appuyé par les troupes rwandaises et ougandaises, Laurent Désiré Kabila prend le pouvoir à Kinshasa. Le Zaïre devient la République démocratique du Congo (RDC).

Janvier-août : des milliers de civils sont massacrés par des raids de miliciens hutus.

18 juillet : le TPIR arrête sept anciens chefs hutus.

1998

Février : l’homme fort du régime, le vice-président et ministre de la défense Paul Kagame, renforce son pouvoir en prenant la présidence du FPR. Cet événement confirme le durcissement du régime. Plusieurs opposants sont assassinés, aussi bien au Rwanda qu’à l’étranger. Intensification de la violence déclenchée par les incursions de la rébellion hutu dirigée par d’anciens acteurs du génocide, dont certains sont rentrés clandestinement dans le sillage des réfugiés. L’APR exerce une répression brutale.

Novembre 1999 : le Rwanda annonce qu’il suspend temporairement sa coopération avec le Tribunal pénal international pour le Rwanda après la remise en liberté par le TPIR pour vice de procédure, d’un ancien haut fonctionnaire accusé de génocide, Jean-Bosco Barayagwiza, directeur des affaires politiques au ministère des Affaires étrangères au moment du génocide.

Mars 2000 : Pasteur Bizimungu, président depuis l’arrivée du FPR au pouvoir, démissionne. Hutu, il symbolisait la réconciliation nationale.

Avril : la Belgique et l’ONU font leurs mea culpa.
17 avril : Paul Kagamé est élu président du Rwanda par le Parlement.

Décembre 2000 : interventions de l’armée rwandaise au Burundi et en RDC.

2001

Mars : l’éviction du ministre de l’Intérieur marque une nouvelle étape dans le durcissement du régime.

Avril-juin : la cour d’assises de Bruxelles condamne quatre Rwandais, coupables de crimes de guerre lors du génocide, à des peines de douze à vingt ans de prison. Ce procès a eu lieu en vertu d’une loi belge qui accorde la compétence universelle aux tribunaux du pays pour les crimes de guerre.

Juin : l’Assemblée nationale de transition (ANT) vote une résolution demandant l’inculpation de Pasteur Bizimungu qui vient d’annoncer la création d’un parti indépendant.

Octobre : les Rwandais élisent parmi la population 240 000 juges qui formeront les juridictions gacaca. Celles-ci seront chargées de juger, en 5 ans, 120 000 prisonniers inculpés de génocide. N’y sont jugés que les « exécutants ». Les planificateurs et les violeurs sont pris en charge par des tribunaux classiques ou par le TPIR à Arusha, en Tanzanie.

Novembre : les présidents ougandais Yoweri Museveni et rwandais Paul Kagamé s’engagent, dans le cadre d’un accord conclu à Londres, à «ne pas tolérer» des groupes dissidents «qui déstabilisent» les relations entre les deux pays.

2002

Janvier : l’éruption du volcan Nyiragongo, dans l’est de la RDC, entraîne l’exode de dizaines de milliers d’habitants de la région vers la ville rwandaise de Gisenyi.

Avril : ouverture, le 2, du procès, devant le TPIR à Arusha, de quatre hauts gradés accusés d’avoir organisé le génocide de 1994. Le lendemain, le procès est ajourné.

Octobre : le Rwanda rapatrie officiellement le dernier soldat de son contingent en RDC.

Novembre : l’ONG International Crisis Group dénonce «la dérive autoritaire» du gouvernement.

2003

Mai : nouvelle Constitution, qui autorise le multipartisme tout en l’encadrant.

25 août : première élection présidentielle présentée comme pluraliste par Kigali depuis l’indépendance en 1962. Le président Kagame remporte le scrutin avec 95% des suffrages.

29 septembre-2 octobre : la coalition autour du parti du président Kagame remporte la majorité absolue à la Chambre des députés lors de législatives marquées, selon l’Union européenne, par des irrégularités et des fraudes.

2004

9 mars : selon Le Monde, un rapport réalisé dans le cadre de l’enquête du juge parisien Jean-Louis Bruguière sur l’attentat contre Habyarimana, désigne Paul Kagame comme principal décisionnaire de l’attaque. Celui-ci nie catégoriquement toute implication et s’en prend violemment à la France, lors des cérémonies du dixième anniversaire du génocide, en accusant Paris d’avoir participé au génocide.

26 octobre : accord signé à Kigali, sous l’égide des Etats-Unis, entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda aux termes duquel les trois pays s’engagent à coopérer au sein d’une commission de défense et sécurité en vue de neutraliser les groupes armés opérant dans la région.

2005

10 mars : début des sessions de jugement des tribunaux gacaca. 11 000 Rwandais, pour la plupart hutus, fuient dans les pays voisins la mise en place de ces tribunaux.

30 mars : les rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), impliqués dans le génocide de 1994 et dans la guerre qui ravage le Kivu (RDC) où ils sont réfugiés depuis 1994, annoncent leur intention de cesser la lutte armée contre le pouvoir tutsi rwandais.

30 novembre : parution du livre du journaliste Pierre Péan qui affirme que l’attentat contre le président Habyarimana a été commis par des mercenaires à la solde du FPR (Front patriotique rwandais, tutsi) de Paul Kagame, dans son livre Noires fureurs, blancs menteurs.

 

http://www.20minutes.fr/article/85354/Monde-Rwanda-chronologie-d-un-massacre-organise.php

Posté par rwandaises.com