Quatorze pays africains, anciennes colonies françaises, commémorent cette année le cinquantenaire de leur indépendance. Après le Sénégal et le Togo en avril, c’est au tour du Cameroun aujourd’hui. Pour marquer cet « anniversaire symbolique », la France a envisagé de lancer « 2010, l’Année de l’Afrique ». Nicolas Sarkozy y voyait l’occasion de « confirmer le tournant de nos relations » avec le continent. Mais aussi d’« achever la réforme des instruments de notre coopération qui a déjà été initiée dans le domaine de la défense » avec la réduction du nombre de bases permanentes à deux – à Libreville et Djibouti – et celle du nombre de soldats français sur le continent à 10 000 contre 30 000 en 1960.

Mais, au final, le cinquantenaire embarrasse tout le monde. Côté africain, « les pays auraient dû en profiter pour faire un bilan d’étape. Ce n’est pas le cas, explique Boubacar Boris Diop, écrivain sénégalais. Certainement parce qu’ils n’ont pas lieu d’en être fiers. » Certains dirigeants africains pourraient aussi être tentés d’instrumentaliser cet anniversaire. A l’image du président sénégalais Wade, qui a inauguré un monument construit par les Nord-Coréens, baptisée « la Renaissance africaine », pour un coût estimé à 15 millions d’euros.

Côté français, le malaise est aussi palpable. « Si la France n’avait rien fait, certains auraient dit qu’elle était dans le déni. Là, elle se demande si c’est bien à elle de faire ces célébrations », analyse Stephen Smith, auteur de Voyage en post-colonie (éd. Grasset). Résultat, « l’Etat fait le minimum ». Les commémorations, dotées d’un budget de 16,3 millions d’euros, culmineront avec, le 14 Juillet, un défilé des troupes de treize anciennes colonies, dont certaines ont participé à des répressions meurtrières, et un mini-sommet que Jacques Toubon, coordinateur des festivités, a maladroitement qualifié de « familial ».

« C’est célébratoire, affirme Stephen Smith. C’est aux sociétés civiles africaines et françaises de faire ce bilan, ajoute-t-il. Mais on préfère se gausser de ce pauvre Toubon qui n’a pas un rond. D’où des célébrations très étatiques. » A l’embarras répond l’indifférence : selon un sondage effectué en février, 69 % des Français n’ont pas entendu parler du cinquantenaire des indépendances.

F. V.

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