A l’occasion du 40e anniversaire samedi de leur organisation internationale, les francophones gardent le moral : la langue française, dite souvent en déclin, ne se porte pas si mal mais elle le doit principalement à l’essor démographique africain.

« Les chiffres que nous publierons en septembre sur le français dans le monde, à l’occasion du prochain sommet de la Francophonie de Montreux (Suisse) montreront une nette progression par rapport à 2007 », a indiqué Alexandre Wolff, responsable de l’observatoire de la langue française au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie (0IF).

Pour le moment, le nombre de personnes parlant le français dans le monde est estimé à 200 millions, ce qui en fait, quantitativement, la 9e langue parlée dans le monde. Sur ces 200 millions, la moitié (96,2 millions) vit en Afrique et ce continent est, de loin, le principal réservoir de progression.

L’alphabétisation croissante des Africains et leur dynamisme démographique permettent d’envisager 700 millions de francophones dans le monde en 2050, selon les projections.

Cependant, cet essor programmé est fragile, car en Afrique le français est partout seconde langue : les enfants l’apprennent à l’école et non dans leurs familles. Un changement de politique au niveau de l’Etat peut réduire l’expansion du français.

« Le français n’est la langue maternelle que dans quelques pays : la France, la Belgique francophone, la Suisse romande, quelques provinces canadiennes dont le Québec, le Luxembourg, Monaco, soit quelque 75 millions de personnes », note M. Wolff.

Si l’évolution globale du nombre de locuteurs francophones est plutôt encourageante, la place du français dans les institutions internationales est en revanche en constant recul, au profit de l’anglais. Et notamment au sein de l’Union européenne (UE).

« Moins d’un quart des documents de travail originaux arrivent en français contre la moitié il y a 20 ans », estime M. Wolff.

Pour bien enfoncer le clou, le secrétaire d’Etat français chargé des Affaires européennes, Pierre Lellouche, a invité Catherine Ashton, la représentante diplomatique de l’UE –qui ne parle qu’anglais — ainsi que Président du Parlement européen, le Polonais Jerzy Buzek et les Présidents de commissions parlementaires non-francophones à venir prendre des cours d’immersion en français sous le soleil de Provence (Sud de la France).

L’OIF bataille dans toutes les grandes instances pour que le multilinguisme, et donc le français, y soit respecté.

« Nous faisons agir des groupes d’ambassadeurs (de pays francophones) dans les enceintes internationales pour faire pression », indique Clément Duhaime, bras droit québécois du secrétaire général de l’OIF, l’ancien président sénégalais Abdou Diouf.

L’OIF compte 56 Etats membres et 14 pays dits observateurs, soit 70 au total. Parmi les membres, 26 sont du continent africain, en incluant l’Afrique du Nord, à l’exception notable de l’Algérie.

Le soutien financier repose surtout sur la France, avec en seconde position le Canada et ses provinces francophones.

Si elle demeure l’irremplaçable colonne vertébrale de la Francophonie, la France, par souci d’équilibre, n’a jamais placé un de ses ressortissants à sa tête.

Avant M. Diouf, le précédent secrétaire général a été le diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali (1997 à 2002).

A l’origine, Paris était même réticent à voir se créer un « Commonwealth français », qui pouvait avoir un parfum d’empire colonial.

C’est le 20 mars 1970 que les fondations de la future OIF ont été posées à l’initiative des présidents Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) et du prince Norodom Sihanouk (Cambodge).

 

 

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Posté par rwandaises.com