Dr Paul Mahoro et Yvonne kayiteshonga

Une session d’information sur la préparation des interventions psychologiques durant les commémorations du deuil national s’est tenue à Kigali ce Mercredi 10 mars 2010 en vue de discuter sur les principaux messages à transmettre en vue de prévenir les problèmes psycho-traumatiques qui surgissent généralement dans cette période.

« Commémorons le génocide perpétré contre les Tutsi en mettant plus d’accent sur la prévention des problèmes liés au traumatisme », tel est le thème de cette année pour la commémoration du génocide tel que l’a précisé Mme Yvonne Kayiteshonga, chargée du département de la santé mentale au Ministère de la Santé en procédant à l’introduction de cette session. Mme Kayiteshonga a fait savoir que l’objectif de cette réunion est de transmettre des informations générales sur les psycho-traumatismes au Rwanda, d’informer les participants sur l’état d’avancement de l’organisation des interventions pour l’an 2010 mais également cette réunion a servi d’occasion pour discuter sur les principaux messages qui devront être transmis de manière à prévenir les multiples problèmes souvent fréquents dans ladite période.

Les résultats de la recherche ont motivé les interventions

Au cours de la réunion, Dr Paul Mahoro a exposé les résultats d’une recherche qu’il a effectué en collaboration avec Dr Naasson Munyandamutsa, laquelle a porté sur l’état de stress post traumatique au Rwanda. D’après les résultats, 28,54% de la population rwandaise âgée de plus de 16 ans présentent des signes de traumatisme dont 22,5% de cas résultent de la dépression.

La recherche a focalisé toutes les provinces du pays et la Ville de Kigali, elle a porté sur les personnes en âge compris entre 16 et la vieillesse, hommes, femmes et enfants âgés de 16 ans et plus. Ainsi, pour 1.000 personnes interrogées, 3% représentaient 16 à 20 ans, le reste 21 ans et plus. 50% des veufs et orphelins ont perdu les leurs pendant le génocide perpétré contre les Tutsi.  La prévalence de l’état de stress post traumatique ESPT, s’élève à 28,54% de la population interrogée. Les cas des femmes ayant des signes de trauma sont deux fois plus nombreux que ceux des hommes, les personnes en âge avancé et les enfants orphelins de 2 parents étant les plus affectés, a-t-il précisé.

Tel qu’il a été constaté par les chercheurs, la coumorbidité de l’ESPT se présente sous plusieurs formes notamment la dépression, les troubles paniques, obsession compulsive, traumatisme dissociatif, somatisation mais également le trauma lié à l’utilisation  des substances nuisibles telles que l’alcool, la drogue illicite « igoma, igikamba, itabi, etc.).

La Province du Sud s’est classée première pour le taux élevé de cas des personnes présentant des signes de traumatisme, la Province de l’Est vient au 2ème rang, l’Ouest au 3ème rang, la Ville de Kigali au 4ème rang et le Nord vient en dernier lieu. Les recherches ont connu des contraintes comme celles de la conception sociale de la réalité sur le traumatisme qui, pour certaines gens, reste une affaire des rescapés du génocide.

Les chercheurs ont proposé certaines dispositions qui méritent un accent particulier pour répondre à certains problèmes liés au traumatisme. Ils ont insisté sur l’élaboration des stratégies spécifiques de restructuration  de la psychiatrie au Rwanda, la qualité de vie et le programme de santé, les solutions aux problèmes politico-socio-économiques qui influencent le traumatisme.

Mme Yvonne Kayiteshonga a indiqué que l’environnement dans lequel vivent les gens joue un rôle prépondérant dans l’évolution des signes de traumatisme, il est un facteur favorisant. En effet, a-t-elle précisé, même si l’état de traumatisme varie d’une personne à une autre, ce qui reste évident est que les cas évoluent suivant généralement comment ses problèmes sont résolus, soit par ses proches, soit par la société.

Diverses interventions sont prévues

En plus des interventions qui se font chaque année en vue de la commémoration du deuil national, le Ministère de la Santé, département santé mentale, en collaboration avec la CNLG prévoient déjà des formations intensives à l’intention des journalistes, des spécialistes en santé mentale, des agents de la Croix Rouge, dans le cadre de les initier à contribuer à la prévention des difficultés qui pourraient surgir dans ces moments durs.

Différents messages à véhiculer seront proposés pour cette même fin, a-t-elle souligné. Comme elle l’a indiqué, cette année sera marquée par une certaine innovation à propos de l’intervention, laquelle consiste à inclure le SAMU (d’où font partie une équipe de prestataires de santé) dans lesdites formations. Tel qu’elle l’a précisé, tous les messages appellent la population à prendre conscience que le génocide n’est plus.

 

Charlotte Karangwayire

http://196.12.152.72:88/lnr769b.html

Posté par rwandaises.com